D'une évolution naturelle ?
D’une évolution naturelle ?
D’où venons-nous ? Sur ce sujet, la science possède ses réponses et la science-fiction a les siennes. L’intérêt d’une histoire, sauf volonté contraire de son créateur, est de donner à croire que ce qu’elle raconte est la réalité, ou une réalité possible. Les spectateurs ou les lecteurs établissent un lien tacite entre leur univers et celui que le récit leur propose. La science-fiction a longtemps hésité entre trois voies, celle de l’imaginaire, celle de la perspective, et celle de la prospective, en pensant qu’elles étaient incompatibles. Le film de Stanley Kubrick a démontré le contraire. Mieux, il a devancé la pensée religieuse en s’appuyant sur ce qui n’était encore que des préceptes scientifiques inconnus du public. Peu de récits de science-fiction avaient osé faire le lien de manière aussi affirmative entre le passé de l’Homme et son devenir. En montrant le chemin parcouru, depuis l’aube de l’Humanité jusqu’au XXIe siècle, le récit suggère que l’Homme est un être évolutif, et qu’il n’en est certainement pas à l’ultime étape de son évolution. En nous renvoyant l’image de cette intelligence inconnue, mais supérieure qui a construit les monolithes, nous ne pouvons que dire : voilà d’où nous venons, voilà qui nous sommes aujourd’hui, et qui nous serons, peut-être, demain.
Dans 2001, A Space Odyssey les hominidés ont évolué. Ils ont expérimenté et, grâce à leur curiosité, ils ont appris. Ils ont développé un sens exceptionnel de la survie qui a fait d’eux des superprédateurs pourvus de sentiments et de valeurs. Certes, il n’y a pas encore de conscience propre de ces derniers dans la réappropriation d’un point d’eau, mais ceux-ci sont présents dans le XXIème siècle montré par Kubrick, même s’ils semblent aseptisés, à la manière du décor. Et l’ordinateur HAL est là pour rappeler que l’homme n’est pas seulement devenu un être intelligent, bon et héroïque repoussant les limites du possible. Faite à son image, l’Intelligence Artificielle fait aussi preuve de violence, d’envie de domination et d’absence de discernement. Elle porte en elle les propres de l’Homme primitif. Cette lutte contre ses bas instincts a toujours habité l’Homme. John McTiernan, avec The 13th Warrior (1999), semble penser que, même arrivé à un degré probant de civilisation, l’Homme peut encore régresser et retourner dans son obscurité primaire et bestiale. C’est aussi l’un des propos de la trilogie The Lord of the rings (2001, 2002, 2003), de Peter Jackson. Dans ces trois récits, le bien et le mal s’opposent. L’Homme apparaît comme un être complexe. Il évolue en fonction de son milieu, mais aussi de son passé personnel ou historique. Pour comprendre ce qu’il est, il a besoin de savoir d’où il vient. Cette réponse, qu’elle provienne de son histoire ou de ses légendes, guide ses actes et le pousse à se surpasser.
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