En quête de sens

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Joh était livide. Accoudé à la porte, la nausée au bord de la gorge et de la fumée plein le nez, il se sentait coincé entre deux fronts. Le premier, celui de sa peur : l’ennemi approchait inexorablement. Tout le monde savait ce qu’ils avaient fait dans les autres villes, qu’elles soient grandes ou petites. La politique était simple, il n’y avait pas de survivant. Ces gens venaient pour les massacrer et ils étaient très puissants. Même s’il était resté, faute de savoir où aller plus qu’autre chose, il n’avait aucun espoir de victoire avant que ce foutu mage ne débarque et cela l’avait mené au second front, celui de sa conscience.

Quand il avait appris que Clarence était un mage, il était tombé de haut. Par ici, il n’y en avait pas et on s’en méfiait comme la peste. S’il l’avait su, il aurait changé d’auberge ! Seulement, lui, tout ce qu’il avait vu c’était l’un de ces anciens esclaves qui envahissaient les champs. Son visage était recouvert de vieilles traces de bleus, il bougeait avec une économie de mouvement manifeste et une peur plus grande encore. Adelia l’avait d’abord envoyé à la plonge. Il se tenait dans un coin, derrière le bar, et passait tout son temps à frotter la vaisselle. Un soir, alors que Joh avait demandé un repas complet, il avait eu la surprise que ce soit lui qui s’approche pour le servir. Clarence avait le regard baissé et ses doigts tremblaient tellement sur le plateau que Joh était surpris que tout reste en équilibre. Il avait ressenti de la compassion pour lui, pour cet esclave massacré, pétri de peurs.

Mage. Il avait suffi qu’on lui dise que Clarence était un mage, qu’il pouvait les sauver moyennant des actes dégradants, pour que Joh cède. Un foutu mage. Peut-être l’avait fait à cause du désespoir ? Ce serait pardonnable et c’était peut-être ce qu’il se raconterait, dans quelques années, pour se bercer les soirs où ses remords deviendraient un peu trop importants. Mais la vérité était ailleurs, il s’était senti trahi. Adelia le savait-elle seulement ? Un mage qui vivait au milieu d’eux, qui touchait à leurs nourritures, sans que personne ne le surveille ! Il s’était senti plus que trahi, il s’était senti en colère.

La porte remua derrière lui et Joh se redressa précipitamment. Le battant s’ouvrit, dévoilant l’autre mage, leur sauveur. Onaskra. Ils s’observèrent un instant.

- Je n’étais pas sûr que vous soyez encore là.
- … est-ce qu’il est vivant ?
- Vivant ? Oui. Bien-sûr.
- Il… il a beaucoup crié.
- En effet. Pourriez-vous me trouver une monture ? Et si possible une cariole ?

Joh l’observa un instant sans comprendre. Onaskra soupira, il était épuisé.

- Nous allons nous rendre au plus près de la ligne d’incendie. Je préfèrerai que Clarence n’ait pas à marcher. Il dort pour le moment.
- Oh… oui. Oui. Il n’en reste pas beaucoup, mais je devrais pouvoir vous trouver ça.

***

Les murs de flammes faisaient plusieurs mètres de haut et la chaleur qui s’en élevait était telle, qu’en se tenant bien loin, Onaskra la sentait sur son visage. Les tranchées ralentissaient un peu la progression, mais il ne serait pas prudent de s’approcher davantage. A l’arrière de la charrette, Clarence dormait encore, enroulé dans un drap à la va-vite, comme pour protéger le peu de pudeur qui pouvait lui rester. S’il en possédait encore, il la perdrait dans les jours ou les mois qui suivraient.

Onaskra soupira, il était temps de faire de la magie. Il était temps de faire la plus grande magie à laquelle il aurait accès. Lentement, il détacha la mule qui les avait conduits jusque-là et lui permit de fuir. Le pauvre animal tremblait comme une feuille.

