J'espère que là où tu es, tu vas bien. Après ton départ, j'ai réalisé que je ne te connaissais pas vraiment. J'ai aimé beaucoup de monde et je me suis investie auprès de plein d'autres. J'ai appris à en connaître des tas mais toi, avec qui j'ai vecu le plus, je ne te connaissais pas vraiment. Avec toutes nos disputes, je pensais que tu ne m'aimais pas. Que je n'étais pas assez bien pour toi. J'ai nourri beaucoup de colère et beaucoup de rancoeur. J'ai tenté de te montrer que j'étais quelqu'un de bien et que je méritais ton amour. Je ne savais pas. Je ne savais pas que ton inquiétude et la façon dont tu l'exprimais, était une marque d'amour. Je ne savais pas que tu avais tout donné pour prendre soin de moi de ton mieux. Je ne savais pas que tu étais meurtrie toi aussi. Parce que la vie ne t'avait pas fait de cadeau non plus. Il aura fallu que tu t'en ailles pour que j'apprenne à te connaître autrement qu'au travers du prisme de mon manque d'amour propre et d'estime de moi. Pour que je comprenne combien tu étais humaine comme moi. Que tu avais toi aussi tes joies et tes peines. Que toi aussi, tu faisais de ton mieux. Il m'aura fallu te voir diminuée pour comprendre que tu étais mortelle et que toute ta vie, tu as fait ce que tu pouvais. Il m'aura fallu passer ses dernières heures avec toi pour réaliser à quel point tu m'avais acceptée telle que j'étais qu'on fusse d'accord ou non sur nos choix de vie. Comprendre que tu avais le coeur sur la main et que malgré tout, tu voulais mon bonheur et me savoir en sécurité. Je ne te connaissais pas vraiment et aujourd'hui je ne te connais toujours pas mais je comprends. Je comprends que ton amour s'est exprimé de son mieux et que malgré tout les défis que la vie a posé sur ta route tu as toujours été là pour moi sans jamais faillir. Tu m'as appris la loyauté, le respect et la combativité. Tu m'as toujours écouté et tu as toujours fait ce que tu pouvais pour m'aider et m'accompagner malgré tes inquiétudes, malgré tes maladresses.

Tu es la seule personne en qui j'avais une foi absolue car j'étais sûre que jamais tu ne me quitterai à cause de mon sale caractère. Tu étais ma meilleure amie. A me dire ce que tu pensais et non pas ce que je voulais entendre. A me remettre sur le droit chemin quand je dérivais. Tu ne m'a jamais abandonné et ça je le vois maintenant. Tu avais peur pour moi car finalement la vie que j'ai choisi tu ne te voyais pas la vivre. Pour autant à tes yeux, j'étais une belle femme avec mes idées. Il aura fallu que tu te retrouves sur ce lit à disparaître petit à petit pour qu'on se dise qu'on s'aime toutes les deux. Et tu sais quoi maman, je t'aimerai tout ma vie. Et quand je te rejoindrai dans l'autre monde, je te le dirai à nouveau.

Ta fille