Repentis.

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Livio attend… il n’a d’ailleurs rien d’autre à faire, alors… La moiteur de la fin de nuit laisse sur son front des gouttelettes de sueur, il veut les chasser d’un revers de main, mais ne peut pas. Certaines coulent dans ses yeux et brûlent ses prunelles, d’autres, suivent le profil de son nez, s’agglomèrent, et finissent par s’échapper en tombant.

Plus que quelques minutes à attendre avant la délivrance. Il sait bien que le temps joue en sa défaveur, mais il espère encore et encore. Il s’en est toujours sorti, pourquoi en serait-il aujourd’hui différemment ?

Il lève la tête, des bribes d’aurore éclaircissent le ciel, et il se dit qu’une belle journée s’annonce, une de plus. La petite luminosité qui pointe, lui permet enfin de voir la personne qui se tient devant lui. Jusqu’à présent, il n’entendait que des petits cris et des sanglots étouffés, et cela lui remuait les tripes et le cœur. Il veut lui parler, mais il ne peut pas.

Maria leva la tête à son tour, sa belle crinière noire flotte sous la brise matinale, et s’ils n’avaient pas été foncés, ses cheveux lui auraient donné un aspect de soleil. Sur sa peau, la touffeur laisse aussi ses filaments d’eau, elle s’écoule le long de son cou gracile, et inonde son tee-shirt.

Livio la dévisage. Il lit dans ses yeux la souffrance de la peur, il y voit aussi quelques larmes, ce ne peut pas être de la sueur, il en est sûr… Il a mal pour elle, elle n’est qu’à un mètre de lui, il veut la serrer dans ses bras, mais il ne peut pas. Plus que quelques minutes, et tout sera fini.

Il a tout donné pour elle, a exécuté les plus basses besognes avant de devenir premier flingue, a tué sans compter avant de se laver les mains dans de la soie. Son ascension fulgurante, il ne la devait qu’à elle, qu’à Maria, la fille unique de Don Giuseppe. Son regard l’avait enflammé la première fois qu’il l’avait vu, ils n’étaient alors qu’adolescents. Elle vivait dans un appartement bourgeois sur Grand Street, dans le quartier italien, alors que lui ne subsistait que de petits boulots et dormait où il pouvait. Elle lui a rendu son premier regard appuyé, et dans les jours qui suivirent, il entrait au service de Don Giuseppe.

Tout est allé très vite ensuite, les rendez-vous cachés, les baisés volés, les nuits sauvages où leurs corps, pourtant à bout de souffle, se disaient encore. Puis, la naissance du petit Emilio… Le patriarche voulait en faire son successeur, « le droit du sang prime sur tout » disait-il, alors c’est lui qui l’élèverait à sa façon. Mais Maria, ne voulait pas que son fils devienne un mafieux, hors de question. Une nuit, ils se sont enfuis tous les trois avec l’aide de l’agent Tom du FBI. Donnant donnant, une nouvelle vie dans un nouvel endroit contre des informations. À prendre ou à laisser… ils ont pris…

Le jour s’est levé maintenant, les rayons du soleil percent l’humidité et la transforme en brouillard. C’est l’heure… Au-dessus d’eux, un bruit de camion qui stoppe, puis plus rien. Une portière qui claque, un moteur qui démarre, le son lancinant d’un cylindre de mélange… Une goulotte qui se déploie… Une tête apparaît.

– Maman, papa, pourquoi avez-vous fait ça ?

L’instant d’après, le béton commence à envahir le coffrage de la fondation dans laquelle ils sont ligotés et bâillonnés.

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