Chapitre 9 : Bal d'hiver.

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Quelques semaines plus tard,



_Tu vas mettre quoi pour ce soir ? Demanda Astroméria.


Comme une folle, elle s'agitait dans toute la chambre. Elle semblait tiraillée entre le stress et l'excitation liés au bal.


_La même tenue que je mets pour ce genre d’événements. Répondis-je vaguement.


Allongée telle une larve sur mon lit, mon esprit était ailleurs.


_D'ailleurs, il te voulait quoi Callen tout à l'heure ? Me demanda-t-elle tandis que, devant mon miroir, elle plaçait devant elle des ensembles pour voir ce qui irait le mieux. Il t'a enfin invité pour le bal ?

_Il n'y va pas. Répondis-je. Occupé.

_Ah... Tu dois être déçue. Il a du te l'annoncer c'est ça ?

_Je le savais déjà... Il l'avait dit un jour à table.


Un long baiser passionné... Je n'arrêtai pas d'y penser.


_Je t'aime Linoa.


Mes joues explosèrent tandis que je les cachais avec mes mains.


_Euh... Linoa, ça va ?

_Ni... Nickel.


Je suis en couple avec Callen ! Depuis le temps que j'attends ça ! C'était juste... Magique... Bon, je ne le verrai pas ce soir...


_Tu es bizarre...

_C'est naturel chez elle. Lança une voix familière.

_CASSANDRE ? !

_Quelque chose ne vas pas Astroméria ? Demanda-t-il, surprit.

_Mais... Mais faut... Faut pas que tu me vois avant ce soir, ça porte malheur !

_Hein ?

_Astroméria, tu confonds avec le mariage. Lançai-je.

_Le mariage ? Ah oui ! C'est bon je m'en souviens.

_Okay... D'ailleurs, sœurette.

_Quoi ?

_Il y aurait pas quelque chose que tu aurais oublier de dire à ton frère chérie ?


Mes joues s'étant calmées, je me redressai en enlevant mes mains.


_Hé ! On se calme ! C'est pas parce que l'on se coutoie à l'école que ça doit aller plus loin ! Répliquai- je.


Son sourire malicieux ne présageait rien de bon.


_Oui ? Lançai-je sur mes gardes.


Il s'assit sur mon lit en me fixant.


_Hé ! Hé ! On va jouer à un jeux ! Je vais lire dans tes pensées...

_Si ça t'amuse.


Tout à coup, il posa son index sur mes lèvres et me regarda dans les yeux.


_Callen t'as embrassé.


Mes joues n'en supportèrent pas davantage.


_Qu... Quoi... C... Tu... Sa... I... T.... Ca... Buggais-je.

_Figure toi que je suis passé à ce moment-là dans le couloir où vous étiez. Répondit-il. J'ai été gentil, j'ai fait demi-tour. Alors, vous êtes ensembles maintenant ?


Je poussai un soupir avant d'acquiescer.


_Mais c'est fantastique ! S'exclama Astroméria. Enfin... Dommage qu'il ne vienne pas au bal...

_Comme tu dis.

_Il n'y ait jamais allé si je me souviens bien. Annonça Cassandre.

_Oui. Confirmai-je. À chaque fois, il était occupé.


Le regard de Cassandre se plongea à nouveau dans le mien.


_Je voudrais pas ruiner ton couple mais tu ne trouves pas que Callen se comporte bizarrement ?

_Pas plus que moi... Répliquai-je en me laissant tomber en arrière.

_Au point d'avoir l'impression qu'il cache quelque chose ? Il semblait bien en colère après ces parents...


Niveau secret, je ne peux pas vraiment me la ramener...


_C'est pas si grave que ça. Répliquai-je.

_Bah si t'as envie de construire ta relation sur des mensonges, oui.

_Arrête de raconter n'importe quoi !


Ce ne fut qu'à ce moment-là que je me rendis compte, avec tristesse, que notre relation ne pourrait qu'être éphémère.


Non, ne déprime pas Linoa. Profite uniquement du moment présent.