Réunir sa propre magie ne lui demanda que peu de concentration. Il sentit ses tatouages, véritables lignes de pouvoirs, s’activer et s’éclairer, changeant de couleurs lentement. Le pouvoir n’était pas figé et maintenant, il dansait sur sa peau et dans ses chairs. Ce n’était pas de la magie sexuelle, pas encore, il avait besoin de Clarence pour ça. Non, c’étaient ses propres pouvoirs, ceux pour lesquels il avait suivi sa formation à Triomphe.

Onaskra n’était pas un grand mage de feu, d’eau, de vent ou de terre. Onaskra n’était pas non plus l’un de ces mages qui réunissent tout pour former d’autres choses. Onaskra n’était pas un maître illusionniste capable de mettre en déroute les ennemis par des images terrifiantes. Il appartenait à une catégorie rare, il faisait partie des mages du temps. Malheureusement, ses pouvoirs étaient également très limités, si limités qu’en combat ils perdaient vite tout intérêts.

Le fait d’avoir un mage rouge avec lui changerait tout néanmoins. Il se concentra sur Clarence et travailla sur son temps à lui. Presque aussitôt, le mage endormi se réveilla, plus en forme qu’il n’aurait dû l’être. Ils s’observèrent un moment en silence puis Clarence observa le mur de feu qui avançait en faisant un vacarme de plus en plus fort.

- Ton objectif n’a pas changé.

Clarence l’observa sans comprendre mais acquiesça. Son corps était reposé mais son esprit lui était toujours sous le choc. Il ne savait même plus pourquoi ils étaient là. Par contre, il se souvenait parfaitement que le plaisir d’Onaskra le soulageait quand il brûlait de l’intérieur. Il frémit et se prit à espérer ne plus jamais revivre ça. A l’intérieur de son corps pourtant, sa petite glande était de nouveau en train d’enfler lentement et bientôt, la douleur redeviendrait une évidence.

Sans attendre, Clarence repoussa le drap, dévoilant son corps et rampa vers Onaskra qui s’approcha gentiment pour l’aider. La tête du mage tatoué parti un peu en arrière alors que les baisers doux se posaient sur ses vêtements. La magie sexuelle s’éveilla sans attendre et immédiatement, Onaskra put la projeter. Il se concentra sur le désir qui avait été ressenti, par Clarence certes, mais surtout par tous les participants à l’orgie. Leurs désirs réunis formaient une masse des plus intéressantes et ce n’était qu’un point de départ.

Les doigts de Clarence remontèrent le vêtement pour pouvoir atteindre la peau de son ventre qu’il parsema de baiser. Il se redressa lentement pour pouvoir accéder à son torse et lécha avec application ses tétons. Onaskra gémit. Entre ses jambes son sexe durcit, mais il ne l’utiliserait pas. Pas avant que Clarence ne pleure en tout cas…

Le mur de flammes ne vacilla pas, mais une silhouette sembla s’en détacher. Le premier. Onaskra se concentra sur lui. Il n’avait aucune chance de lui échapper. Un autre de type de mage aurait peut-être pu le prémunir de ça, mais les gens des environs étaient connus pour leurs rejets de la magie… Alors les villes tombaient sans grande résistance. Rien n’aurait pu les préparer à combattre un mage rouge tel que Clarence. Rien du tout. L’homme s’approcha, il vacillait, l’air hagard.

- Viens… Viens… Il est juste là… Tu peux le prendre tu sais ? chuchota Onaskra doucement.

Et la magie fit son effet. L’homme se jeta sur Clarence, arracha ses propres vêtements pour venir se planter en lui. Clarence poussa un cri, plus surpris que réellement douloureux. Son conduit était encore étiré des précédentes orgies. Les va-et-vient brutaux auraient pu le choquer sincèrement, mais son esprit était tout entier concentré sur Onaskra qui l’observait en souriant doucement.

Le désir de cet homme s’ajouta à la magie qu’il manipulait et il projeta à nouveau. Il avait besoin de plus de proies, de beaucoup plus pour que le mur s’effondre mais également pour économiser Clarence.

