La pluie.
La pluie, Jean la regardait tomber, la tête levée. Les traits fins s’alternaient devant ses yeux, et puis, l’impact, froid, physique. Un instant de calme, de réalité, de stabilité. Une passante, un parapluie à la main l’observe. Elle lui jette un regard d’incrédulité, son tailleur serré et son chignon impeccable en disent plus que ses yeux.
Jean lève les mains au ciel, il n’a cure de ces figurants. Ils seront bientôt engloutis sous la marrée montante. Lui aussi d’ailleurs, c’est pourquoi il regarde la pluie avec entêtement. La mère nourricière, celle qui depuis les temps immémoriaux fait de la vie ce qu’elle est. Et, à la manière d’un brouillon, elle s’apprête à gommer les traits disgracieux.
Lui, ne se trouvait pas si laid. Il l’était bien sûr, à la façon qu’ont les hommes d’être des hommes. Pour autant, il n’acceptait pas de devoir tout lâcher ainsi. Renaître en mieux, sous de meilleurs auspices, avec une meilleure vie, de meilleurs traits. C’était peut-être une aubaine, mais pour lui c’était surtout du gâchis. Il avait travaillé si dur, à transformer le peu qu’on lui avait donné.
Il soupira.
— C’est ainsi cependant, c’est ainsi, dit-il pour lui-même en baissant les bras.
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