3. The Dark Crystal un film de planet fantasy
3. The Dark Crystal un film de planet fantasy
La faune et la flore tiennent une place importante dans un film comme The Dark Crystal. Jim Henson prend soin de différencier chacune de ses créatures.
Du côté des Skeksès, qui sont les créatures les plus visibles, le jeu des physionomies est impressionnant. Non seulement, nous parvenons plus ou moins à différencier les neuf, puis les huit, skeksès à travers leur physique mais, aussi, par leur tenue vestimentaire (baroque), et à leur voix. Il est ainsi possible de découvrir deux clans à l’intérieur du groupe lors de la décision concernant la succession au trône. Cette scène a justement pour objectif de montrer la personnalité de chacun.
En ce qui concerne les Mystiques, cela s’avère plus difficile. Le seul moment où nous pouvons les voir individuellement, dans des plans descriptifs successifs, se situe à la mort de leur Grand Sage où chacun émet un son d’une tonalité différente qui finit par ne former qu’un seul chant. Ceci tend à signifier que l’harmonie existe à tous les niveaux chez les mystiques. Aucun d’entre eux ne détonne par rapport aux autres, d’où la difficulté à les distinguer.
Le thème de la quête permet de rattacher The Dark Crystal à la fantasy. Il y en a deux, celle de Jen qui doit guérir le Cristal et qui, dans son voyage, retrouvera ses origines et une compagne, et celle des mystiques qui doivent retrouver leur nature originelle. Cette dernière quête devra rétablir l’ordre sur la planète.
La confrontation traditionnelle du bien et du mal est absente. Pourtant, le bien comme le mal sont présents. Présents, pour le premier chez les mystiques et pour le second chez les Skeksès. Mais en réalité, il s’agit d’êtres uniques : les Urskeks. Le mal est aussi présent chez les soldats garthims. C’est un mal désincarné mais pas à la manière de Sauron. Les Garthims ne sont rien d’autres que les marionnettes des Skeksès. Lorsque ceux-ci disparaissent pour fusionner avec les mystiques, les garthims se désagrègent comme des coquilles de noix vides. Enfin, il est présent dans la nature du monde qu’explorent Jen et Kira. Il est inhérent à la continuité de la vie. Ainsi, nous pouvons voir une sorte d’oiseau insecte dévorer un animal plus petit, et dans le plan suivant, c’est lui qui est dévoré par une plante. Le bien se retrouve autant dans la nature : lorsqu’une mère nebri, par exemple, protège ses petits. Mais dans la séquence suivante, au château, les Skeksès se livrent à un festin. Et lorsqu’on leur apporte du nebri rôti, l’un d’entre eux ne peut s’empêcher de s’exclamer qu’il « n’y a rien de meilleur ! ». Et à la façon dont ils le dévorent, il ne faut pas en douter.
Plus qu’une dichotomie, le bien et le mal représentent une complémentarité. Cela entre dans la logique de la planet fantasy. Ce qui est important dans ce type de récit, c’est la quête que mènent les personnages, et celle-ci est dépendante de la nature. Or, la nature est un lieu qui ne peut exister sans la dualité bien / mal. En ce sens The Dark Crystal peut se voir comme un récit naturaliste.
Le terme planet fantasy ne vaut que parce que l’action se passe sur une planète différente de la Terre dont l’homme est absent. Les autres éléments se rapprochent de la fantasy traditionnelle, plus particulièrement de la high fantasy.
Ainsi, Jen est un héros qui n’est pas préparé à accomplir la quête qui lui est assignée. Ses seuls atouts sont d’avoir été éduqué par les mystiques et d’être assez malin pour échapper aux skeksès et à leurs sbires. Son éducation chez les mystiques lui permet de réveiller le Cristal en jouant de la musique, et de comprendre la tâche qu’il doit accomplir en lisant les textes gravés laissés par ses ancêtres. Mais entre sa découverte du Cristal et celle des textes sacrés, Jen reste un moment dans l’expectative comme le montre la scène d’introspection avant sa rencontre avec Kira. Celle-ci sera l’amie qui l’accompagnera et le soutiendra dans sa quête. Elle est celle qui lui fournira de nouveaux adjuvants, comme Fizzgig, ou les échassiers du vent. À la manière de tout héros de fantasy, Jen ne se contentera pas d’accomplir sa tâche. Il sauvera les Podlings que les Garthims ont enlevés pour le compte des Skeksès. Kira délivrera les nombreux prisonniers et se sacrifiera pour que Jen puisse accomplir sa mission.
Le manichéisme n’apparaît pas de manière aussi évidente dans ce sous-genre que dans l’heroic fantasy mais le bien reste néanmoins plus fort que le mal et parvient à le dominer comme le montre la séquence finale lorsque les Skeksès tentent de fuir et que l’attraction des Mystiques se révèle plus forte qu’eux.
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