Chapitre 2 : voleuse de dossier.

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Le lendemain,

C’était un début d’après-midi des plus calmes. Le soleil brillait, le temps s’était légèrement réchauffé et j’étais avachis sur le lit de Callen – ou plutôt sur lui étant donné que ma tête reposait sur son torse –.

Le grimoire ouvert, posé sur mon ventre – moi-même je ne sais pas comment je fais pour supporter le poids de ce centenaire – , j’apprenais les sceaux des sorts que Talianne voulait que je sache.

- Tu vas sortir cette après-midi ? S’enquit soudainement mon petit ami qui relisait quelques cours.

Je penchai la tête en arrière pour pouvoir le regarder.

- Je vais voire mon oncle. Répondis-je.

- Ah… Ça explique pourquoi toi et Cassandre criaient comme des gamins dans tout le lycée.

- Tu pourrais venir avec nous pour le rencontrer.

- J’aurais accepté avec plaisir mais j’ai déjà quelque chose de prévu cette après-midi.

- Quoi donc ?

- Je dois rencontrer un détective privé. Il doit travailler avec moi et Esméralda à propos d’une affaire.

- Et c’est quoi cette affaire ?

J’attrapai la page et la tournai tandis qu’il continuait :

- Une affaire un peu bizarre de meurtres qui datent d’il y a six ans.

Je sentis mon cœur s’arrêter dans ma poitrine.

- Linoa ?

Non… Il n’y a malheureusement pas eu que ce meurtre il y a six ans. Ça peut être n’importe qu’elle autres affaires.

- Tu vas bien ?

Ses yeux émeraudes remplient d’inquiétudes me fixaient. Je secouai ma tête pou enlever mes sombres pensées avant de le rassurer :

- Non, ce n’est rien. Et sinon tu la commences quand ton enquête ?

- On doit commencer cette après-midi. J’ai le dossier mais je ne l’ai pas encore ouvert. Même, je ne l’ai même pas encore enlevé de mon sac et je peux te dire qu’à partir du moment où on l’auras ouvert, vous nous verrez plus beaucoup.

Il s’arrêta, hésitant visiblement à me révéler quelque chose.

- Je ne veux pas t’effrayer Linoa mais cette affaire vo…

Soudain son portable sonna ce qui ramena son attention sur celui-ci. Il l’attrapa et le déverrouilla.

- « Vo » ? L’incitai-je à continuer.

- Je suis désolé mais Nel a visiblement besoin de mon aide. Déclara-t-il en se glissant sur le côté pour pouvoir se redresser. Je reviens tout de suite.

Ma tête tomba contre son matelas et je le regardai s’en aller.

- À tout à l’heure. Lui lançai-je tandis qu’il franchissait le pas de la porte.

- À tout à l’heure. Répondit-il en fermant celle-ci.

Le silence s’installa.

Toute personne normale en aurait profité pour continuer d’apprendre mais ce ne fut pas mon cas. Enfin si, au début, mais rapidement une phrase me harcela.

- Une affaire un peu bizarre de meurtres qui datent d’il y a six ans.

Et une question me tarauda l’esprit.

Et si c’était ce meurtre ?

Je tentai désespérément de me convaincre que ce n’était pas le cas mais plus j’essayai et plus le doute s’installait. Je décidai alors de faire la seule chose qui l’apaiserait : regarder le dossier.

Je sortis du lit et me dirigeai vers le sac qui reposait contre le bureau. Je fis glisser la fermeture éclair, trouvait rapidement le dossier brunâtre et l’attrapai.

« Meurtres à l’entrepôt n°102 »

Un frisson d’horreur me traversa.

Non ! Non ! Ce n’est pas possible !

L’évidence était là, devant moi, mais je n’y croyais pas.

C’est peut-être une coïncidence.

J’ouvris le dossier et sursautai en y lisant mon nom et prénom.

Non, ce n’était pas une putain de coïncidence.

La plaie que je gardai fermer depuis des années s’ouvrit en un trou béant qui laissa s’échapper un flot de souvenirs.

- Laissez-la tranquille !

