Chapitre 16 : torture

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Quelques jours plus tard,


– C’est pas une violation de propriété privé ça ? lançai-je à la femme assise en face de moi.

La détective prit une gorgée de son café avant de répliquer :

– Je ne savais pas ce qui était arrivé à ma cliente.

Elle détourna le regard et avoua :

– Et je ne sais toujours pas.
– Comme quoi s’introduire dans l’appartement de cette cliente et appeler un de ses contacts avec son téléphone n’est pas une des meilleures options.

Elle poussa un soupir.

– J’ai pensé que tu…

La sonnerie de mon portable l’interrompit. Je le sortis de la poche de mon manteau de sorte à voire qui c’était.

« Taliane »

Je fronçai les sourcils.

Elle ne m’appelle jamais. Elle préfère généralement venir me voire en personne pour parler.

Quelque chose ne tourne pas rond.

Je décrochai immédiatement.

– Allô Taliane ?
– J’ai… j’ai besoin… d’aide… je vous en pris…

Sa voix tremblait comme si elle pleurait. L’inquiétude s’empara de moi. Je me fis violence pour garder mon calme.

– Où es-tu ?
– Près du portail. Emmenez… Emmenez une potion de soin…

Ses sanglots s’intensifièrent et elle rajouta d’une voix plaintive :

– Princesse… Je vous en supplie ! Aidez-moi !
– Taliane, ne bouge surtout pas. J’arrive tout de suite.

Je raccrochai et, alors que je m’apprêtai à rejoindre ma maison en courant, la détective m’attrapa le poignet.

– Je t’accompagne, déclara-t-elle.

Ne voulant pas perdre de temps en négociation inutile, je lui répondis d’une haussement d’épaule.

Aurore avait arrêter de pleurer quelques heures après. Depuis, elle passait ses journées à fixer le bois brûler dans la cheminée. Elle semblait vide.
Nomi tentait de lui redonner le sourire mais toutes ses tentatives s’étaient soldées par des échecs.

Il lui faut du temps, annonça Lux à Nathaniella qui jetait des coups d’œil à la jeune blonde de temps à autre.

Son attention se posa sur celui-ci. Les deux Sanroys avaient décidés de l’aider à faire la vaisselle et avaient bien remarqués ses absences.
Distraitement, elle se remit à laver la casserole pour la dixième fois. Le demi-ange lui retira avec douceur des mains tout en rajoutant :

Pour être honnête, c’est la première dois que je la vois comme ça. Ça me fait mal mais…

Il pousse un soupir et continue dans un murmure :

– … il n’y a rien que je puisse faire… que l’on puisse faire à part attendre.

Elle le fixa un instant. Il avait raison et elle le savait.

Elle pensait avoir une chance de retrouver ses parents vivants, déclara Théo qui essuyait une assiette. Ça a été un choque.

Cette fois ce fut un soupir d’agacement qui s’échappa des lèvres de Lux.

Je l’avais prévenue pourtant. Dans notre situation, avoir ses parents vivants c’est quasiment impossible.
Mes filles sont des Sanroys et je suis encore là, répliqua Nathaniella.

Aux regards tristes que lui accordaient les deux garçons, elle comprit très bien le message.
Cette affirmation pouvait très vite devenir obsolète.

– Taliane ! hurlai-je.

Elle tourna son regard vers moi alors que nous arrivions en courant vers elle. Mon inquiétude monta d’un cran quand je vis les torrents de larmes qui coulaient sur ses joues.
Lorsque nous fûmes à quelques centimètres d’elle, je remarquai la personne qu’elle serrait contre elle comme si elle avait peur de la perdre.

– Qu’est-ce qu’il se passe ? m’enquis-je en tentant de garder mon calme.

J’essayai de tout mon être de paraître sereine. Montrer mon inquiétude et ma panique ne ferait que compliquer la situation.
Je m’agenouillai et sortis la fiole d’un petit sac.

– Il… Il est…

Avec une grande minutie, elle posa la personne qu’elle tenait, face contre ciel.
Mon cœur se serra devant l’état pitoyable du jeune homme. Il était remplit d’hématomes. Ses vêtements, particulièrement son haut, étaient déchiquetés et remplit de sang. Chaques déchirures laissaient voire d’affreuses plaies rougeâtres. À croire qu’une bête sauvage l’avait prit pour cible. Sa poitrine se soulevait avec difficulté. L’important c’était qu’il soit toujours vivant. Inconscient et bien amoché mais vivant.
Je m’empressai de lui faire avaler la potion, aidé par la détective. À côté, Taliane ne bougeait plus et ne le quittait pas du regard.

Qui est-il pour elle ?

Cette question me traversa l’esprit. Mais vu que je n’avais pas le temps d’y réfléchir, je la chassais du revers de la main.

– Amenons-le au château, annonça la détective. Il pourra se reposer tranquillement là-bas.

Je fronçai les sourcils.

Elle connaît le Cha…

– IL EN EST HORS DE QUESTION ! hurla à plein poumon l’espionne.

Je sursautai et tournai vers elle un regard surprit.

Ça a pourtant l’air d’une bonne idée.

Je voulus lui demander la raison de son refus mais la détective me devança.

– Taliane, tu veux que l’on le mette où ? Qu’il reste ici dans le froid ?
– NON ! Non ! Non…

Elle semblait complètement paniquée, terrorisée et perdue. Les larmes continuaient de couler sur ses joues alors qu’elle tremblait comme une feuille.
À cet instant, elle ne ressemblait plus au « monstre » qui terrifiait l’Harmonie mais à un chaton apeuré.

– Je… Je ne… veux pas… S’il a besoi… S’il a besoin de quelque chose… Il… Il reviendra et… et…

Ses sanglots s’intensifièrent. Je me précipitai pour la prendre dans mes bras.

– Calme-toi Taliane, lui ordonnai-je doucement. Il ne reviendra pas.

Même si j’ignore de qui il s’agit…

– Et tu penses que c’est en chouinant ici que tu vas empêcher cette éventualité ? lui lança la détective.

La concernée se sépara de mes bras et lui accorda un regard noir.

– Ne parle pas de choses que tu ne connais pas Ermina ! Toi, tu n’as pas peur de lui !

Je leur fis de gros yeux.

– Vous vous connaissez ? ! m’exclamai-je.
– Est-ce que sa famille habite au château ou à côté ? lui demanda-t-elle en plongeant son regard dans le sien.

Voyant l’hésitation de l’espionne, elle rajouta :

– Je comprends que tu ne me fasses pas confiance. Mais pour cette fois, accorde-la moi. Je veux juste vous aider.
– Tu lui as fait quoi ? l’interrogeai-je.
– Si tu fais un seul pas de travers, je me ferais un plaisir de t’étriper, la menaça Taliane, acceptant visiblement son aide. C’est bien compris ?
– Je te donnerais même le poignard si tu le désires, répondit-elle. Nous avons perdu assez de temps comme ça. Où est-ce qu’habites sa famille ?
– Elle habite près du portail.

Ermina se tourna vers moi.

– Linoa, aide-moi à le porter. Je le prend par les épaules et toi par les pieds.

Puis vers l’espionne.

– Tu nous guides, d’accord ?

Elle acquiesça.

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