Une poule sur un mur
Le matin, c’est ma cocotte
Qui tranquillement tapote
Sur le mur avec son bec
Les miettes de pain sec
Que j’ai déposé la veille.
C’est ce son qui me réveille.
Assurément, j’ai le sommeil léger.
Mon mari me le fait remarquer
Lui qui ronfle aussi fort
Qu’un moteur de locomotive
Il me dit que j’ai tort
Qu’à force, je le démotive.
Toute l’énergie de la vapeur comprimée
Vit dans ces poumons, dans ce nez.
Et c’est la nuit qu’elle s’enfuit
Soulagée à grand bruit.
Car dans les open-spaces, la frustration
S’accumule et monte en ébullition.
Que vivons-nous dans les bureaux,
Où nous allons gagner nos miettes de moineaux ?
Un métier routinier et des enguelades.
Un travail fatiguant et des brimades.
Il faut y ravaler sa rancœur.
Et braver les reproches sans peur.
Et puis un jour, on veut tout quitter
Pour élever des poules
Et faire pousser des navets
Dans une chaumière loin de la foule
Mais ce grand corps s’est-il abimé
Qu’il continue à chasser son air comprimé ?

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