Non… Non… Callen va m’interroger… Et.. Je… Non… Je ne peux pas… Je ne peux pas !

- Peut-être tente-t-elle de faire croire aux autres qu’elle ne l’est pas. Pourtant n’avait-elle pas une arme dans les mains ?

Il ne m’en voudra pas trop. J’en suis sûre.

D’une main tremblante, je dissimulai le dossier dans mon sac et retournai sur le lit. Je repris le grimoire et tentai de me replonger dans l’apprentissage du sceau comme si rien ne s’était passé. En réalité, je tentai maladroitement d’endiguer le tsunami émotionnel qui me ferait perdre à coup sûr mon sang froid.

Rapidement la porte s’ouvrit à nouveau.

- Alors ? M’enquis-je en tenant de paraître la plus calme et naturelle possible.

- Nel m’a…

- Nel t’as.. ?

Il sembla hésiter un instant.

- Il… Il m’a demandé des conseils pour réussir à te faire entendre raison.

- Hé ! Je ne fais pas beaucoup de caprices en ce moment.

- Bien sûr…

Il se dirigea vers son sac en déclarant :

- Quoiqu’il en soit je vais commencer.

Mon sang circula à toutes allures dans mes veines.

Oh non...

- Comm… Commencer quoi.. ? Balbutiai-je.

- De lire le dossier. Répondit-il en attrapant son cartable pour le déposer à côté de moi. J’ai croisé Esméralda et elle m’a dit de commencer à regarder l’affaire vu que j’ai un peu plus de temps libre qu’elle. Comme ça on va gagner de précieuses minutes.

- C’est si important que ça de la finir vite ?

- C’est CAPITAL.

Ah…

Tandis qu’il accentuait le dernier mot, il l’ouvrit. Pour éviter qu’il ne se doute de quoique se soit, je cachai mon visage avec le grimoire.

Un silence pesant s’installa.

- Il n’est pas là… Murmura-t-il d’une voix blanche.

Je l’entendis ouvrir des tiroirs. Doucement, je soulevais le lourd ouvrage pour l'observer.

Inquiète, je le regardais mettre sa chambre sans dessus dessous en marmonnant.

Après quelques instants, il s’arrêta et posa ses deux mains sur son bureau. Il baissa alors la tête.

- Quelqu’un me l’a volé. Déclara-t-il après un instant de silence.

Quand il se redressa et qu’il commença à se tourner vers moi, je me cachai à nouveau derrière mon grimoire.

- Linoa, c’est toi ?

- Bah non. Répondis-je avec l’air le plus naturel possible.

- Alors pourquoi tu te caches ?

- Je NE me cache PAS. Je suis juste désespérée par ces sceaux trop compliqués à mémoriser. Et puis comment tu peux m’accuser ? Pourquoi je te volerais un dossier ?

- Tu étais la seule personne dans cette chambre.

- Je suis partie au toilette. Mentis-je. Quelqu'un à pu s’introduire dans ta chambre pour le voler mais je ne vois vraiment pas qui ferais une chose pareille…

Je fermai le grimoire, m’empressai de le glisser dans mon cartable avant de le fermer. Callen ne remarqua rien, le regard perdu dans le vide.

- Bon, c’est pas tout ça mais il faut que je retrouve Cassandre au portail pour aller en ville.

Il sembla revenir sur tête.

- Il faut aussi que j’y aille.

- Alors allons-y ensemble.

Sur ces mots, nous sortîmes de la chambre en silence.

Callen… Est-ce que tu me pardonnerais si tu apprenais que c’était moi qui te l’avais volé ?

J’en doutais fortement. Cette mission avait l’air importante. Très importante.

Mon passé va détruire ma vie présente.

Nous marchâmes en silence jusqu’au portail où nous retrouvâmes Cassandre. C’est dans ce même silence que nous prîmes le bus et que nous nous séparâmes sur la place.

- Tu es bizarre aujourd’hui. Annonça Cassandre.

- Comme d’habitude selon toi. Pouffai-je.