Quelques heures plus tard,


La nuit était tombée tout comme les flocons de neige.

Un verre de punch sans alcool dans les mains, j'observais l'obscurité.


_Linoa ?


Surprise, je sursautai.


_Je t'ai fais peur ? Demanda-t-elle tandis que je me tournais vers elle.

_Oh non ne t'inquiètes pas. Répondis-je en souriant.


À côté d'Eve, un jeune homme lui tenait la main. Il avait de court cheveux bleu turquoise. L'unique mèche longue avait été tressé. Ses yeux bleu nuit était posés sur moi.


_Alors c'est lui le fameux prétendant gardien ? Demandai-je à Eve. Ton petit ami ?


Elle acquiesça en rajoutant :


_Il s'appelle Naos. Il a un an de plus que nous.

_Enchanté princesse. Répondit-il.

_Ne fait pas de politesse avec moi ! Répliquai-je. Moi aussi je suis enchantée de faire ta connaissance.


Après avoir apprit qu'elle était une des héritière de l'Harmonie, nous avions beaucoup discuté de sa vie là-bas. J'avais enfin pu en apprendre plus sur cette affaire familial : son petit ami était la cause du « renie » de Eve. En l'aimant, elle faisait honte à sa famille ce qui était insupportable pour eux.


_NAOS ! Cria une voix familière.


Astroméria se jeta à son cou.


_Ça fait tellement longtemps ! S'exclama-t-elle.

_Tu as toujours la pêche à ce que je vois. Lança-t-il en souriant.


Elle s'éloigna de lui pour lui faire un grand sourire.


_Tu es passé au village récemment ? S'enquit-elle.

_Le « village » ? Interrogeai-je.

_Là où les prétendants gardiens vivent. Me répondit Eve. C'est complètement coupé du monde.

_Ah...

_Oui. Répondit Naos. Juste avant de venir ici.

_Comment va Volt ?

_Toujours fidèle à lui-même. D'ailleurs il...


Son regard se plongea dans celui de la gardienne et il sembla tout à coup prit de doute.


_Il... ? Insista Astroméria en constatant qu'il hésitait.

_Non rien. Laisse tomber.

_Vas-y dit !

_C'est quelque chose d'important ? L'interrogea Eve.

_On en parlera tout à l'heure. Répondit-il en se tournant vers elle.

_Mais pourquoi moi j'ai pas le droit de savoir ? S'enquit la gardienne.


L'attention de Naos retomba sur elle.


_Astroméria, est-ce que tu as un cavalier ? Demanda-t-il pour détourner la conversation.

_Oui ! Répondit-elle toute joyeuse.

_Hé ! Hé !

_Et c'est qui ? S'enquit Naos.

_Hé ! Hé ! La crétine !

_Le crétin qui cri. Répondis-je.

_Tu le connais ? Me demanda Naos.

_Ouais. C'est mon frère.


Il leva un sourcil perplexe.


_De ma famille adoptive. M'empressai-je de rajouter.

_Ah...

_Hé ! Linoa ! Tu as vu ? Me demanda-t-il en arrivant près de nous.

_Quoi ? Ton air crétin ? Tu le portes tous les jours.


Il me lança un regard blasé.


_Non. Répliqua-t-il avec insistance.


Puis il pointa du doigt une direction. Je me penchai pour pouvoir regarder.

Toute seule, près d'une table, une jeune femme buvait tranquillement son punch sans alcool. Elle portait une longue robe rouge/orangé. Ses cheveux ondulés, qui étaient attachés en queue de cheval haute, tombaient gracieusement sur ses omoplates. Je compris tout de suite pourquoi mon frère me la montrait.


Elle était rousse.


Dans notre famille, il n'y a que trois roux : Cassandre et... Enfin, ils ne sont actuellement que deux dans la famille à avoir une couleur de cheveux pareille. De plus, je ne crois pas avoir vu d'autres roux au lycée... Enfin, jusqu'à aujourd'hui.


_Je vais essayer de me rapprocher d'elle. Annonça-t-il.


Je lui fis de gros yeux.


