CHAPITRE IV : La route ( 1/2 )

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Cela faisait maintenant plusieurs jours que la petite troupe voyageait. Ils marchaient depuis le petit matin et leurs pieds commençaient à leurs faire mal. Les journées étant longues, ils ne se reposaient pas beaucoup. Alors qu’il commençait à faire noir, Elàlia s’adressa aux autres :


— Nous devrions peut-être trouver un endroit où nous reposer ?

— Tu as raison, répondit Girin. On suit une rivière depuis tout à l’heure, peut-être devrions-nous nous poser à côté ?

— Oui ! J’adore le bruit, de l’eau, ça m’aide à m’endormir, dit Elàlia, toute excitée.


Ils s’approchèrent donc de la rivière. Elle était plutôt large mais avec un courant plutôt faible. Ici et là, on pouvait apercevoir des poissons qui remontaient à la surface. Le groupe s’installa dans l’herbe, au bord de l’eau. Girin prit la parole :


— Je vais aller chercher du bois pour faire un feu, vous deux, occupez-vous du repas.

— D’accord ! dit Elàlia en souriant.


Elle se tourna ensuite vers Aurore :


— Aurore ? Tu ne parles pas beaucoup depuis qu’on est partit… Quelque chose ne va pas ?

— Non. Tout va bien, répondit sèchement Aurore.

— Tu es sûre… ? Si tu veux parler… Je suis là.

— Je t’ai dit que ça va ! cria alors la jeune femme.

— D’accord, d’accord… Tu viens ? On va pêcher ! Avec tout le poisson qu’il y a, on devrait pouvoir bien manger ce soir ! constata Elàlia qui avait retrouvé le sourire.

— Vas-y sans moi. Je n’ai pas faim.

— Ah… Mais… Quand même… Tu ne participes pas beaucoup aux tâches du camp et du coup…


Aurore jeta un regard noir à Elàlia qui se tut. La petite elfe parti dans la rivière, espérant réussir à prendre de l’alevin. Un peu plus tard, lorsque Girin revint, Aurore n’était plus là, et il ne restait qu’Elàlia, seule dans le cours d’eau.


— Où est Aurore ? demanda le nain, curieux de savoir où était passé la jeune femme.

— Je n’en sais rien, répondit Elàlia très concentrée.


Girin alluma le feu et se posa à côté, attendant qu’Elàlia ait une prise. Soudain, elle tomba à la renverse et, trempée, elle sortit de l’eau en baissant la tête, déçue de ne pas avoir réussi sa mission.


— Ce n’est pas grave, lui dit Girin. On va attendre un peu puis on recommencera. Tant qu’il ne fait pas totalement noir, on peut toujours espérer prendre quelque chose.

— Je sais, mais j’aurais voulu être utile… Je me sens nulle, répondit l’elfe en s’asseyant à côté de Girin.

— Mais non, ne dit pas ça ! Comment tu faisais pour te nourrir quand tu étais seule ?

— À vrai dire… J’ai toujours volé ma nourriture. Je vagabondais dans les marchés et je chipais la nourriture dans les échoppes. Je me suis fait prendre plusieurs fois au début… J’ai même fait de la prison.

— Quoi ?! s’étonna Girin, de la prison ?! Non, Je ne peux pas le croire !

— C’est pourtant vrai ! rigola Elàlia. Et lorsque je suis arrivée dans ce monde, en dehors du Libranor, j’ai continué de voler… Mais après deux milles ans, j’ai fini par devenir une experte ! Rien ne m’échappe. Et vous monsieur Girin ?

— Arrête de me dire monsieur ! Combien de fois je vais devoir te le dire ? Et tu peux me tutoyer, tu es quand même la plus âgée !

— Je sais, mais j’ai du mal… Et puis, vous ne devez pas être aussi jeune que vous le prétendez.

— Comment peux-tu oser dire ça ?! dit Girin avec un regard noir.

— Oh ! Je suis désolée, s’excusa Elàlia, je ne voulais pas paraître impolie !

— Je rigole, s’écria Girin en mettant une grosse tape derrière le dos d’Elàlia, j’ai deux cent soixante-cinq ans !

— Mais c’est énorme ! Je vous n’imaginais pas si vieux… rigola Elàlia en se grattant le dos.

— Bin… Je suis dans la fleur de l’âge ! Les nains vivent en général quatre cent ans. De mémoire, je crois qu’il n’y a que les hommes qui vivent moins de cent ans.

— Oui, les pauvres. Je n’aimerais pas être à leur place.

Aurore déposa à leurs pieds trois lapins. Girin et Elàlia la regardèrent, complètement stupéfaits. Girin ouvra la bouche pour dire quelque chose mais Aurore le coupa :

— Voilà ma part l’elfe. Contente ?

— Ah… Euh… Oui. Merci, Aurore. Tu es là depuis combien de temps ?

— Un certain temps, répondit Aurore en s’asseyant.

— Désolé que tu nous ais entendu, dit Girin.

— Ce n’est pas grave. Eh, petite, tu voulais savoir pourquoi je voulais l’amulette ? Tu as ta réponse. Je ne veux pas vieillir. L’amulette me permettra de rester jeune en remontant le temps dès que je le désire.

— Mais… Si tu fais ça, tu en auras souvent besoin alors, demanda Girin.

— Ne t’en fais pas, une utilisation me suffira.