Très vite, une autre silhouette apparue. Un mage de feu aux traits marqués par le temps. Un vétéran. Exactement ce dont Onaskra avait besoin pour les affaiblir. Il fit attention à se concentrer sur lui pour qu’il ne lui échappe pas, mais comme prévu, ces mages n’avaient pas la moindre défense face à leurs propres désirs. Onaskra modula néanmoins la magie pour le forcer à copuler, non pas avec Clarence, mais avec sa première proie. Bientôt, les deux mages de feu furent au sol, arrachant mutuellement le peu de vêtements qu’ils possédaient pour se faire l’amour de la plus brutale des manières.

Onaskra lèverait bientôt toutes les inhibitions pour qu’ils se blessent réellement. Clarence était assez fort et ils avaient récolté assez de désir pour pouvoir les amener à des extrêmes rares. Pendant que ces mages haletaient, se pénétrant l’un l’autre à tour de rôle, Onaskra fit boire son mage rouge, il vérifia son anus, glissant plusieurs doigts dedans pour s’assurer qu’il n’était pas blessé et qu’il était suffisamment lubrifié. Tant qu’il le pourrait, il les ferait se pénétrer les uns les autres, mais ce ne serait pas toujours suffisant. Régulièrement, Clarence devrait s’offrir.

Le mur vacilla alors que plusieurs mages approchaient. Onaskra sourit. Pauvres fous non préparés. Ils avaient finalement compris ce qu’il se passait et tentaient une contre-attaque, mais Onaskra n’en était pas à sa première bataille. Ces mages n’étaient pas encore pleinement sous son pouvoir. Il n’aurait pas pu en attirer autant aussi vite. Ils voulaient s’approcher pour tuer Clarence directement, sans savoir que c’était tout ce dont Onaskra avait besoin pour les récupérer. Le mage de temps les laissa donc avancer, puis, la plus terrible des envies sexuelles les balaya et ils se jetèrent les uns sur les autres.

Le premier était parfois dur à capturer, mais à partir de là, c’était un immense enchainement. Chaque mage qui tombait s’ajoutait au désir collectif. Le champ labouré devint bientôt un théâtre géant de copulations.

Onaskra avait donné des consignes très claires aux habitants. Ils devaient attendre que le mur disparaisse pour venir combattre à leurs tours. Ils étaient armés de fourches, de couteaux et de gourdins, mais ce serait bien suffisant pour achever les ennemis déjà tombés.

Clarence poussa un couinement un peu plus sonore tout en se frottant littéralement. La brulure le prenait à nouveau, à l’intérieur de son corps. Il écarta un peu plus les genoux comme pour inviter Onaskra à venir en lui, mais l’autre mage l’observa sans bouger, sans faire mine de vouloir le pénétrer. Clarence s’agita un peu, remuant de plus en plus, le souffle court.

- Tu désires quelque chose peut-être ?
- … votre plaisir.
- Mon plaisir uniquement ?
- Votre plaisir en moi. Avoua Clarence d’une voix tendue par le besoin.

Onaskra lui offrit un sourire alors qu’il sentait effectivement la vague d’envie dans sa magie. Il l’utilisa immédiatement, refusant de se laisser déconcentrer. Autour d’eux, les cris et les gémissements formaient une masse indistincte. Les corps nus se rampaient dessus pour chercher de meilleurs angles de pénétrations. L’absence de lubrifiant et la brutalité des désirs incontrôlés provoquaient des cris de douleurs, mais le désir était tel qu’ils tendaient leurs fesses pour en redemander malgré tout. Au centre de tout ça, Onaskra était le seul à avoir l’air encore calme. Il surveillait le mur de feu qui avait cessé d’avancer et qui vacillait légèrement. Les mages restants devaient hésiter sur la marche à suivre. Baisser leurs flammes les mettrait à découvert et ils ignoraient ce qui les attendait alors. Concrètement, presque rien, mais derrière Clarence, il aurait pu y avoir des dizaines d’autres mages prêts à l’action. Puisqu’ils ne partaient pas, il était encore temps de frapper un grand coup décida alors le mage tatoué.