_Dans quel sens ?


Il a lâché Astroméria ? !


_En amitié. Répondit-il sèchement. Comment tu as peux penser que...


Réalisant soudain la présence de sa bien aimée, il se tut. Un peu plus et on était témoin de la déclaration indirect la plus ridicule au monde... Et vu le monde qu'il y avait au gymnase pour le bal, il ne s'en serait jamais remis.


_Que... ? Insista Astroméria.

_Non rien. Laisse tomber.


Elle gonfla ses joues en marmonnant :


_Tout le monde commence des phrases qu'ils ne terminent pas ce soir.

_Ah... Euh... Non... Je...

_Vous allez danser ? S'enquit Naos.


Astroméria reporta toute son attention sur lui.


Le prétendant gardien venait de sauver mon frère.


_J'aimerais bien ! S'exclama-t-elle joyeusement. Sur une musique qui bouge ! Et vous ?


Il passa un bras autour des hanches de Eve et la ramena près de lui.


_Plutôt une musique calme. Pour partager un instant en amoureux.


Les deux tourtereaux plongèrent tendrement leur regard l'un dans l'autre.


_Se sentir seul un instant... Commença-t-elle.

_... Seulement toi et moi...


Et ils s'embrassèrent tendrement tandis qu'une nouvelle musique démarrait. Astroméria poussa un petit cri de joie, attrapa la main de mon frère et l'entraîna avec elle en criant :


_C'est notre danse !


Le pauvre Cassandre n'eut pas le temps de répliquer... Quoique... Avait-il vraiment l'attention de répliquer ?


Eve et Naos étaient complètement dans leur bulle. Ne voulant pas les déranger, je partis doucement en bredouillant une excuse :


_Je vais me chercher à boire.


Sur le chemin, un cri m'arrêta.


_Ils sont troooooooooop mignons !

_On peut pas dire le contraire.


De loin, Mélodie et Théodore observaient le petit couple.


_Dommage que ce soit un prétendant gardien... Elle aurait du tomber amoureuse d'un Luxien ou d'un magicien.

_Si je lui avais présenté un de mes amis, peut-être qu'elle serait en couple avec l'un d'entre eux à l'heure qu'il est... Regretta-t-il.

_Ce n'est pas de ta faute mon ange ! Répliqua-t-elle en souriant. On ne pouvait pas prévoir. Mais ils n'empêchent qu'ils vont bien ensemble !

_Très bien même.

_Mais c'est un prétendant gardien...

_Seule ombre au tableau.

_Sinon, je crois que je m'entendrais super bien avec lui. Se serait un super beau frère...


Okay, j'ai pigé. Ils sont en plein dilemme.


Tranquillement, je continuai ma route. Arrivée au buffet, je me resservais du punch avant de m'appuyer contre la table pour contempler la vaste salle.

Près de la piste de danse, une masse d'élèves formaient un cercle, encourageant et applaudissant.


Qui est-ce qu'ils applaudissent ?


_Une fille comme toi sait manier ses « trucs » ? S'enquit une voix malheureusement familière.


Mon regard tomba sur la concernée. Elle était assise sur une chaise près de la table, telle une poupée bien habillée disposée sur un fauteuil.

Je me redressai et levai une jambe de sorte à pouvoir poser un doigt sur l'extrémité du talon.


_Tu parles de ça ?


À la tête d’Éden, je compris que j'avais vu juste.


_L'habitude. Répondis-je simplement en reposant mon pied au sol.

_L'habitude ? ! S'exclama-t-elle. Tu portes toujours des bottes à lacets !

_Sauf lors des dîners mondains et autres événements à lequel mon père et sa famille sont conviés. D’ailleurs, depuis quand tu me parles bien ?

_Si tu m'apprends à manier « ça », je continu à bien te parler.

_Juste bien me parler ?


Je m’appuyais à nouveau contre la table en continuant :


_Pour apprendre à manier les talons, il faut beaucoup d'entraînement. Il paraît que certaines en sont mortes. Après tout, une débutante ne peut pas être une bonne prof...