— Je ne comprends pas… dit Elàlia.

— Ça ne m’étonne pas de toi... Ecoutez, vous n’avez pas besoin de me comprendre. Désolée si je semble distante mais je préfère me concentrer sur la mission. On n’est pas amis et on ne le deviendra pas. C’est juste notre objectif commun qui nous as réuni. Je veux bien faire un effort mais ça n’ira pas plus loin et une fois que tout ça sera fini, vous ne me verrez plus.


La nuit tomba rapidement sur le camp, qui était déjà plongé dans un silence profond. Le lendemain, la petite troupe continua sa route. Alors qu’Aurore marchait devant eux, Girin se tourna vers Elàlia :


— Dis donc, elle n’est pas commode notre petite Aurore…

— Non, répondit Elàlia en montrant un air déçu. Pourtant, au début, ça se passait très bien. Je ne comprends pas sa réaction.

— Tu ne l’as pas embêté pendant une nuit ?

— Non… Au contraire, on a un peu discuté et on a même l’air d’avoir des points commun, ajouta Elàlia.

— Bon, j’espère que ce n’est que temporaire, elle me met mal à l’aise… avoua Girin. En plus, elle a gardé sa robe et ce n’est pas vraiment une tenue adaptée pour un tel voyage.


Elàlia fit un « oui » de la tête et ils continuèrent d’avancer. Arrivé à la tombée de la nuit, ils se posèrent dans une clairière et Girin pris la parole :


— Elàlia, aujourd’hui tu vas monter le camp. Moi, je vais avec Aurore, on va chercher la bouffe.

— Quoi ? Pourquoi moi ? contesta Aurore.

— La ferme, et viens avec moi ! dit fermement Girin.

— D’accord, je vais tout bien préparer, promis ! répondit Elàlia en souriant.


Girin et Aurore s’éloignèrent du camp à la recherche de nourriture. Girin se tourna vers Aurore :


— Ecoutes, il faut qu’on parle. J’ai bien compris ce que tu as dit hier, et il est clair que tu ne souhaite pas t’intégrer dans le groupe plus que ça. Je comprends tout à fait mais tu n’as pas à être méchante, notamment avec Elàlia. Elle est trop gentille pour te répondre mais la façon dont tu lui parles, ce n’est pas correct.

— Je fais ce que je veux, lâche-moi.

— Pourquoi tu es comme ça ? Tu changes du tout au tout. À notre rencontre, tu paraissais moins froide.

— Je suis comme ça, je n’y…


Un cri coupa Aurore. Il venait du camp. Girin regarda Aurore un petit moment avant de lui dire de courir en direction du hurlement.



***



Girin et Aurore s’éloignaient du camp en silence. Elàlia regardait autour d’elle, s’imaginant où elle pourrait installer les tentes et le feu. Elle commença par récupérer des cailloux assez gros qu’elle mit en rond. Elle ramassa quelques branches qu’elle déposa, puis elle commença à monter les tentes. Elàlia n’aimait pas faire ça, elle préférait dormir à la belle étoile, elle n’avait donc jamais monté de tente avant. C’était toujours Aurore ou Girin qui s’en occupait les autres jours. Alors qu’elle galérait avec l’une d’elle, une branche craqua derrière elle. Elàlia sursauta :


— Ah ! cria-t-elle, vous m’avez fait peur ! dit-elle en se retournant.



Elàlia s’arrêta net.



Un groupe de croc se tenait devant l’elfe. Les crocs étaient des hommes lézards. Ils avaient la particularité d’avoir une peau très solide qu’ils pouvaient durcir à volonté et ils avaient tous une queue. Plutôt grands, ils portaient des armures d’écailles et des habits d’humains, qu’ils avaient sans doute volés. Leurs armes étaient toutes recouvertes de poison ce qui en faisait des combattants très dangereux. Les crocs vivaient en groupes et ils étaient d’habiles voleurs. Ils vivaient en pillant les caravanes qui passaient trop près d’eux. Ils tuaient à chaque fois tous les témoins afin que personne ne puisse découvrir leur campement. Se déplaçant constamment, ils ne se faisaient que rarement prendre par les gardes. Elàlia laissa échapper un petit cri aigue sans le vouloir. Alors qu’elle cherchait ses armes de l’œil, elle les aperçut juste derrière le groupe de voleur. L’un d’eux s’avança vers elle et alors qu’il allait lui mettre un coup d’épée, Elàlia lui mit un uppercut, le faisant à peine sourciller. Le croc allait de nouveau se jeter sur elle lorsqu’une flèche arriva de nulle part et lui transperça le cou. Elàlia cherchait du regard si Girin ou Aurore étaient arrivés mais aucun s’entre eux n’était là. Un deuxième projectile tua un autre croc en le transperçant à la nuque, évitant soigneusement les endroits où l’armure les protégeaient. Soudain, une troisième puis une quatrième flèche tuèrent deux autres crocs. Aurore et Girin arrivèrent à ce moment-là. Voyant Elàlia en difficulté, ils vinrent l’aider. Mais les crocs, perdant bien trop de membres à cause de ces traits venue de nulle part, repartirent.


— Ça va, tu n’as rien ? demanda Girin.

— Non… Mais, je croyais que ces tirs venaient de vous ?

— Non, nous n’avons pas d’arc, répondit Aurore.

— Alors… Qui est-ce ?

— Moi, répondit une voix derrière eux.

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