Chapitre 3 : Astroméria.

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Le lendemain,

Je fus tirée de mon sommeil par les coups à répétition que subissait ma porte. Dans un grognement, je lâchai mon nounours et me levai pour ensuite tituber jusqu'à l'entrée de ma chambre. Après un bâillement, j'attrapai la poignée et la tournai.

Devant moi, souriante, se dressait une jeune fille. Son short et son débardeur était noir tandis que le petit gilet en tissu qu'elle portait était lui vert. Du même vert que la mèche qui descendait ses longs cheveux rose. Ses yeux marrons me fixaient.

- C'est ta colocataire, annonça une voix familière.

Mes yeux se levèrent sur la surveillante d'hier.

J'acquiesçai simplement et fis demi-tour pour retourner dans mon lit.

- Commence à t'installer, lui ordonna-t-elle doucement. Je crois qu'elle n'a pas finit sa nuit.
- Ah... fit la concernée, pourtant ce n'est pas si tôt que ça cinq heure du matin.

Je me plongeai sous ma couette avant de me blottir contre la peluche.

- Tout n'est qu'une question de point de vue. Ah et n'oublie pas : je te fais la visite du lycée à partir de dix heure.
- D'accord.

Puis j'entendis la porte se fermer. Très vite d'autres petits bruits emplirent la pièce.

- Je m'appelle Astroméria, annonça-t-elle, et vous ?
- Linoa, répondis-je lentement et le plus brièvement possible. Tutoie.
- C'est trop d'honneur pour moi, princesse !

« Princesse » ?

Ce mot résonna dans mon oreille.

- « Princesse » ? répétais-je, tu me connais ?
- C'est même pour vous que je suis ici.
- Heinhein, l'incitai-je à continuer.
- Je suis l'une des deux gardiens ayant pour rôle de préserver l'équilibre du monde. Pour cela nous devons veiller à ce qu'il y ait toujours des héritiers et héritières de l'Harmonie et du Chaos. En clair on doit vous empêcher de vous entre tuer et nous ne devons intervenir que dans ce cas précis. Mais disons que là vous êtes... euh... je veux dire tu es un cas particulier. Tu n'as pas encore tes pouvoirs en plus de n'avoir pris conscience de ton rôle que récemment. De plus tu es la dernière héritière du Chaos. Vu qu'on veut te tuer comme n'importe quel autre héritier du Chaos et de l'Harmonie, il est capital qu'une gardienne te protège. Me voici.

Une phrase tilta dans mon esprit.

On veut me tuer ?

- Bon, je vais faire un petit tour ! annonça-t-elle, repose-toi bien !
- Non att...

La porte se referma derrière elle.

- ... ends Astroméria.

Un silence des plus lourds pesa sur la chambre.

Je me blottis davantage contre ma peluche, guettant le moindre bruit.

Bizarrement, je me sentais tout à fait réveillée à présent...

Quelques heures plus tard,

J'avais réussis à éviter Nel avec brio...

- LINOA ! hurla-t-il en arrivant vers moi. ON DOIT S'EXPLIQUER !

... jusqu'à maintenant. Heureusement que le hall était désert.

- Sur quoi ? lançai-je le plus innocemment possible. Je n'ai rien fait de mal récemment.
- Arrêtez de vous payer ma tête ! contesta-t-il en me fusillant du regard.
- Tiens tu arrêtes de hurler ?
- LÀ n'est pas la question. LA question est plutôt : QU'EST-CE QUI VOUS AIT PASSÉ PAR LA TÊTE ?
- Salut Nel ! intervient une voix familière. Salut Linoa !

Quelques secondes plus tard, Callen fut près de nous.

- Qu'est-ce qui se passe ? s'enquit-il.

Le démon se tourna vers lui.

- Linoa qui n'en fait qu'à sa tête...

Son regard désapprobateur tomba sur moi.

- ... comme d'habitude, finit-il.
- Oh je suis juste allée me promener, répliquai-je en croisant les bras. Ce n'est pas un drame.
- PAS UN DRAME ? s'étrangla-t-il. VOUS AURIEZ PU ÊTRE ENLEVÉE OU... OU !
- Quelque chose dont tu ne m'as pas encore parlé, n'est-ce pas ? lui lançai-je d'une voix pleine de reproche en repensant à la mission d'Astroméria.

En comprenant ce à quoi je faisait référence, il se calma un peu.

- Je ne voulais pas vous faire peur !
- Tu n'avais pas à t'inquiéter Nel, me soutient Callen, ramenant ainsi l'attention du démon sur lui. De tout manière elle...

Anticipant la suite de sa phrase, je plaçai mon index sur mes lèvres pour lui intimer l'ordre de ne rien dévoiler.