-Justement non. Et Callen aussi était bizarre. Vous ne vous êtes pas échangés un seul regard doux, vous n’avez pas parlé et d’habitude vous mettez une demi-heure à vous séparer parce que l’un ou l’autre décide d’embrasser l’autre ! Vous vous êtes disputez ?

Je hochai la tête de droite à gauche.

- S'il l’apprend, il va me détester.

Pour appuyer mes propos, j’ouvris mon sac pour y sortir le dossier. Il fronça les sourcils en l’attrapant. Il fit de gros yeux quand il vu le titre.

- Q… Quoi.. ?

Il le feuilleta avant de reposer ses yeux émeraudes sur moi.

- Pourquoi est-ce que tu as ce dossier ? ! S’exclama-t-il.

- Je l’ai volé à Callen. Murmurai-je.

- « Volé à Callen » ?

- Il m’a dit que c’était une mission qu’on lui avait confié à lui et Esméralda. Répondis-je en récupérant le dossier. C’est important pour lui de la terminer au plus vite.

- Pourtant… Pourtant grand-père a étouffé l’affaire ! Personne ne devaient la reprendre !

- Je sais.

Je fixai mes pieds.

- Si Callen apprend que c’est moi qui ais volé le dossier, il va me détester.

Mon frère m’attrapa les épaules et me força à le regarder dans les yeux.

- Tu n’avais pas le choix. S'il le faut je porterais le chapeau pour toi.

Je détournai le regard.

- Tiens ! Déclara une voix familière. Cela ne m’étonne même pas que vous soyez les premiers !

- Linoa, cache-le dans ton sac. M’ordonna-t-il dans un murmure.

Sans un mot j’obéis tandis que Cassandre m’accordait un sourire qui se voulait rassurant.

- Oublies. Tout redeviendra comme avant demain.

J’espère.

Il me lâcha et se précipita vers le nouveau arrivant.

- Tonton !

Il se jeta dans ses bras.

- Ah mon petit disciple ! Mais qu’est-ce que tu as grandis !

- Ça fait trois ans que tu n’es pas venu !

- Hé ! Vous auriez toujours pu venir nous voir.

- On a cours nous encore je te signale !

Il rigola un peu puis son regard vert pâle tomba sur moi. Un peu mal à l’aise, je détournai les yeux.

- Quelque chose ne va pas Linoa ? Demanda-t-il en s’approchant.

- Elle commence à déprimer. Avoua Cassandre. Elle repense à maman.

Je sentis des bras m’entourer.

- Tu te souviens de ma promesse, non ? Je le retrouverai. Alors n’y pense plus.

Il me lâcha et m’accorda un sourire.

- Souris my honey. M’ordonna-t-il doucement.

Un léger sourire se dessina sur mes lèvres.

- Tiens, on dirait que l’on est les derniers ! S’exclama une voix familière.

Notre attentions tomba sur papa, Philippe et Yuki qui arrivaient tranquillement vers nous. Tonton serra la main à mon père qui finit par l’entraîner dans une accolade. Puis il serra dans ses bras l’aîné de la famille avant que son regard ne tombe sur la fiancée de ce dernier.

- Enchanté de vous rencontrez mademoiselle Gold. Annonça-t-il. Laissez-moi me présenter comme il se doit : je suis Edward Sun, détective privé appartenant à la branche anglaise de l’OAGSI comme a du vous expliquer John.

- On ne m’a rien expliquer à ce propos… Répliqua-t-elle en déposant son regard sur l’archéologue aventurier.

Celui-ci se gratta l’arrière de la tête.

- On n’a jamais vraiment abordé ce sujet…

Yuki allait répliquer mais Philippe prit la parole avant elle :

- Allons discuter de tout ça au calme.

Un peu plus tard,

Nous nous étions tous retrouvés dans l’appartement du petit couple qui ne se retrouvait pas très loin. Dès que nous fûmes tous installés autour de la table, une tasse devant nous, la médium rappela :

- Vous devez me parler de l’OA…

- L’OAGSI. L’aida son fiancé.