Je contemplai la surprise dans les yeux d’Éden.


_La... La mort ? Répéta-t-elle.


J'acquiesçai avant de rajouter :


_Mais tu as de la chance, je suis au stade experte. À force de me bagarrer dans un coin avec Cassandre lors de ce genre d’événements...

_Alors tu pourrais me l'apprendre ?


Je voyais une once d'espoir danser dans ces yeux.


_Pourquoi veux-tu apprendre cet art ? M'enquis-je.

_C'est pour les bals chez l'Harmonie. Ma mère m'a dit qu'il faudrait que je me montre plus « féminine » et ça passe par l'utilisation de ces... trucs.

_Ah...

_Alors tu peux me l'apprendre cet « art » ?

_Bien sûr mais ce n'est pas gratuit. Bien me parler ne me suffira pas.


Elle resta un moment silencieuse avant de me demander avec méfiance :


_Et il faut quoi en plus ?

_Que tu arrêtes d'embêter Eve, que tu me passes tous tes déserts pendant un mois et que tu m'appelles Maîtresse, il en va de soit.

_QUOI ? ! S'étrangla-t-elle.

_Tu ne veux pas ? M'enquis-je en feignant un air déçu. Dommage... J'espère pour toi que la maîtrise des talons n'est pas une compétence à avoir pour devenir reine de l'Harmonie...

_Non ! Je n'ai jamais dit que je n'acceptais pas !


Je tentai d'étouffer mon petit sourire malicieux.


_Alors ça veut dire que tu acceptes ?


Elle sembla hésiter quelques secondes puis elle me tendit la main en me regardant avec détermination :


_Marché conclu !


Je lui serrai la main.


_Tu as fais le bon choix.


Comment ça je suis une manipulatrice qui profite de sa naïveté ? Sachez, pour votre gouverne, que Éden m'a déjà fait pas mal de crasse. Ce n'est qu'un juste retour des choses.


Le Karma ? C'est n'importe quoi.


_C'était trop bien ! S'exclama la voix d'Astroméria. On y refera ? Hein ? Hein ?

_Oui mais pas maintenant. Je suis crevé !


Comme par magie, mon gobelet disparu de mes mains... Pour réapparaître dans celles de Cassandre.


_Merci sœurette ! S'exclama-t-il avant de boire une gorgée.


Je lui jetai un regard noir.


_C'est MON verre.

_Plus maintenant. Répliqua-t-il avec un sourire sournois. D'ailleurs si tu pouvais me resservir.

_Te resservir ? Pas de problème.


Un peu surprit, il me passa le gobelet que je m'empressai de remplir.


_Euh... Linoa, tu te sens bien ?


Je me tournai vers lui.


_Très bien même ! Répondis-je en vidant le punch sur sa tête.


Sentant la bagarre arrivée, Astroméria tenta de nous calmer mais rien ne pouvais stopper la colère sourde de Cassandre.


_Toi...


Avant qu'il n'est le temps d'attaquer, je lance ma jambe en direction de sa tête. Il prépare son avant-bras à arrêter le coup.


_STOP !


PAN !


Nous nous arrêtâmes immédiatement. Plus loin, les autres élèves ne semblaient pas y prêter attention... À l’exception d'une...


La jeune rousse, visiblement paniquée, jeta ses talons pour se précipiter à la porte – près de nous – en criant :


_CALLEN !


Mon cœur rata un battement.


Callen... Callen est en danger... ?


L'inquiétude et la panique montèrent rapidement en moi.


Non... Non... Ça n'arrivera pas encore une fois !


Je me précipitai sur la porte à mon tour mais une voix familière m'interrompit.


_Linoa, qu'est-ce que tu fais ? ! S'exclama Cassandre.

_Tu as entendu non ? ! Lui lançai-je, une main posé contre la porte, prête à sortir. Callen doit être en danger !

_Attends moi ! M'ordonna Astroméria en se précipitant vers moi.

_Et moi aussi ! Rajouta Éden en tombant.


Elle se rattrapa de justesse sur l'épaule de mon frère qui avait croiser les bras et commença à retirer ses talons.