S'il apprenait que c'était un rendez-vous avec Callen, je n'ose même pas imaginer sa réaction... Ah oui ! Je ne vous l'ai pas raconté ! Voyez-vous, il y a quelques jours, Nel et moi avons parlé mariage. Enfin il M'A GONFLÉ avec l'idée du mariage. Il pense - comme tout le peuple du Chaos selon lui - que je devrais me marier au plus vite. Parce que je suis la dernière héritière du Chaos ; que si je venais à mourir, le Chaos disparaîtrait et bla bla bla... mais vous savez ce qui est le pire - et aussi la raison pour laquelle j'évoque cela - ? C'est que ça ne doit pas être n'importe qui. Obscuriens - démons - ou sorciers, y a aucun problème. Qu'il soit Grand Noble - donc proche de la famille royale - ou pas, peut importe. Par contre si c'est un humain alors là... blasphème ! Hérésie ! Sacrilège ! Honte ! Héritière indigne ! Vous voyez le genre ?
En fait, je crois que c'est parce que les humains sont mi-Chaos, mi-Harmonie. Si je me souviens bien de l'histoire que m'a raconté ce crétin de démon, c'était à une époque très lointaine - vraiment très lointaine vu que se serait le naissance de l'humanité -. Ils y auraient eu des amours interdits entre des habitants du Chaos et de l'Harmonie. Cette tendance a vite été sévèrement punie mais c'était déjà trop tard : des personnes mi-Chaos, mi-Harmonie avaient déjà vu le jour. Pour une raison inexpliquée, la plupart n'avaient pas de pouvoirs. C'étaient les premiers Hommes. Bon, après les humains en ont quand même fait baver aux peuples du Chaos et de l'Harmonie. Entre les sorciers et les magiciens mis dans le même sac et tués dans d'horribles souffrances lors de la chasse aux sorcières, les démons chassés et les anges qui pouvaient se faire enfermer dans des cirques ou dans des foires - si ce n'était pas cloué contre un mur - pour qu'on puisse les « admirer »... Y a de quoi avoir une petite dent contre eux...

- Linoa, vous êtes encore avec nous ?

Dans un sursaut, je sortis de mes pensées.

- Ah... oui... je suis tout ouïe mon cher.

Il me lança un regard blasé avant de déclarer :

- Callen va attendre Astroméria pour aller manger - vu que normalement ils doivent s'absenter tout deux jusqu'à midi -. Nous passerons avant pour que l'on puisse parler de choses sérieuses si vous voyez ce que je veux dire.
- Ouais... ouais. Continue.
- Nous les attendrons donc là-bas.
- Ok.

Soudain je me rendis compte de quelque chose.

- Attendez ! m'exclamai-je. Vous connaissez déjà Astroméria ?

Nel me lança à nouveau un regard blasé.

- Elle est restée avec nous un petit moment. Mais vous étiez beaucoup trop occupée à rêvasser pour vous soucier de ce qui se passait à côté de vous.
- Oh ça va ! Si on a plus le droit de s'absenter mentalement deux minutes.
- Douze minutes.
- Hein ?
- Vous vous êtes absenté mentalement durant douze minutes.
- Ah... quand même...
- Mais bref, annonça Callen, il va falloir que j'y aille sinon je vais être en retard.

Mon attention retomba sur lui.

- Déjà ? me lamentai-je.
- C'est sûre que pour vous qui vous êtes absen...
- Oh la ferme Nel.
- Bon à plus, annonça-t-il.

Et sur ces mots, il partit tranquillement. Mes yeux ne le lâchèrent pas tandis qu'il traversait le vaste hall pour se diriger vers la porte.

- Dites princesse...
- Hum ?
- Je vous hurle dessus maintenant ou vous préférez que se soit dans le self ?
- Self.
- Comme vous voulez.

Plus tard,

- Cible à droite, murmura une voix dans son oreillette. Normalement il est dos à toi.

Il se plaqua contre le mur de la ruelle. Profitant de la cachette que lui offrait l'obscurité, il regarda avec attention l'homme qui se tenait seul dans la rue.

En effet, il était dos à lui.

Il appuya sur l'oreillette avant de murmurer le plus bas possible :

- Repéré. Tiens toi prête à le suivre le plus loin possible : on ne sors pas de ces ruelles avant d'être en pleine foule. Avec un peu de chance aucun de nous ne le perdra de vue.
- Reçue.

Mais l'homme ne bougea pas pendant un moment. Quand il le fit, ce fut pour se tourner dans sa direction.

Le jeune homme ne bougea pas.

Leur cible tendit soudainement la main vers lui et, avant qu'il n'ait le temps de réagir, une douleur au niveau de sa joue apparue avec le petit bruit de fer qui tombe sur le sol.

L'homme agita ses lèvres en un message silencieux.

« Trouvé »

Le rythme cardiaque du jeune homme augmenta tandis que sa paralysie s'envolait au profit de la fuite.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? s'enquit la voix inquiète à l'oreillette.

Elle répéta de nombreuses fois son prénom avant qu'il ne trouve le courage de murmurer, contenant son envie de hurler de terreur :

- Il faut qu'on parte. Maintenant.
- D'accord. On se retrouve tu sais où.

Il détala à toute allure, priant pour que l'homme ne le suive pas.
Il savait se défendre et se battre mais quelque chose en cet homme animait son instinct de survie. Peut-être le faite qu'il vienne de le repérer dans l'obscurité et de le blesser ? Ou était-ce juste ces yeux couleurs sang ?

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