Flash-back (et citrouille)

2 minutes de lecture

2023. J'écris une histoire qui n'est pas la mienne, mais qui parfois lui ressemble.

31 octobre 2008. C'est étrange d'écrire sur un jour dont je me souviens si bien, presque comme d'hier, peut-être même un peu mieux.

*

Tu portais la robe de mariée de ta mère, avec ta gueule ensanglantée, et tout le monde s'offusquerait que c'est un sacrilège. Moi, je ne sais pas : la robe de ma mère a fini en lambeaux – accident de jarretière – alors je ne me suis jamais posé la question.

C'était les frasques habituelles, parce que l'on s'imaginait encore enfants. Tournée de bonbons. Ma mère qui se scandalise parce qu'on s'apprête à accepter qu'un vieux bonhomme nous donne plutôt de la monnaie. Le gâteau en forme de citrouille, des pâtes aux allures de boyaux. Une soirée pyjama devant Hocus Pocus. Mais on se fait un peu chier.

On se bat pour savoir qui dormira par terre, à côté du clic-clac. Là, je devrais déjà savoir. Je devrais déjà comprendre que tu n'es pas mon amie. J'ai des œillères. Là, je ne sais pas comment, on se retrouve dans la chambre. Pas la mienne, celle de ma sœur. Celle où je dors depuis qu'elle est partie.

Elle aussi a une sœur, un monstre taciturne qui me méprise et, d'ici quelques temps, me détestera franchement. Mais ce n'est pas le sujet. À cette sœur, elle a volé un CD des hits d'une année passée qu'elle balance dans mon poste radio – un petit poste noir de camping avec qui j'ignore encore que j'aurais mes premières amours. Toi, tu décides que l'on dansera. Pas de vote, pas de consentement. Un tapis roulé en guise de barre de pole-dance, on se ridiculise les unes devant les autres. Quelqu'un filme ; heureusement ça disparaîtra en même temps que nos Nokia.

Ce soir-là, pour la première fois, pendant 3min20 qui me paraissent interminables, intolérables, et que visiblement je n'ai toujours pas digérées, je frôle tout ce que je déteste, tout ce que je refuserai d'être par la suite.

Mon cœur se serre, entre nostalgie et relent, chaque fois que commence Like a Prayer.

Finalement, c'est moi qui dort par terre, à l'écart. Vous êtes si proches, je suis si loin. Si seule.

Le lendemain, le 1er novembre, trou de mémoire. Rien n'a la précision de la journée précédente. Je me souviens simplement que nous nous sommes disputée et que j'ai disparu. Je me suis enfermée dans le placard de la chambre, de sa chambre. Et ce placard, j'ignorais alors que j'allais y rester quelques temps, même une fois que vous seriez venues m'en tirer.

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