Ce soir, je bois ! 
Ces paroles tournent et chantent dans ma tête.
Ce soir, je doute…
 Tu peux toujours éteindre la lampe 
 Et ta main blanche glissant sur la rampe 
 Monter jusqu'à ta chambre 
 Pour y chercher ton sommeil noir... 
 Moi, je reste en bas ce soir  
J’ai encore un travail à préparer,  
Un dossier à finir,
Une bouteille à vider
Des mots à réfléchir
 Et je bois ! 
 Oui, j'ai promis ! 
 Oui, mais je bois quand même !  
Pourquoi Diable, ai-je écouté cette chanson jusqu’à plus soif !  C’est vraiment le cas de le dire !!  J’ai ainsi saturé le peu de neurones encore actifs dans cette mare d’alcool que j’étais devenu.
Aujourd’hui, alors que ces soirées de guindailles estudiantines et autres amourettes sont du passé, voilà que de vieux réflexes – et neurones atrophiés – reprennent vie.
Aujourd’hui, je doute.   
 Va, je t'aime. 
 Va dans ta nuit...  
Car te voir mon Aimée dans ta journée, se réfugier au fond du jardin pour téléphoner me blesse.
Car te voir, mon Aimée, esquiver mes questionnements, te raidir me fait douter.
 Je bois... 
Et boire réveille mes espoirs et désespoirs,
 Aux femmes qui ne m'ont pas aimé 
 Aux enfants que je n'ai pas eus 
 Mais à toi qui m'as bien voulu...  
Mon Aimée, mon Trois Quart, 
Car plus que ma Moitié,
Tu m’as bien voulu,
 Je bois... 
Et boire réveille mes projets faits et défaits,
 À ces maisons que j'ai quittées 
 Aux amis qui m'ont fait tomber 
 Mais à toi qui m'as embrassé... 
 Mais à toi qui m'as embrassé... 
Encore et encore…
J’en ai les lèvres parfumées,  
La respiration bloquée
Et les sens chavirés.
 Ce soir-là 
 On sortait d'un cinéma 
 Il faisait mauvais temps 
 Dans la rue Vivienne 
 J'étais très élégant 
 J'avais ma canadienne 
 Toi tu avais ton manteau rouge  
Ah ce manteau rouge …
Et ce chapeau assorti …
Mon Aimée, mon Chaperon,  
Que j’aimais être le Loup !
 Et je revois ta bouche 
 Comme un fruit sous la pluie... 
 Comme un fruit sous la pluie... 
Qu’il était doux à croquer,
Qu’il était doux de te croquer.
 Ce soir, je bois ! 
Et boire enflamme mon cœur
Que ce liquide ne parvient à éteindre,
Moi qui veux t’étreindre.
 Heureusement, je ne suis jamais ivre. 
 Dors... Cette nuit, je vais écrire mon livre. 
 Il est temps, depuis l'temps.  
Voilà donc pourquoi je trempe ma plume,
Dans le ruisseau de mes souvenirs
Et que la boue de mes soucis tache
Le parchemin de ma Vie.
 C'est mon roman, c'est mon histoire ! 
 Il y a des choses que l'on écrit 
 Que lorsqu'il est très tard, 
 Que lorsqu'il fait bien nuit...  
Que lorsqu’il fait bien nuit,
Ainsi la colère ne se verra plus,
Ainsi les hésitations deviennent forces
Ainsi les doutes sont effacés.
 Dors, je t'aime. 
 Dors dans ma vie...  
Mon Aimée,
Ma Vie.
 Je bois...  
Et boire me fait souvenir.
 Aux lettres que je n'ai pas écrites, 
 À des salauds qui les méritent 
 Mais je n'sais plus où ils habitent... 
À quoi bon,
Puisque tu es là.
 Je bois... 
Et boire me fait souvenir.
 À toutes les idées que j'ai eues. 
 Je bois aussi dès qu'ils m'ont eu 
 Mais à toi qui m'as défendu, 
 Mais à toi qui m'as défendu...  
Qui m’as défendu contre Toi,
Qui m’as défendu contre Moi,
Qui m’as défendu contre les Autres.
 Ce jour-là, 
 Dans un café du quinzième, 
 Tu m'avais dit : "je t'aime" 
 Je n'écoutais pas. 
 Y avait toute une équipe. 
 On parlait politique. 
 Je m'suis battu avec un type 
 Et tu m'as emmené 
 Comme un enfant blessé, 
 Comme un enfant blessé...  
Tu m’as soigné,
Tu m’as réconforté,
Tu m’as aimé.
 Je bois... 
Et boire me fait souvenir.
 Au combat que tu as mené 
 Pour m'emmener loin de la fête. 
 Ce soir, je bois à ta défaite.  
Ma Combattante,
Mon Héroïne,
Mon Aimée.
 Je bois... 
Et boire me fait souvenir.
 Au temps passé à te maudire, 
 A te faire rire, à te chérir, 
 Au temps passé à te vieillir.  
Des rires aux pleurs,
Des jours aux nuits.
 Je bois... 
Et boire me fait souvenir.
 Aux femmes qui ne m'ont pas aimé, 
 Aux enfants que je n'ai pas eus 
 Mais à toi qui m'a bien voulu, 
 Mais à toi qui m'a bien voulu.
Mais à toi qui m’a bien voulu,
Mon Aimée.