_Là où il y a du danger, il y a un combat ! Et je me ferais un plaisir de réduire l'ennemi en charpie !


Et sur ces mots, elle les posa sur les bras de Cassandre qui les retient de tomber de justesse.


_Hé ! Vous allez là où il y a eu le bruit de coup de feu ? ! Vous êtes complètement folles !


Je me tournai vers lui en répliquant :


_Ma vie entière est folle.


Puis nous sortîmes à toute allure sous les protestations de Cassandre. La neige me glaçait les chevilles mais cela ne m'arrêta pas.


Des coups de feu continuaient de retenir dans la nuit.

Seulement éclairer par la lune, ces bruits inquiétants étaient nos seuls guides.


Rapidement, nous arrivâmes vers eux.


_Merde ! S'exclama-t-il. Je n'ai plus de munition !

_Moi aussi ! Répondit la jeune rousse.

_Callen ! Hurlai-je en arrivant près de lui.

_Linoa, rentre immédiatement !


Je me postai en face de lui tandis que Éden et Astroméria arrivaient près de moi.

Mon inquiétude monta d'un cran quand je vis le filet de sang qui traversait son visage. Doucement, mes doigts effleurèrent sa joue. De sa main gauche, il me saisit tendrement le poignet. Sa main droite tenait un revolver aussi sombre que sa tenue.


_Qui t'as fait ça ? Lui demandai-je.


Il plongea ses yeux émeraude dans les miens.


_Rentre.

_Qui t'as fait ça ? Insistai-je.


Il poussa un soupir de résignation.


_Daphné.

_Daphné !


Un long cris suivit cet appelle.

Immobile sur le sol, Astroméria pleurait.

Perdue, je me tournai vers celle qui l'avait attaqué.


_Daphné, qu'est-ce qui...


Je m'interrompis en croisant son regard vide... Horriblement vide.

Sa tenue aussi sortait de l'ordinaire... On aurait dit une tenue de poupée en porcelaine mais tout en noir et avec un peu moins de dentelle.


_Elle ne s'appelle plus Daphné mais Doll.


Derrière elle, une paire de yeux rubis apparut. La même paire de yeux que j'avais vu à la cafétéria. Mais cette fois, la personne s'avança pour que l'on puisse l'observer.

Il était aussi inquiétant que beau, habillé comme un Anglais du XIX ème siècle.


_Qu'est-ce que tu lui as fait ? ! Lui criai-je.

_Je n'ai fait que rembourser les dommages qu'elle m'a fait.

_Qui es-tu ? Cria Éden. Histoire que je sache quel nom gravé sur ta tombe !

_En voilà des manières princesse ! S'exclama-t-il.

_ « Princesse » ? Répéta Callen.


Mon attention retomba sur lui.


_Partez devant. Leur ordonnai-je.

_Il en est hors de question.

_On vous suit. Juste le temps que je relève Astroméria et que j'arrête Éden.


Callen me fixa un moment.


_Tu me le promets ?


Mon cœur se serra en pensant déjà à la trahison que j'allais lui faire.

Mais toute cette histoire ne le concerne pas.


_Je te le promets.


Pardonne moi. C'est pour ton bien.


_Esméralda, on y va. Annonça-t-il.

_Quoi ? ! S'étrangla-t-elle. Tu vas les laisser là ? ! Et puis la...

_Esméralda, on y va. Répéta-t-il plus sèchement. Des vies innocentes sont en jeux.


Dans cette histoire ? Je ne pense pas que nous soyons extérieure à ce qu'il se passe. Ce sont plutôt eux.


_Ok... Ok...


Et sur ces mots ils se mirent en route. Immédiatement, je l'appelai :


_Leon.


Le lion à la crinière d'Ombre apparu à mes côtés.


_S'il-te-plaît, fait en sorte qu'ils ne reviennent plus ici. Mais ne les blesse pas.


Son regard se remplit d'inquiétude.


« Tu es sûre de pouvoir te passer de ma protection ? Tu connais encore peu de sorts... »


_Ne t'inquiète pas pour moi. Le rassurai-je.