Il s’approcha de Clarence et le caressa gentiment. L’homme pleurait presque de désir et de la douleur qui montait en lui. Le mage rouge avait besoin de son sexe et de sa jouissance. Onaskra ne le lui offrit pas immédiatement néanmoins, se contentant de faire grandir l’envie et profitant de la magie qui y était liée qu’il emmagasina simplement. Au bout d’un certain temps alors que les larmes s’étaient mises à couler le long des joues de son partenaire, Onaskra consentit à sortir son sexe pour le pénétrer. Le soupir de soulagement qui échappa à Clarence le fit sourire, mais il refusa d’accélérer, lui faisant l’amour le plus doucement possible. Sous son gland, à chaque passage, il sentait la boule chaude et pulsante qui attendait sa semence pour s’apaiser.

La magie de Clarence se fit de plus en plus compacte, remplie d’un désir brûlant. C’était exactement ce dont Onaskra avait besoin, il accéléra les coups de butoirs, remuant tout le corps de son partenaire à chaque choc, et jouit au fond de ses entrailles. Un peu plus de désir à collecter, mais surtout, à l’instant de sa jouissance, il réactiva sa propre magie. Il allait se faire cruel. Le long de son visage ses tatouages reprirent des couleurs, il noua fermement son pouvoir à Clarence et à l’instant où sa semence vint enfin se glisser sur sa glande douloureuse pour la soulager, il étira le temps. Clarence resta comme suspendu, le corps vrillé par la douleur, les yeux fermés et la bouche entrouverte de soulagement. Très lentement, de son sexe dur comme de la pierre, de la semence s’échappait. Le temps n’était pas réellement arrêté, Clarence était simplement coincé plus longtemps que prévu dans ce début de jouissance et la magie, elle, continuait de s’accumuler.

Onaskra flatta les flancs du mage rouge comme pour le remercier de ce cadeau qu’il lui prenait de force, une nouvelle fois. La magie prenait un volume tout à fait inédit. C’était plus qu’il n’en avait jamais manipulé. C’était parfait. Il s’en servit allégrement, la réunissant pour qu’elle s’abatte comme un raz de marré dont nul ne pourrait s’échapper. Il la dirigea vers les flammes et à peine cette forme de magie si particulière eut-elle traversée les colonnes rouges et orangés, que le mur tomba. Un silence étrange s’abattit. Ce n’était pas réellement silencieux, puisqu’autour d’eux, les gémissements, les cris, les supplications, les bruits de chairs claquant les unes sur les autres se poursuivaient. Néanmoins, le silence était là. Ce silence, c’était le bruit des flammes qui venait de cesser.

Sur plusieurs centaines de mètres, les mages de feux étaient tombés. Ils jouissaient. Ils se frottaient au sol en se lamentant. Ils devenaient fous d’un désir qu’ils ne comprenaient pas. Onaskra sourit et libéra Clarence qui poussa un cri alors que sa semence s’écoulait plus vite. Il finit par retomber, en haletant, sur la cariole. Il pleurait toujours. Il faudrait quelques minutes au moins pour que sa prostate n’aille mieux. En souriant, Onaskra lui demanda :

- Suce-moi.

Et aussitôt Clarence se mit à l’ouvrage, car seul son plaisir comptait.

***

Onaskra dormait à moitié, dans ses bras il tenait fermement Clarence. Son petit mage rouge était épuisé. C’était habituel après une bataille et le tenir ainsi pendant qu’il dormait était devenu tout aussi classique. La calèche les menait à vivre allure vers leurs prochains « terrains de jeux ». On disait que c’était l’un des pires. Des mages s’affrontaient depuis bientôt deux mois. On parlait d’affrontements temporels, de mages illusionnistes qui transformaient le champ de batailles en d’autres choses rendant fous les combattants adverses et parfois, leurs propres combattants également. Les mages rouges de haut niveau étaient rarissimes. Le peu qui avait été envoyé, des mages tout juste compétents, avaient été balayé d’un revers de main dès les premiers jours du conflit.

Toute la zone avait été protégé contre les portails et il était impossible de la rejoindre facilement. C’était une passe, entre deux montagnes très difficiles à franchir. Si l’envahisseur parvenait à prendre ce point stratégique, il se déverserait dans le reste de la vallée à l’arrière des montagnes jusqu’au grand fleuve qui desservait toutes les villes principales de la région. Ce serait une perte immense.

