CHAPITRE 1 - OISEAUX DE MALHEUR

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Ces saloperies de corbeaux me suivent depuis des semaines. Je pue la mort, ou je vais bientôt dominer leur monde ?

Ils accompagnent de leurs chants macabres chacune de mes sorties, comme s’ils suivaient chacun de mes pas.

Et aujourd’hui ne fait pas exception.

Je quitte tout de même mon appartement pour rejoindre la maison d’un ami. Arrivée à destination, je sonne, il ouvre, puis me claque la porte au nez.

Encore une de ses lubies… Je lève les yeux au ciel, et mon regard s’arrête sur la fenêtre de sa chambre. Elle est ouverte. Le défi est raisonnable.

Je grimpe sans problèmes le long de la façade où les prises sont nombreuses, mais une fois en haut, un autre défi m’attend : descendre du rebord de la fenêtre et me frayer un chemin sur un sol recouvert de tout et n’importe quoi.

Mon ami aime se définir comme « un sorcier des temps nouveaux ». Je le surnomme « le cuisinier cleptomane ». Il collectionne toutes les craies, bougies et manuscrits qu’il trouve, je ne sais comment. Il a aussi la fâcheuse manie de faire des réserves d’herbes aromatiques pour les brûler tel de l’encens. Et cela à longueur de journée. Son antre sent le romarin et l’humidité, rien de très agréable olfactivement. Mais le pire, c’est son amour pour les pentacles : il en dessine partout, et son sol en est partiellement recouvert. Une horreur pour les maniaques.

Il m’attend, assis à son bureau recouvert de cire de bougies et de crayons de diverses couleurs :

« Qu’est-ce que tu fous ici ?

_ Tu me dois un service.

_ Je ne crois pas. »

Je le fusille du regard. Lui qui accumule les dettes depuis des années, n’est pas prêt à me donner un coup de main ? On va voir ça.

« Je t’ai sauvé la mise combien de fois déjà ? Tu me rappelles ? »

Ah, j’ai touché un point sensible. Son attitude change.

« Qu’est-ce que tu veux ?

_ Le truc qui te sert de moyen de transport.

_ Alors là, tu rêves ! Tu vas la bousiller, tu ne sais pas conduire ! Prends le bus plutôt.

_ J’en ai besoin. Alors discute pas et file-moi les clés et les papiers. »

A contre-cœur, il se met à leur recherche parmi son « bordel organisé ». Il les trouve enfin, me les tend, et avant qu’il ne change d’avis, je repars par la fenêtre.

Autant boucler la boucle.

Je démarre son vieux tacot, direction le centre-ville du district. J’ai un rendez-vous important, et comme à mon habitude, je ne suis pas en avance. Mais rien n’est impossible !

Il faut dire que les relations avec ceux que je m’apprête à revoir ne sont pas très intimes. Mais j’ai l’obligation de les rencontrer. Ils ont une importance non négligeable sur ma situation.

Je laisse mon regard dériver vers le rétro central. Ils me suivent. Encore et toujours. Je commence à m’y habituer finalement. Même si je ne comprends toujours pas la raison de leur présence.

Je ne pense pas être morte, et aucun de mes proches n’a disparu récemment. Enfin je pense. Quoique mon exil remonte déjà à quelques années…

J’arrive à l’heure précise. Ils m’attendent déjà au fond du bar, une pinte disposée devant eux. Je commande un verre de soft avant de les rejoindre.

« Salut ! »

Ils me répondent d’un signe de tête. Ils n’ont pas l’air en forme aujourd’hui : ils n’ont fait aucune remarque sur l’heure de mon arrivée, ma tenue ou ma coiffure. Ce doit être sérieux.

« Alors, que me vaut ce rendez-vous ?

_ Tu les as vus non ?

_ Je ne peux pas vraiment les rater. Et ce depuis 1 mois environ je crois.

_ Oui. On les a aussi observés. Ils migrent quasiment tous vers un même point. Et il semble qu’ils essaient de te guider ou de te protéger de ce qui se trouve là-bas.

_ Derrière les murs ?

_ Dans les souterrains. »

Les souterrains… J’ai toujours été claustrophobe, et mon expérience n’a fait que renforcer ce malaise. Je n’en garde pas un très bon souvenir. Il y a des années de cela, lorsque je suis venue m’installer dans la Cité, j’ai eu la chance de les visiter en mauvaise compagnie. Je crois d’ailleurs que leurs corps sont encore en bas.

« Ce n’est pas Karenn qui s’occupe de cela d’habitude ?

_ Cela fait plus d’un mois que l’on est sans nouvelles.

_ Ça coïncide…

_ On a mis M sur le coup, il doit nous rejoindre. Sinon, on a bien tout reçu, merci pour ton travail.

_ Autre chose ?

_ Par les temps qui courent, il serait raisonnable que l’on réduise nos échanges. Les patrouilles se font de plus en plus courantes, et un jour ou l’autre, ce sera beaucoup trop dangereux. Autant prendre quelques précautions dès maintenant.

_ D’accord. Mais ne les oubliez pas. Ce n’est pas parce qu’on échange moins, qu’ils sont moins nombreux.

_ On le sait très bien. »

Un jeune homme rentre dans le café. M et son sourire malicieux. Il incarne le désir et la perversité : le diable en personne. Il nous aperçoit, nous fait signe, puis s’installe.

« Comment ça va depuis le temps ? T’aurais pas grossi dis-moi ?

_ Ton QI ne se serait pas engraissé dis-moi ? Qu’est-ce-que tu as à m’offrir ?

_ J’ai un peu d’informations, mais rien de transcendant. Et, comme tu le sais, tout se paye avec moi.

_ J’ai ce qu’il faut.

_ Mais pas ce que je veux.

_ Dis toujours.

_ Les corbeaux sont de plus en plus nombreux au même endroit : le Gouffre. Et il semble que Karenn ait abandonné le navire. Il ne reste aucune trace d’elle sur place. Et les gens qui s’y trouvent n’ont pas d’explication. Je suis en train de creuser ces infos.

_ Ouais, ça ne m’avance pas trop.

_ Si ça urge, tu n’as qu’à m’accompagner la prochaine fois !

_ Je vais bien y être obligée, vu le rythme auquel tu avances… »

Avant même qu’il ne réplique, ils nous arrêtent du regard.

« Je pense que tout est dit. Si vous voulez faire équipe, faites, mais nous ne voulons pas de remous. »

Ils se lèvent et partent. Et, alors que son regard est toujours accroché au mien et que son sourire tarde à réapparaître, je termine mon verre, puis quitte l’établissement. Il ne bouge pas d’un cheveu tandis que je m’éloigne pour retrouver la voiture.

Je rentre chez moi, passe chez mon ami lui rendre ses biens, puis m’enferme dans mon appartement. Je ressors pour vérifier le courrier alors que mon chat miaule à la porte.

Il faut que j’agisse. Il me faut un plan pour me débarrasser de ces foutus piafs, et maladroit comme il est, mon chat ne me sera pas d’une grande aide.

---

Salut !

Ça fait un bail que j'ai cette idée en tête, j'espère qu'elle vous plaît !

Les chapitres suivants sont en cours de correction, et de réflexion.

Je vais essayer d'être régulière dans mes parutions !

A bientôt ! :3

BNT

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