_Prépare toi pour le combat ! Hurla la voix de Éden.


Elle se précipita sur l'homme.


_Elle est là. Rajoutai-je. Tu n'as rien à craindre pour moi.


Il sembla hésiter un instant puis, rapidement, il céda. Tandis qu'il disparaissait à nouveau, un cri retentit. Éden avait été renvoyé au tapis... Enfin, pas pour longtemps. Elle se releva en criant :


_Pourquoi tu ne te bas pas ? ! Et puis, pourquoi tu me dis pas ton nom ? !

_Oh vu que tu as l'air tellement intéressé par celui-ci, je vais te le dire...


Un grand sourire étira son visage tandis qu'il rajoutait :


_Je m'appelle Néant.

_Tu parles d'un nom... Cracha Éden. C'est pourrit.

_Oh, ne t'inquiètes pas tu ne seras pas dégoûté longtemps.

_Daphné !


La voix d'Astroméria nous surprit, Éden et moi. Nous nous tournâmes vers elle. Un bras rabattu autour d'elle, pliée en deux, le visage en sang et en larmes, elle tendait sa main libre vers Doll.


_Ce n'est pas possible hein ? Tu joues la comédie ?

_Oula... Elle est mal en point... Déclara la princesse de l'Harmonie.


Elle se tourna vers moi en rajoutant :


_T'aurais pas une potion de soin ?


Je lui jetai un regard blasé.


_Ouais.... Ouais... Je me balade avec des fioles aussi grosse qu'une canette avec moi !

_C'est vrai ?

_Nan. On est dans le territoire des humains ici. Et ça, c'est le truc le moins discret que tu puisses faire. Et puis, tu ne connais pas de sorts de soin, toi ?

_Bah... Disons que je n'ai pas encore travaillé ce point...

_Ok. En clair, on est dans un sacré pétrin.

_N'importe quoi ! L'attaque est la meilleur des défenses !

_Eh bien mes chères princesses, voulez-vous que je vous serve votre thé ? Nous sommes ici pour nous battre. Enfin... Plutôt pour me distraire.

_Qu'est-ce que vous nous voulez exactement ? Demandai-je.

_Oh rien de bien difficile. Juste votre vie.

_Ah... Ça c'est bien. Déclara Éden. Enfin quelqu'un d'assez censé pour vouloir se débarrasser du Chaos !

_Hé ! Continue comme ça et mon enseignement de l'Art du talon tu pourras te le mettre là où je pense !

_Non, je veux aussi la vôtre princesse Éden. Et celle des autres héritiers de l'Harmonie.

_HEIN ? ! Nous exclamâmes-nous à l'unisson. MAIS TU ES DE QUEL CÔTÉ ? !

_Doll, à toi de jouer.


Elle acquiesça avant de se précipiter sur nous. Difficilement, Éden la bloqua.


_Linoa, va protéger Astroméria !

_J'y vais.


Je me précipitai sur elle avant de créer un bouclier. Un immense sceau blanc se dressa devant nous.


_Repose toi. Ne bouge pas. Lui ordonnai-je doucement.


Non loin, Éden tentait tant bien d'arrêter Daphné en la blessant. Mais celle-ci, visiblement insensible à la douleur, restait debout à l'attaquer.

Il était évident que l'on ne tiendrait pas longtemps.


Astroméria est blessée et... Et je la vois vraiment mal combattre alors si cette personne est en plus Daphné....

J'ai moins d'entraînement que Éden. J'apprends à peine à maîtriser le pouvoir de cauchemar...


Mais bien sûr !


Mon regard tomba sur Néant.


Si je lis son cauchemar, se sera beaucoup plus facile non ?


_Reste ici, je reviens. Lançai-je à Astroméria dans un murmure.


Doucement, je me levai, annulai mon bouclier pour un crée un autre uniquement pour la gardienne et partis bien décidée à lire les peurs de notre ennemi.

Trop distrait à se moquer de Éden, l’infâme personnage ne me remarqua pas... Enfin...


