Confessions d'un never been
On était le 22 mai, je venais de prendre L'Ascenseur de 22 h 43 qui m’avait déposé juste au milieu de La Ruelle des morts. À la sortie, il y avait La Queue. J’étais flic dans cette foutue ville de Karaganda (Camp 99), située sur un improbable satellite de Narcisse 81. Un attroupement veut généralement dire un cadavre, un job pour moi. Je m’approchais passant devant La Maison Borniol (Variation autour du complexe d'Icare), puis L'Agence des amants de madame Müller (Les Filles du sud). Enfin j’arrivai au niveau de la foule, juste entre le Cabaret Ste-Lilith et le Lobotomie Sporting Club. Là, mes amis, il ne restait plus du corps qu’un truc qui ressemblait à de La Cancoillotte. On entendait un Droïde song qui chantait un mix entre La Fille du coupeur de joints et les Confessions d'un never been, mâtiné de La Fin du Saint-Empire romain germanique. Pas beau à voir, ni à entendre. On aurait dit une Première descente aux enfers par la face nord. Quand ils ont vu mon brassard « Police », ils se sont tous tirés, Résilience zéro, les ptits gars. Il ne restait plus que l’androîde chantant. Il venait d’attaquer Maalox Texas blues qu’il massacrait joyeusement. J’avais la sensation d’être en Exil sur planète fantôme. Il n’y avait plus personne en dehors de cette machine, un Diogène série 87 et moi. Je l’ai embarqué pour l’interroger. Ah si, en dehors de nous deux, Les Mouches bleues volaient autour de la flaque blanchâtre. Franchement, quelle fin que cet Exit to chatagoune-goune.
Je suis parti en disant à ce qui restait de la femme : Je t'en remets au vent. Les Dingues et les Paumés finiraient bien par nettoyer.
Je laissais l’androïde dans la salle d’interrogatoire. Il me fallait un truc fort, genre Pulque, mescal y tequila avec un soupçon de Solexine et ganja. Heureusement, le distributeur du commissariat, un viel Eurydice nonante sept avait ce qu’il me fallait. Quand je pénetrai dans le box, l'autre avait commencé à parler tout seul :
- C’est quoi ton matricule mon gars ? je le coupai.
Il me raconta l’histoire de L'Homme politique, le rollmops et la cuve à mazout, puis celle de L'Étranger dans la glace.
- Matricule, bordel ! éructai-je.
- Groupie 89 Turbo 6.
- Bon t’arrête tes conneries ?
- Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir...
- Ta gueule !
Ensuite il est parti dans un Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot « coupable ». J’ai dû le secouer un peu et lui écraser les circuits de la face. Avec une voix nasillarde, il a fini par me dire qu’il avait commencé à travailler dans la Narine narchande. Après, il est parti dans un soliloque m’expliquant et me détaillant la Méthode de dissection du pigeon à Zone-la-Ville. J’en avais rien à foutre. J’en étais à ma 113e cigarette sans dormir. Je sentais bien que cette histoire puait comme l’Affaire Rimbaud. J’allais être bon pour au moins 542 lunes et 7 jours environ d’enquête.
Ad Orgasmum Æternum, comme on dit chez nous…
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