- Ou Organisation Allier du Gouvernement Spécialiste en Investigation. Répondit tranquillement tonton après avoir bue une gorgée de thé. Elle a été crée au dix-huit siècle par une poignée de personne de nationalité différentes après avoir du s’allier pour résoudre une enquête. Chaque pays faisant partie de cette organisation est composé de deux agences : une de détective et l’autre d’espion.

- Et il y en a combien exactement de pays membres ?

- Un peu plus d’une dizaine.

- Et vous faîtes comment pour faire des réunions ?

- Les réunions avec les directeurs de chaque agences sont extrêmement rare et compliqué à organiser. Donc ils élisent l’un d’entre eux pour devenir le président du conseil. Celui-ci vérifie le bon fonctionnement de chaque agence, coordonne certaines mission entre plusieurs branches de l’OAGSI, etc.

- En ce moment, c’est mon beau-père qui a ce titre. Rajouta notre paternel.

- Ah d’accord. Mais Edward, est-ce que je peux te poser une question ?

- Bien sûr Yuki.

- Vous êtes bien le frère de Cassie, n’est-ce pas ?

Notre oncle lui adressa un regard surprit.

- Eh bien oui… Why… Pourquoi ?

- C’est juste que je trouve que tu lui ressembles beaucoup. Enfin aux photos que l’on m’a montré.

- Oui… C’est vrai… J’ai juste les yeux d’un vert plus pâle qu’elle.

- Ces yeux étaient de véritables émeraudes remplient de paillettes ! Rajouta mon père. Elle n’avait peur de rien.

- C’est pour ça que vous vous êtes aussi bien entendu. Lança Philippe. Il n’empêche qu’elle était quant même plus calme et raisonnable que toi.

Certains souvenirs douloureux réussirent à franchir la barrière que j’avais installé ce matin.

Mon regard se perdit dans le thé contenu dans ma tasse.

Est-ce que cela aurait pu être différent ?

Esméralda s’amusait bien en compagnie de Nel. Toutefois, elle ne pouvait pas s’empêcher de plonger dans pensées.

« Je me demande bien comment ça se passe avec Callen... »

Évitant au dernier moment une personne, elle réussit à attraper la rambarde. Après avoir poussé un soupir de soulagement, son regard tomba sur les personnes qui patinaient. Elle fut impressionnée par la maîtrise de certaines d’entre elles. Parmi celles-ci, ses yeux ne pouvaient quitter un jeune homme.

- Ouah… Murmura-t-elle.

- Hein ? S’enquit Nel en arrivant.

Du menton elle désigna le patineur en expliquant :

- Il patine tellement bien qu’on a l’impression qu’il danse sur la glace.

- Pfff… Toute le monde peut faire ça.

Voyant bien qu’il allait tenter de prouver ce qu’il avançait, Esméralda essaya de le retenir. Il ne l’écouta est patina à toute allure en direction du centre de la piscine de glace, tenta quelque chose, perdit l’équilibre et tomba lamentablement sur le jeune homme dans un cri commun.

L’espionne poussa un soupir.

« Je savais bien qu’il allait s’humilier... »

Le patineur aida Nel à se relever avant de le ramener près d’Esméralda tout en lui donnant quelques petits conseils.

- Merci… Balbutia-t-il honteux.

- De rien. Si un jour tu veux prendre des cours, tu sais où me trouver.

Un silence gênant pesa un instant entre les deux adolescents après son départ.

- Et… Et si on sortait ? Finit par demander Nel.

La jeune rousse acquiesça et sortir tranquillement de la patinoire.

- Tu sais, je n’aurais pas fait mieux. Tenta-t-elle de le rassurer.

Mais l’obscurien ne répondit pas, se contentant de s’asseoir sur un banc pour enlever ses patins. L’espionne l’imita mais resta assise après avoir enfiler ses baskets.

- Quelque chose ne va pas ? Demanda-t-il. Tu t’es fait mal aux jambes ?

- Non, ne t’inquiète pas. Je veux juste envoyer un message à Callen avant de partir.

« Alors il est comment ce détective ? »

La réponse ne se fit pas attendre.

« On est dans le pétrin. Tu verras pas toi-même tout à l’heure ».

La jeune rousse fronça les sourcils.

« Okay... »

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