2. Krwawa Zemsta
Les vagues s'écrasaient l'une après l'autre sur la roche abrupte qui surplombait la vaste étendue aquatique, représentant pour elle le renouveau. Sa prétendue mort n'avait été qu'une mise en scène, un moyen de disparaître au yeux des autorités. Cette aube-là, elle n'était pas tombée. Non, Essindra s'était envolée. Son corps avait exécute une parabole étincelante dans les cieux pour se poser avec la délicatesse d'une plume sur un surplomb masqué au reste du monde par la cascade de glace qui s'étendait au sommet de la paroi. Cela faisait des années que son nom était tombé aux oubliettes. Elle était prête. Un sourire cruel étendit finement ses lèvres carmin. Il était temps que la Reine des Ombres ressurgisse et que la rose noir recommence à semer la terreur. Elle se baissa avec grâce pour cueillir une rose noire sur le sol de son domaine. Elle dégrafa alors ses longs cheveux noirs face aux flots pour y glisser la fleur avant de les rattacher en une longue tresse qu'elle ramena en un chignon qu'elle maintint par une fine dague argentée. Cette fois, l'acte ne serait pas une commande mais bien une vengeance personnelle. Et le poison qu'elle concevrait la ferait mourir dans d'atroce souffrances. Une agonie longue et extrêmement douloureuse. Tout ce qu'elle méritait. Elle retourna dans la demeure qui se dressait au centre du gigantesque domaine pour s'enfermer dans son laboratoire afin de créer cette liqueur qui mettrait fin à la vie de la cible de sa haine. Essindra resta des heures enfermée ainsi, à tester les effets des différents poisons, avant de récupérer sa dague et de la tremper avec délicatesse dans le fut en verre contenant ce précieux venin. La dague renouée, elle attacha sa cape noire traditionnelle et s'enfuit dans la nuit sous le regard fébrile de la lune venant de se lever. Le domaine de sa future victime se trouvait loin, par-delà les mers et les océans, là où elle pensait être hors d'atteinte. C'était sous-estimer le talent d'Essindra et sa volonté de verser le sang. Dire qu'il y a longtemps, les deux femme avaient collaboré. Mais la jeune Daqqaq était trop ambitieuse, et avait sauté sur la première occasion de l'abandonner. Et, pour Essindra, la trahison était la pire des actions possibles, et elle lui ferait comprendre durant les longues heures de souffrance que cette ancienne amie, désormais ennemie, allait endurer. La tueuse se laissa glisser le long de la paroi rocheuse qui serpentait, suivant les courbes de la côte. Arrivée à trois mètres de l'eau, elle sauta et commença sa traversée à la nage du plus grand océan que la terre est jamais portée. De longues heures durant, elle avança sans ralentir malgré les élément déchainés qui tentaient de la faire sombrer. Le domaine ou vivait la victime était grand, et surtout, gardé en permanences. Telle une ombre, elle se glissa dans le dos d'un garde et lui trancha la gorge. Sans aucun état d'âme. Et elle rentra furtivement dans la grande demeure, prenant la victime par surprise. La lame ne vit qu'érafler la peau, injectant cependant un grande dose de venin. Elle se retourna aussitôt et croisa le regard de la tueuse.
- Toi... hoqueta-t-elle.
- Moi.
- Comment diable as-tu pu ?
- Leçon numéro un. Ne jamais sous-estimer la force de la haine.
La victime laissa échapper un ricanement.
- Je te croyais plus forte, Essindra. La lame ne m'a même pas touchée.
- Faux. Je t'ai touché, et c'est suffisant.
- Toucher ne suffit pas à tuer, tu me l'as toi-même appris ! rétorqua avec assurance la traîtresse.
- Leçon numéro deux. Ne jamais sous-estimer les connaissances d'un tueur en terme de confection.
- Tu mens. Je le sais.
Ce fût sa dernière parole. Le poison s'était glissé insidieusement dans son organisme et elle perdit usage de la parole. Son agonie commença et Essindra s'enfuit dans la nuit, après avoir déposé sa rose noire. Une fois de plus.
Les plantes, si elles meurent à l'hiver, renaissent au printemps, toujours plus fortes et dangereuses.
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