A la lisière de nos deux mondes
Un regard dans le vide, des pas lourds et un coeur gonflé de peine.
La pénombre guidait mes pas. La brise habillait mon cou et une nuée de chouettes orchéstraient ma marche. Elles ne savaient rien de ce qui m'arrivait mais elles étaient là pour atténuer le silence qui me remplissait.
Mes pieds étaient légers mais mes pas ne l'étaient pas. J'avais le sentiment de flotter dans l'air mais mes larmes me ramenaient au sol. Triste, impatiente et impuissante. Impatiente de t'atteindre, triste de te voir et impuissante de toucher cette réalité et de ne pas pouvoir te toucher. Nul n'est plus pareil.
Je remonte le champ, comme à l'accoutumée, je traverse le pont, comme à l'accoutumée et j'aperçois une vaste terre au loin. Des feuilles balayaient avec légerté le terre sèche. Morodées, craquantes ou au bruit sourd. Elles me frayaient un chemin comme si c'était pour donner le ton à cet espace où s'arrête le temps. Les chouettes sont toujours présentes, mais muettes cette fois. Elles ont compris que le silence est de rigueur. Dressées sur quelques branches, elles se recueillaient aussi, tout comme moi Maman.
La nuit, j'ai traversé les bois, les yeux fixés sur mes songes lugubres. A l'aube, je tournais toujours en rond. Un bouquet d'allium séché tenu par une main alors que l'autre essyuait les larmes qui coulaient. Je sais que tu m'as attendu Maman et que tu m'attends. Je sais comment l'absence peut nous lacérer de l'intérieur mais que face à ta perte, la douleur ressentie est imperceptible. Je me mets sur ta tombe et caresse ton épitaphe d'un long baiser frémissant. Je suis de retour Maman et auprès de toi, je resterais.
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