Nouveau départ

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*Tingding* L'inter région 66 en direction de Mignons-les-Lapins départ 7h41 partira de la voie 4.

Encore une fois, je me retrouve sur ce quai avec ma valise. Mais cette fois, je ne retournerai plus dans cet appartement. Mon téléphone sonne, c'est mon père. Je décroche.

: Allo papa ? Oui, je suis bien arrivée à la gare. Oui, je suis sur le bon quai. Mais ne t'inquiète pas, j'ai l'habitude ! Je fais ça tous les deux week-ends depuis mes six ans. Oui, je sais... oui, ne t'en fais pas, j'arrive bientôt. Mais papa, c'est bon, j'ai bientôt 20 ans, tu sais ! Oui, c'est ça. À plus tard. Oui... moi aussi, je t'aime.

Mon père est anxieux. Depuis que maman n'est plus là, il a peur de tout ce qui ne m'arrive pas, mais qui pourrait m'arriver. Je monte dans le train et m'assieds vers la fenêtre comme à mon habitude. Je mets mes écouteurs et observe le paysage qui défile.

Je repars vivre chez papa... dans cette maison.

Avec la disparition de maman, j'ai essayé tant bien que mal de suivre mes cours, mais j'ai échoué mes examens à deux reprises...

L'université s'est montrée compréhensive... enfin, c'est surtout grâce à ma psychologue qui m'a délégué une excuse signée d'inaptitude psychologique. Sinon, on m'aurait renvoyé définitivement ! Avec mon père, nous en avons déduit que j'avais besoin d'une pause. J'ai donc temporairement arrêté mes études pour revenir habiter chez lui.

Au départ, je ne voulais pas retourner dans la maison de mon enfance. L'endroit où j'avais fait toutes ces terreurs nocturnes et ces cauchemars. Mais après quelques semaines à essayer de vivre seule la disparition de ma mère, j'ai réalisé que j'avais besoin de soutien.

Alors, me voilà... dans cet ultime trajet, sans billet retour cette fois.

Peut-être que c'est ce qui me faut au final. Probablement que tout ça n'arrive pas par hasard...

De toute façon, ça faisait un moment que ce que j'étudiais ne m'intéressait plus. Et puis, travailler toute ma vie dans les chiffres, le marketing et l'art de savoir vendre un truc nouveau, revisité façon déjà vu ? Non, je ne pouvais plus m'y faire. Du coup, je ne sais plus tellement ce dont j'ai envie...

Les conseillères d'orientation me demanderaient surement de réfléchir à mon métier de rêve. Mais qui rêve de travailler franchement ? Les métiers les plus cool sont soit ceux qui paient le moins, soit ceux qui font vivre une personne sur un million ! Et puis, ado, on m'avait déjà demandé ce que je voulais faire plus tard. Je voulais être infirmière. Soigner les gens, se plier en quatre pour qu'ils se sentent bien, être gentille et douce, c'était mon truc ! Puis, j'ai fait mon stage...

Depuis, j'avais suivi les conseils de mon père.

"Ariel, dans la vie, il y a deux façons de gagner de quoi vivre. En se tuant le dos et les mains, ou en faisant fonctionner son cerveau assis confortablement dans un bureau !"

J'avais choisi des études qui me permettraient de travailler assise sur une chaise. Sauf que je n'avais pas réfléchi au fait que de nos jours, plus aucun diplôme ne nous assure un poste payé à la hauteur de nos années d'investissement. À quoi bon s'entêter dans ce cas ? Après près d'un an à la fac, tout ce que j'apprenais s'envolait directement après avoir passé mes examens. J'aurais été bien inutile à une entreprise.

Mon téléphone bip et je lis une notification d'Estella.

: Coucou Riri ! J'espère que tu feras bon voyage ! Appelle-moi en face time quand tu arriveras, Mysti me manque troooop ! Biz <3

Estella ou Stella comme j'aime l'appeler, c'est ma meilleure amie depuis le collège. C'est la seule à qui je ne faisais pas peur. Il faut dire qu'avec mes cernes, mon teint pâle et fatigué, j'avais hérité du doux surnom de "Dracula". Les ados ont tellement d'imagination quand il s'agit de se discriminer.

: Coucou Stella ! Je suis encore dans le train, je t'appelle en arrivant, promis !

De toutes les "amies" que je m'étais faites à la fac, aucune ne m'a envoyé de message...

Lorsque je leur ai expliqué que je mettais mes études en pause, elles étaient restées bouche bée et m'ont demandé si j'étais sûre de moi, en n'oubliant pas de me rappeler que reprendre ses études après une pause était risqué.

Des amies, tu parles. Elles se considéraient toutes comme des rivales.

J'efface leurs numéros de mon téléphone et me désabonne de leurs comptes Instagram. Le paysage défile et une annonce retentit.

*Tingding* Mesdames et messieurs, terminus, tout le monde descend.

Je descends du train en soulevant ma valise. Ça y est, me revoilà...

Pour de bon cette fois.

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