Confidence nocturne

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Jimmy tournait en rond dans l’avant-cour. Il grignotait l’ongle de son pouce avec nervosité et se repassait en boucle la scène qui venait de se jouer. Il n'avait pas respecté ses limites. Il ne l’avait pas écoutée. Il aurait dû. Mais il fallait qu’elle se rende compte à quel point elle était effrayée par Caleb. Il fallait qu’elle se débarrasse de cette peur qui la tenait et l’empêchait de vivre librement. Il fallait qu’elle comprenne qu’il était là. Qu’ils étaient tous là pour la protéger si besoin. Qu’il donnerait sa vie s’il fallait.

Jimmy s’arrêta net et se pinça le bras droit. Pourquoi croyait-il qu’elle ne le savait pas déjà ? Il était même certain qu’elle s’en était rendue compte. Il s’était laissé guider par son orgueil, et ils étaient à présent tous les deux séparés à ruminer leur colère.

_ Stupide, stupide, stupide ! T’as été vraiment stupide James.

Le jeune homme jeta un coup d'œil à la porte d’entrée. Est-ce qu’il devait entrer maintenant et s’excuser, ou devait-il attendre encore un peu ? L’appréhension de la colère de Léto le rendait réticent. Il ne savait pas si son amour-propre allait y résister.

James se frotta les yeux, prit une grande inspiration et se dirigea timidement vers la porte. Il l’ouvrit doucement , et son cœur se serra quand il aperçut Léto affalée sur le sol. Elle avait le regard vitreux et vide. Le souvenir douloureux de son amie végétant sur le canapé de ses parents le saisit alors, et il dut fermer les yeux et les rouvrir plusieurs fois pour qu’il se dissipe.

_ Léty…

La jeune femme ne sembla pas entendre l’appel doux de Jimmy. Elle resta immobile. Il s’approcha doucement et l’appela une nouvelle fois d’une voix plus forte. La vie revint brusquement dans les yeux de Léto et elle tourna la tête vers lui.

_ Est-ce que ça va ? Est-ce que t’as besoin d’aide pour te relever ?

Léto secoua doucement la tête et se leva tant bien que mal. Elle épousseta machinalement sa longue jupe de velours vert de ses deux mains, puis osa regarder son ami dans les yeux.

_ Léto, je te demande pardon. J’ai été présomptueux, et je n’ai pas respecté tes limites. Excuse-moi s’il-te-plait.

La jeune femme le regarda longuement avant de lui répondre :

_ Je sais que tu ne l’as pas fait avec de mauvaises intentions. Ne recommence plus, c’est tout.

James hocha doucement la tête, soulagé. Les colères de Léto étaient connues pour durer plusieurs jours. C’était un miracle qu’elle lui pardonne presque instantanément.

_ Je sais qu’au fond de moi tu as raison. J’ai une peur bleue de cet homme et je n’arrive pas à m’en défaire. Pas encore. Et je m’en veux pour ça.

_ Léto, ce n’est pas…

_ Je sais, le coupa la jeune femme. Je sais que ce n’est pas de ma faute Jimmy. Mais cette année de divorce m’a foutu en l’air. Je m’en voulais à mourir. Et ma mère qui me répétait au moins deux fois par jour qu’elle m’avait prévenue, que je n’aurai jamais dû me marier aussi jeune, même si je le connaissais depuis des années. Elle ne l’a jamais dit explicitement mais je savais qu’elle me tenait pour responsable. Et je la déteste pour ça. Je la déteste de tout mon cœur pour ne pas m’avoir aimé comme elle aurait dû le faire.

Jimmy était sous le choc. C’était la première fois que son amie en avait autant dit sur elle-même, et sur sa souffrance. Elle n’avait jamais été autant ouverte qu’à cet instant. Et il ne savait même pas quoi lui répondre. Qu’est-ce qu’il aurait pu dire de toute façon ? Que sa mère était une femme narcissique qui n’avait pas elle-même guérit toutes ses blessures ? Que son ex-mari était un enfoiré ? Qu’il était là pour elle même si elle s’entêtait à lui dire qu’elle n’avait pas besoin d’aide ? Elle savait déjà tout ça. Elle le savait même mieux que lui.

_ Est-ce que je peux te prendre dans mes bras ? se contenta-t-il de répondre.

Léto hésita un instant, avant d'acquiescer d’un hochement de tête presque imperceptible.

Alors Jimmy l’entoura de ses bras et la serra contre lui. Il essaya de lui transmettre toute la chaleur et l’affection qu’il pouvait lui donner. C’était tout ce qu’il avait. Il sentit son t-shirt s’humidifier à la hauteur de sa poitrine. Le jeune homme respecta la pudeur de son amie et ne dit rien. Il se contenta de passer doucement les doigts dans ses locks et joua avec. Les deux corps restèrent enlacés pendant un long moment, l’un confiant sa tristesse, l’autre offrant sa tendresse.

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