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Ses pulsions sadiques déversées sur mes pulsions masochistes, dans notre recherche de l’absolu, avaient failli tourner au drame. Nous étions devenus des fervents de Damn’s Club. Il pouvait y assouvir sa cruauté, je pouvais y trouver de la souffrance. Dispensées par d’autres, sans cette surcharge amoureuse, cela était épanouissant.

Nous y étions connus et y retrouvions certains de nos amis. Guillaume était souvent présent et je retrouvais avec plaisir Paul, qui avait quitté boulot et femme.

Rapidement, nous fûmes connus, avec chacun notre réputation. Parmi les victimes, j’étais un de ceux à supporter le mieux. J’avais gravi des échelons, passant de mains chevronnées à des mains expertes. Je servais de cobayes pour des épreuves ou des matériels nouveaux. J’aimais ces décharges d’endorphine qui me soulageaient juste avant la perte de conscience. Je me rappelais, môme, quand je hurlais à la pensée du moindre bobo. Que s’était-il passé en moi ? Je ressentais la blessure, la douleur, mais elle était pour moi une sensation comme une autre, un avertissement du corps à fuir un dommage possible. En donnant sa confiance à l’autre pour vous éviter le danger, la douleur devenait bienveillante. J’étais souvent à la limite de la rupture. Pourtant, comme une drogue, j’en voulais toujours plus.

William de son côté était devenu un expert dans une torture dont j’ignorais tout. Il pratiquait dans une salle spéciale dont l’accès m’était interdit. J’étais le seul exclu et un consensus interdisait de m’en parler. Connaissant l’absence de limites de William, voyant les mecs en sortir dans un état second, je n’avais qu’une envie : passer entre ses mains. Sans doute aurait-il été incapable de se maitriser sur ma personne, ce qui contrebalançait cette envie.

***

Un soir de dispute, je sortis le grand jeu.

— Puisque je ne te plais plus, séparons-nous !

— D’accord ! Fous le camp d’ici. Ça me fera des vacances.

— Eh !, mec, nous ne sommes plus dans TON appartement ! Ici le bail est à nos deux noms ! Si c’est toi qui en as marre, dégage !

— Nic, arrête ! Tu sais que je suis fou de toi. Tu m’insupportes complètement, mais tu es dans ma peau.

— Alors, marions-nous !

J’avais lancé ça au hasard.

— Pour le meilleur et pour le pire ?

— Non, Will, pour le meilleur seulement. Il n’y aura plus jamais de pire entre nous. Will, veux-tu m’épouser ?

— Bien sûr que je vais t’épouser !

Une fois encore, nous étions pris dans un jeu pervers. Je voulais juste qu’il se fasse aider. Notre incompréhension atteignait des sommets.

J’avais oublié son incapacité à changer d’avis. Un jour, il m’emmena chez un notaire. Je signais sans rien comprendre.

— Tu sais ce que tu as signé aujourd’hui ?

— Non…

— Si tu meurs avant moi, j’hérite de ta fortune.

— Ça valait le coup de payer des centaines d’euros pour rien ?

Il omit juste de me préciser que la réciproque était vraie. Éloigné et ignorant de ces questions, l’idée ne m’effleura pas. Je compris que c’était dans le cadre de notre mariage quand il revint avec les papiers et une date. J’avais oublié cette promesse.

Pas question d’inviter sa famille. Donc, la mienne ! De toute façon, cela aurait été trop compliqué. C’est donc avec notre bande du Damn’s Club que nous avons fait la fête. Je pense que c’est la seule noce où les invités ont sauté le marié ! J’ai découvert à cette occasion que certains de nos amis fréquentaient le Club pour ses activités uniquement, étant hétéros purs. J’ai quand même gardé un souvenir de cette noce pendant plusieurs semaines, réactivé chaque soir par mon nouveau mari.

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