_Que veux-tu ? Que fais-tu ? Me lança-t-il.


Levant les yeux, je plongeai mon regard dans le sien.



La salle était envahit par une chanson qui m'était étrangement familière.

Deux silhouettes, devant une lourde caisse de pierre elle-même devant un mur remplit d'étranges symboles, se tenaient la main.

Des gémissements augmentaient tandis que de plus en plus, le Néant disparaissait dans la boîte...



Le cauchemar s'arrêta.


Qu'est-ce que c'était que ce cauchemar ? Cette boîte ? Cet endroit ?


Est-ce... Que... Est-ce qu'il peut être scellé... ?


Pas le temps de créer une ombre secondaire : je me sentis partir en arrière. Un mur m'arrêta brusquement.

Mon corps me faisait horriblement souffrir. Tout à coup quelqu'un me saisit le cou et me força à me relever. Attrapant la main gantée de Néant, je lus de la haine dans ses yeux. Son air sournois avait disparu.


_Comment à tu osé ? !


Son emprise se resserra.

L'air commençait à se faire plus rare, ma respiration plus bruyante.

Croisant ses yeux, comme ensorcelée, je ne pus lui échapper. Je sentis soudain un sentiment de malaise tandis qu'il me relâchait.

Petit-à-petit, le monde semblait disparaître. Je ne sentai plus le sol.


_On y va Doll.

_Attends !


Un cris.

Des bruits de combat.


_Je te retrouverai Daphné...


Astroméria... ?

Son ton sérieux contrastait tellement avec sa personnalité...


Je pouvais encore distinguer sa chevelure rosé.


_... Je te tuerais. De mes propres mains.

_Linoa ! S'écria une voix.


Éden se pencha au-dessus de moi.


_Ça va ?


Je lui fis les gros yeux.


Ce n'était plus Éden devant moi mais...


_... Maman... ?




Tant bien que mal, poursuivit par le lion qui semblait vouloir leur faire faire demi-tour, les deux adolescents réussirent à retourner au point de départ.


« Elle m'a mentit » Constat-t-il, son regard se posant sur la jeune fille à moitié allongée au sol.


Elle parlait mais ils étaient encore trop loin pour distinguer quoique ce soit.


_Elle nage en plein délire. Annonça Éden.

_C'est normale... Répondit la gardienne. Je crois qu'il a utilisé ce pouvoir.

_Quel pouvoir ? Et puis, tu connais ce type ?

_Flame... Revient... Maman... Gémissait sa petite amie.


Elle semblait très très mal ce qui lui serra le cœur.


_Qu'est-ce qui lui arrive ? S'enquit-il.


Ce ne fut qu'à ce moment-là que les deux filles le remarquèrent. Et qu'il remarqua leur blessure.


À l'intérieur de lui, la colère se mêlait à l'inquiétude. En plus de lui avoir mentit, Linoa s'était battu en compagnie d'Éden et d'Astroméria ! Comment avaient-elles pu s'imaginer une seule seconde qu'elles pouvaient le battre ? !


_Elle... Elle est...


Son attention retomba sur Astroméria qui semblait chercher ses mots.


_... Tu vois l'homme de tout à l'heure ?

_Oui et ?

_Eh bien... Il s'appelle Néant...

_Tiens, au moins on n'aura pas perdu notre soiré. Lança Esméralda à Callen.

_Et ? Insista-t-il.

_Il... Il a plongé Linoa dans un cauchemar...


Il leva un sourcil septique.


_Comment il a pu....

_LÂCHEZ MOI !


Debout, elle semblait toutefois prête à tomber à n'importe quels instants. Ses yeux pleins de haine dévisageaient toutes les personnes présentes... Elle ne semblait plus être elle-même.


_Elle va devenir comme Daphné ?


Elle hocha la tête de droite à gauche.


_Linoa y est « immunisée ».


La concernée se jeta violemment sur celle-ci qui l'évita simplement. Elle tomba au sol.

Se fut bien la première fois que le jeune homme vit Astroméria aussi sérieuse.


