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TROLL IN THE PAST
TROLL MAG INFINI-TEA studios - Loge de Janette
— Zut, ça chamboule toute l'organisation, ce vol des dossiers d'Emerance ! Les reportages ELEMENTUM étaient incroyables, Monroe...
— En effet Janette, il va falloir penser à sécuriser les studios et garder toutes nos données dans un coffre-fort, par exemple. Toutes ces informations sur l'Ordre des Douze et le Shabah Almawt...
— Ces connaissances, qui nous auraient permis de nous préparer au pire, Monroe !
— J'ai un petit Safe Quantique à la maison, bien pratique pour rendre invisible ce que vous ne voulez pas qu'on trouve. Il est plus grand à l'intérieur, Janette.
— Ah... en attendant, il faut combler les blancs. Alessya nous a bien dépanné, mais il faut prendre des précaution ! Ma fille m'a confié son journal de bord. Quand elle était étudiante en littérature française, elle notait toutes ses mésaventures au travail. Faire ses études en État Franc n'est pas de tout repos. Surtout lorsque l'on est condamné à un job alimentaire insupportable pour payer son loyer. J'y ai repéré quelques perles. Qu'en pensez-vous, Monroe ?
— Je vais y jeter un œil, Janette, mais l'idée me semble intéressante. Nous pourrions créer une rubrique, TROLL sauvage ou comment survivre outre-poche...
— Ou TROLL in the closet, il leur faudra au minimum un rouleau de papier toilette entier à nos Troll-spectateurs, beaucoup de bullshyte comme dirait Michael Caine. Ces mangeurs de grenouilles sont particuliers et leur logique est impénétrable, cher Monroe !
— Plus impénétrable que les voies du Divan, Janette ?... du Divin, pardon.
— Oh, à des années-lumière, Monroe ! Si vous voulez un aperçu, je peux vous lire un extrait.
— Avec plaisir, ma Janette !
— Attention, cher Monroe, c'est salé ! Ma fille était en colère. Cependant, qui pourrait le lui reprocher ? Saltonsea n'est même pas de la famille. J'aurais pu mettre ce trait de caractère sur le compte de la génétique, mais non. Son père était Afirien. Un homme très posé.
— Qu'est-il devenu, Janette ?
— Il a disparu, Monroe. C'était un jeudi...
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Fuck Them All
Avez-vous déjà travaillé avec des demeurés qui se prennent pour des lumières ? Et bien, Audiard avait raison, si on les mettait sur orbite, ils n'arrêteraient pas de tourner. Le problème, c'est qu'ils sont tellement nombreux qu'ils produiraient une éclipse solaire totale et définitive, si on les y envoyait vraiment.
Je travaille avec les enfants. Un pur bonheur. Jusqu'à ce qu'il soit gâché par les collègues et surtout la direction. Aucune communication. Incapacité à classer deux dossiers sans crier au sous effectif... bref, la débâcle. Je suis sans doute obsédée par l'ordre, j'ai hérité ce TOC de ma mère - à un entretien d'embauche, je rangeais mécaniquement le petit bazar sur le bureau du type qui m'interrogeait - mais tout de même, avec un diplôme de direction, l'organisation et la communication de l'ordre du jour, c'est la base ! Non ? Si ça ne tenait qu'à moi, je ferais un cahier des charges et je produirais des notes de bureau chaque fois qu'une donnée nouvelle viendrait s'ajouter au planning de la semaine et j'enverrais le récapitulatif par mail à tout mon personnel. Ce n'est pas compliqué. À la place j'entends :
« Tu comprends, nous sommes en sous effectifs et le Desperadovirus n'aide pas, de plus nous n'avons pas le budget ! »
Mais il faut enseigner le développement durable aux enfants, voyez-vous ?
C'était il y a neuf ans, l'État Franc n'avait pas endigué la pandémie D, à toujours croire qu'ils font mieux que les autres... et la gastronomie, une gastro ! Surtout, depuis 2029 ! Je n'ai pas tenu onze mois dans ce pays, je suis rentrée chez moi ! Heureusement, d'ailleurs ! 2034, ça devenait l'idiocratie ! Oui, on peut faire pire...
Bref, ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi le Desperadovirus est si sélectif ? En parlant de tri... il ne pouvait pas pousser ces grues au suicide ! Non, le con est immunisé ! C'est un allèle dominant, visiblement, on n'est pas près de s'en débarrasser !
