Chapitre 5 — Ce qui voit dans l’oubli

2 minutes de lecture

Ils étaient quatre dans la cabane.
Le souffle court. Les mains moites. Le cœur battant.
Dehors, la forêt remuait. Dedans… le plancher frappait.

TOC. TOC. TOC.

Un rythme lent. Comme une pulsation.
Quelque chose était là, en dessous.

Lina recula contre un mur.
— « J’veux sortir d’ici. J’veux… rentrer chez moi… »

Sofiane murmurait une prière.
Hichem, lui, prit un bâton. Il tapait le sol, comme s’il pouvait faire taire l’enfer.
Mais Yanis… s’agenouilla. Il posa sa main à plat sur les lattes.

Elles étaient chaudes.
Comme l’arbre vivant.
Comme le souffle sous le lit de Khadija.

Il comprit.
Il chuchota :
— « Ce n’est pas la forêt. C’est ce qu’il y a en-dessous. Depuis toujours… »

Il souleva une latte. Une trappe.
Et dessous… un vide noir. Pas un tunnel. Pas une cave.
Un trou sans fin.
Et de ce vide, montait une voix.

« Tu m’as regardé. Tu m’as vu. Alors maintenant… tu es moi. »
« Entre, et rejoins ceux qui ont su. »

Un à un, des visages apparaissaient dans les murs.
Dans le bois. Dans la lumière tremblante.
Le visage de Khadija.
Puis Rachid.
Puis… leurs propres visages, tordus dans la peur.
Comme des souvenirs qui refusent de mourir.

Soudain, la cabane commença à trembler.

Le sol se fissura. Des bras noirs sortirent des murs.
Des ombres aux doigts crochus.
Elles attrapèrent Sofiane. Il hurla.
Tiré vers le vide, avalé.
Lina tenta de fuir, mais une main lui coupa la parole.
Juste un murmure avant qu’elle ne disparaisse :
— « Maman… »

Hichem criait, tapait, pleurait.
Mais les ombres lui murmurèrent quelque chose à l’oreille…
Et il s’arrêta.
Puis sourit.
Et marcha vers le vide… volontairement.

Yanis était seul.

Et face à lui, une forme.
Celle de l’enfant sans yeux.
Mais cette fois… il avait un visage.
Le visage de Yanis.

Il parla.
— « Tu veux fuir ? Tu veux survivre ? Mais tu es déjà là. Tu as vu. Et maintenant, tu SAIS. »

La cabane s’effondra.

La forêt s’ouvrit en un cratère géant.
Un œil immense se révéla sous les racines.
Un œil sans paupière, sans iris.
Juste une pupille noire… qui absorbait tout.

Yanis tomba à genoux. Il cria.
Mais aucun son ne sortit.
Son cri fut avalé par l’œil.

Fin.

On n’a jamais retrouvé les adolescents.
Le village n’en parla plus.
Et la forêt ?
Elle est encore là.
Mais si tu passes près d’elle, la nuit,
tu pourrais entendre un murmure…

« VOUS ÊTES VUS. »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Ghostly Bloom ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0