_Un baiser devrait suffire. Lança-t-elle soudainement.

_Hein ?

_Tu es en couple avec Linoa non ? Vous avez un lien entre vous deux. Un lien qui te permet notamment de communiquer avec son Ombre.

_Ombre ?

_Laisse tomber c'est compliqué.

_C'est Nel qui va être content en l'apprenant. Ironisa Éden.

_Effectivement mais bref...


Linoa tenta à nouveau une attaque mais Éden l'a bloqua. Dos à elle, elle plaqua ses bras dans son dos, l'empêchant de recommencer.


_C'est dingue ! S'exclama l'héritière. Elle a même pas le réflexe d'utiliser ses...

_Tu préférais ?

_Se serait plus amusant.


Elle poussa un profond soupir.


« De quoi parlent-elles ? » Songea-t-il perdu.


_Callen, tu connais les contes de fée ? La Belle aux bois dormant ?

_Euh... Ouais. On a du me le raconter quand j'étais enfant pourquoi ?

_Tu te souviens comment le prince réveille la princesse ?

_Un baiser...


Il sembla réaliser.


_Attends Astroméria, qu'est-ce qui me garantit que ça va marcher ? Je veux dire le coup du baiser ça ne marche que dans les contes de fée !

_Callen, retiens bien ça : le monde n'est pas ce que tu crois qu'il est.


Il leva à nouveau un sourcil septique.


_Fais-moi confiance. Ça va marcher.

_Ok... Qui ne tente rien n'a rien après tout.


Il s'approcha de Linoa qui continuait à s'agiter en hurlant des paroles incompréhensibles. Il plaça son visage entre ses mains et rapprocha doucement ses lèvres des siennes.

Le baiser ne dura que quelques instants mais il avait peur qu'en ouvrant les yeux, rien n'est changé.



Je compris rapidement que c'était Callen qui m'embrassait. Enfin, le cauchemar se dissipait.

Quand il s'écarta de moi et qu'on me lâcha les poignets, je me jetai à son cou en me laissant éclater en sanglots.


_Je te l'avais dit que ça marcherait. Déclara la voix d'Astroméria.


Il me serra un peu plus contre lui.


_Calme toi. Me murmura-t-il. Tout est finit. Je suis là.


Il me fallut plusieurs minutes pour me calmer. Une fois fait, Callen me demanda :


_Quel est ton secret ?


Un lourd silence s'installa.


Doucement, je m'écartai de sorte à pouvoir voir son visage.


_Quel secret ?

_Ne fait pas l’innocente. Il a beaucoup trop de choses qui tendent à me faire penser que tu me caches quelque chose.


Mon cœur s'emballait.


Non... Non... Je ne peux pas lui dire ! Il me détesterait tellement... Et puis, il peut parler ! Lui aussi cache quelque chose, non ?


_Non. Et puis, ne me fait pas croire que tu n'en pas un toi. Les lapins, les soirées entières où tu disparaîs pour aller « quelque part » et tes parents. Tu étais bizarre avec eux. Et puis même, est-ce que tu peux m'expliquer le faîte que tu te retrouves avec une arme à feux, face au Néant ? Et comment ça se fait que tu connais la nouvelle ?


Se fut à son tour de se sentir mal-à-l'aise.


_Alors comme ça on aurait chacun un secret ? Finit-il par dire, doucement.

_Qui nous pousse à nous mentir. Rajoutai-je.


Est-ce que l'on pouvait vraiment débuter une relation amoureuse dans ces conditions ?


_Vous n'avez qu'à faire un pacte de secrets. Intervient Astroméria.

_Un « pacte de secrets » ? Répétâmes-nous à l'unisson.


Elle acquiesça.


_Vous n'avez qu'à continuer à être ensemble avec vos secrets respectifs. Sauf que aucun de vous ne devra tenter de trouver le secret de l'autre. C'est le meilleur à faire.


Callen et moi nous fixâmes un moment. Puis, je lui tendis la main.


_Marché conclu ?


Il me sourit.


_Marché conclu.




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