30.

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- Et Ti… Fu…

- On dit chifoumi, je vous répète !

- Mais c’est pareil ! Qu’est-ce que vous venez nous faire chier avec ça ! On peut le faire à la française aussi !

- Faisons ça !

- Pff… Ça enlèvera tout le cachet de la scène, mais soit. Pierre… Feuille… Ciseaux !

Ciseaux contre feuille. Sanchez gagne. Imo pousse un susurre de lamentation, fouettant l’air de son kami.

- C’est parce que vous l’avez fait en français, maugrée-t-il. Ça m’a destabilisé !

- Comme si ça pouvait changer quoi que ce soit avec les probabilités de mon côté, répond Sanchez en le dépassant.

Tout en marchant, le scientifique sort son canon à impulsion qu’il règle sur le mode le plus puissant. Après tout, quelle meilleure cible qu’un SuperZ en pétard, pour tester le rayonnement supersonique de son arme fétiche ? Cela dit, le Poseur de la Nuit a déjà prouvé qu’il aimait jouer les anguilles du tatami, alors…

Sanchez sort également son bouclier personnel. Un engin fort pratique. Il l’a récemment mis au point avec la mini-turbine ionique arrachée au coeur d’un automate du Paris Tatin. Couplé à la technologie photo-condensée, il a autour de son poignet un nouveau bijou technologique capable de le protéger des assauts les plus dévastateurs, que ce Samouraï Polonais, ou n’importe quel camé sous stéroïde, pourrait tenter de lui faire subir.

Celui-ci justement s’impatiente. Grinçant des dents, le regard fermé, sa main droite serrée autour du pommeau de son sabre, le SuperZ a horreur d’être mis sur le banc de touche ou pire, d’être rabaissé comme un vulgaire va-nu-pieds. Ces arrogants vont pay…

Avant même d’avoir pu s’octroyer l’honneur d’inaugurer les hostilités, le Samouraï se retrouver projeter à travers la guérite comme une météorite. A peine a-t-il touché le sol que Sanchez tire à nouveau. Le bruit de l’arme est assourdissant, l’onde de souffle fait vibrer les parois, arrache des plaques entières de sol bétonné qui filent s’écraser sur le SuperZ balayé à travers la pièce.

Finalement, il parvient à planter son katana dans la sol et s’y cramponner, dents serrées, vibrant avec la même fureur que le carboradium des murs. Quand les tirs cessent et que Sanchez mouline son arme pour la recharger, il contre-attaque.

- Insolent, braille-t-il en bondissant sur le scientifique. Je vais t’apprendre à oser porter atteinte à…

Le tranchant de la lame glisse dans l’air, à une cinquantaine de centimètres du visage de Sanchez. D’abord surpris, les yeux du Samouraï se plissent. Une sorte de paroi semi-transparente englobe le scientifique. Il frappe à nouveau dessus, sans résultat. Il s’acharne cependant. Rien n’est indestructible en ce monde.

Indifférent, Sanchez extirpe le dernier objet qu’il transbahute continuellement dans sa blouse. D’ordinaire, il ne l’utilise pas à des fins si belliqueuses, mais on peut toujours trouver des exceptions. Surtout quand l’exception, tatane un champ de force au katana.

La taille d’un couteau-suisse pour la puissance d’une petite centrale électrique, autant dire que ce laser chirurgical a tout des plus grands. Son apparence manque de style (sorte de zapette bombée, avec une molette disgracieuse sur le dos pour en régler l’intensité), mais au regard de son efficacité, les pacificateurs américains s’en palucheraient les gonades. D’un geste, Sanchez l’active et le braque sur le visage du Samouraï.

À sa vue, le fou du katanouille renifle. Il va même jusqu’à persifler, avant de siffler de douleur lorsque le rayon rifle ses joues de part en part.

- Oh, oh ! Jolie ! commente Imo, en sautillant sur place, alors que le Samouraï essoufflé, se recule précipitamment, tentant vaille que vaille d’éviter le rayon meurtrier. Allez, transformez cet ahuri en gruyère !

- Petit présomptueux, parvient à articuler le Samouraï entre deux grands écarts visuellement douloureux. Je vais…

- Rien du tout, l’interrompt Sanchez en braquant de nouveau son canon à impulsion dans sa direction. Taisez-vous et subissez, merde !

Les prunelles du SuperZ s’écarquillent. Son expression interloquée en devient collector. Quand le souffle de l’impulsion le fait décoller puis rebondir contre le mur du fond, il est tout simplement dommage qu’Imo n’ait pas d’appareil photo ou de smartphone fonctionnel.

Sanchez le fait morfler encore un peu, avant de conclure. Il hésite un bref instant à déplier l’arme dissimulée dans son dos, mais se retient. Le sabreur n’en vaut pas la peine et si finalement, l’occasion ne se présente pas ce soir, il trouvera bien un endroit pour en faire usage. Pour l’heure, il se contente d’imbriquer sa zapette dans un étui prévu à cet effet sur le canon. Deux valent mieux qu’une comme on dit. L’Ecclésiaste n’avait juste pas pensé à ce qu’on puisse appliquer la formule sur les armes énergétiques.

Alors que le Samouraï s’échine à se remettre debout, Sanchez le met en joue avec son nouveau joujou. Apercevant le laser ainsi monté, le SuperZ s’immobilise, avant de tenter de se mettre à l’abri.

- Réfraction par l’absurde, marmonne Sanchez en ajustant son tir. Allez, memento mori et bon vent !

Il presse la détente.

La détonation est assourdissante, au moins aussi impressionante que la coloration soudain rouge de la pièce, transformée en incinérateur devant Sanchez et Imo. Le béton est vaporisé dans un nuage de fumée et une atroce odeur d’hydrocarbure plasmique. Les surfaces en carboradium rougeoient, menaçant, pour n’importe quel profane, d’imploser à échelle atomique.

A demi-dissimulé derrière la guérite en pleine désintégration, le Samouraï n’a même pas l’occasion de hurler lorsque son bassin part en fumée, car la vague de chaleur lui emporte le larynx et une partie des poumons. Il tombe au sol, inconscient, pratiquement ad patres. Le souffle de l’impulsion apaisé, son coeur semi-calciné est plus occupé à la maintenir en vie, qu’à lui offrir le luxe d’encaisser une nouvelle salve.

- Voilà qui devrait suffire, conclut Sanchez à voix haute.

Il désolidarise ses deux armes et les range soigneusement dans les pans intérieur de sa blouse. Derrière lui, Imo tape dans ses mains.

- Whoua ! C’était vraiment trop cool ! J’imaginais pas que vous aviez de tel gadget et ce canon garric à la fin… Trop cool !

- Vous êtes un ado ou quoi ? réplique Sanchez, agacé. Il a son compte à votre avis ?

- A coup sûr. Avec un peu de chance, il est même kapout. Les deux pieds dans la tombe, voire la tête dans la boue à brouter des bonsaï par la racine.

- Ça me va. Tant qu’il est hors-service, ça me va. Maintenant en avant. J’ai tout sauf l’envie de m’attarder dans cette fournaise. (32)

- La faute à qui…

- Silence !

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