C’était pour ça qu’ils avaient été appelés, pour renverser la balance. Onaskra et Clarence n’en étaient pas à leur premier fait d’armes. Ils enchaînaient les batailles depuis trois ans déjà, sans véritables pauses. L’information se voulait officieuse, d’autant plus que l’envahisseur ignorait la méthode employée car ils ne laissaient jamais le moindre survivant. Personne ne leur échappait. Néanmoins, parmi les plus hauts dirigeants, ce binôme était connu pour sa magie rouge de très haut niveau. Quelque chose d’exceptionnel disait-on. Une combinaison atypique et hautement fonctionnelle.

Du fond de son sommeil, Clarence se mit à chouiner. Onaskra soupira doucement tout en le câlinant. Sa glande devait déjà être gonflée, en attente de son sperme. Le mage rouge ne se réveilla pas, alors qu’il était manipulé en douceur pour rendre accessible son intimité gonflée par les coïts incessant. Onaskra tira sur son pantalon, dégageant son sexe et sans effort, il s’enfonça à l’intérieur de son compagnon qui poussa un soupir de soulagement et se détendit entre ses bras. En douceur, Onaskra bougea en lui pour jouir, presque paresseusement afin de soulager son partenaire. Il le garda contre lui avec tendresse et sourit, lorsque la voix pâteuse de Clarence, toujours à moitié endormi malgré tout murmura :

- Merci…

***

Peu de personnes se souvenaient encore de Clarence pour qui il avait été. Maivy se souvenait de ce mage rouge qu’il n’avait pas utilisé. Il se souvenait de sa peur et de la manière dont il s’était finalement sacrifié corps et âmes pour sauver une ville qui détestait les mages. Arkan se souvenait de ce corps tremblant contre lui, mais il n’aurait pas eu la prétention de dire qu’il l’avait connu pour autant. Jerk se souvenait de ce mage au visage marqué, blotti contre les parois de la cale. Il se souvenait de sa volonté de survivre mais ignorait s’il avait réussi ou ce qu’il était devenu. Le petit Ospern se souvenait d’un monsieur qui le prenait sur ses genoux pour lui faire manger sa compote et qui lui parlait toujours très gentiment. Jean se souvenait des gaufres tournées au feu de bois que le dit monsieur faisait parfois. Flinn le connaissait mieux. Il se souvenait de ses yeux violets, si étranges, de ses manières qui trahissaient son angoisse et de son travail du quotidien. Il se souvenait d’avoir partager des moments de rires et de fatigues avec lui alors que l’auberge ne désemplissait pas. Il se souvenait aussi, d’avoir un jour traversé le portail magique, certain qu’il les rejoindrait. Il ne l’avait pas fait.

De tous, c’était Adelia qui se souvenait le mieux de lui. C’était elle qui l’avait le plus connu, mais jamais elle ne prononçait son nom. Si elle savait le sacrifice qu’il avait fait pour eux, les seules images qui lui revenaient était son corps nu et offert, entouré de leurs anciens clients affamés qui allaient bientôt le prendre charnellement. Ce n’était pas la gêne qui entourait le plus ce souvenir, mais la honte. La honte car elle savait parfaitement qu’il s’était abandonné à l’enfer, pour elle et pour ses enfants.

Parfois, elle se demandait s’il reviendrait, si un jour ou l’autre, il franchirait la porte de l’auberge pour lui demander un jus de fruit, l’un de ces préférés. Il avait toujours eu des goûts simples et il était si facile de lui faire plaisir. Un peu de bouillon et un sourire suffisait. En reprenant l’auberge, elle avait passé presque trois jours à nettoyer les résidus de l’orgies. Elle avait vomi, pas tant à cause du dégoût mais de cette honte qui ne la quittait pas. Malgré tout elle avait gardé l’endroit, pour qu’il puisse les retrouver si d’aventures il parvenait à se libérer.

Elle ignorait que Clarence ne reviendrait jamais, que son destin avait été scellé par la pointe d’une aiguille et qu’il n’y avait aucune échappatoire possible. La quiétude qu’il avait offert à cette ville et à tant d’autres avait un prix, son esprit et ses jouissances, qu’il payerait jusqu’à la fin.

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