L'autre jour, l'un des directeurs me regarde comme si je m'étais bavé dessus, quand il me demande si j'ai une voiture et que je lui réponds que j'ai une bonne BM-double-pied ! À Londres, une voiture ? C'est n'importe quoi ! Les taxis coûtent peu cher et les transports sont abordables, nous n'avons pas des salaires farcis, nous autres roast beefs ! Ce demeuré n'a même pas compris la plaisanterie ! Ça ne rentre pas dans son esprit étriqué qu'on peut marcher plus de deux minutes sans se sentir obligé d'investir une fortune dans un véhicule qui pollue l'atmosphère que je respire. Même si ça ne représente que deux pour cent de la pollution sur la planète - massacrer l'écosystème, c'est pire - mes narines le sentent ! Et ça m'économise l'abonnement à la salle de sport !
Mais il faut enseigner le développement durable aux enfants, voyez-vous ?
Et la directrice de la périscolaire qui me prend la tête pendant une semaine parce que j'ai modifié une lettre de mon prénom dans mon CV ! Emma pour Emmy, afin d'éviter les blagues stupides comme et ma bite ou hé ma gueule, même si les gros mots sont interdits. Ils croient que parce que vous êtes étranger, vous ne comprenez pas leurs allusions déplacées. Le raffinement de la classe-blanche-HLM-parvenue, on connaît, ça donne seulement envie de boire du sang... et, parvenu est un bien grand mot pour une évolution dans les poubelles de l'éducation nationale, surtout quand la mentalité reste sur le trottoir ! d'Emma à Emmy, il n'y a qu'un pas ! Grenouille, sort de ce corps !
« Il faut mettre le matricule complet, c'est pour l'employeur et l'administration, tu n'as pas le droit ! »
La fille qui s'est occupée de mon contrat n'a pas eu mon passeport en main, non...
FAUX. Le CV n'est pas un document officiel, si tu t'appelles Anne sur ton passeport et que ton entourage t'appelle Natolia, tu peux mettre Natolia sur le CV. Pauvre conne, qui croit qu'elle va me faire avaler ses salades. Talk to my ass ! Me fait la leçon, celle qui s'appelle Marie, mais que tout le monde appelle Barbara ? Et ça me prend la tête pour UNE lettre !
Pourquoi je m'énerve, c'est moi qui souffre, là.
On te parle de ne pas stigmatiser et on met les enfants non-inscrits à la cantine, bien à part, pour qu'ils soient servis en dernier. Je savais que « on » était un con, mais tout de même.
Oh, et quand ça joue les experts en médecine ! « J'en peux plus », comme dirait tonton Saltonsea, c'est un coup à se faire « une fracture costale », je cite, tant je me tords de rire !
« Ils ont décelé un cas de Desperados, je mets donc le masque chirurgical pour vous protéger vous, après je remettrai le masque tissu quand ça se sera tassé. »
Tu m'expliques la différence ? Sérieusement, entre nous, il n'y en a aucune : cette chose, c'est uniquement pour arrêter les postillons, puisque tu peux choisir de mettre une visière et que celle-ci ne t'enferme pas le visage. Parce que tu crois que le masque arrête le virus, que le bidule reste dans le masque, il ne sort pas par les orifices sur les côtés ? Si tu veux vraiment l'isoler, arrête de respirer connasse ! Et ça rendrait service à la planète, un crétin de moins sur sa surface !
Ces gens-là ont surtout attrapé la macaronite aiguë chronique !
Et pour finir, vous pouvez m'expliquer pourquoi deux animatrices avec peu d'enfants se retrouvent avec deux talkie-walkie, tandis que les trois animatrices avec beaucoup d'enfants n'en ont qu'un seul ?
Le bonheur de travailler avec des femmes ? J'en suis une et pourtant. J'ai un cerveau. Et surtout je m'en sers ! Pardonnez-moi mon français mais, fuck those stupid cunts !
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— La rubrique : PARDON MY FRENCH ! C'est le titre idéal, Janette !
— Oh, mon cher Monroe, c'est parfait ! Alors, vous validez le dossier ?
— Et comment, Ma Janette ! Au TROLL on traite les sujets de tous horizons, outre monde, outre tombe, outre Poche, même. Alors, soyons fous, c'est validé ! Par contre, je ne suis pas le producteur principal, il faudra envoyer une note en haut lieu. Mais, je pense qu'ils ne diront rien. Nous sommes particulièrement libres au TROLL, c'est le privilège de notre magazine !
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