Un endroit connu
Assis sur le rail de sécurité, il observait avec attention chaque détail de l’objet qui se trouvait à demi enfoui dans un réseau de tiges vertes à quelques mètres de ses pieds. Celui-ci lui semblait familier. Deux ou trois mouches virevoltaient gaiement autour sans jamais se poser dessus. Quelques rares voitures passaient devant lui. Une brise légère animait ces herbes folles qui poussaient ici et là, entre la route et le vide. C’était un jour calme ou il y avait très peu de circulation.
En cette fin d’après-midi, beaucoup se rendront vers le promontoire pour contempler le coucher de soleil, songea-t-il en se souvenant que lui-même faisait de même en un temps reculé.
À quelle heure était-il arrivé ? Il ne se le rappelait plus. Une phrase lui vint à l’esprit : sur le champ à l’écart brille la clé des mondes. Luc médita sur son sens pendant qu’il se retournait vers les vagues silencieuses qui s’écrasaient sur l’escarpement rocheux, en contrebas. Il se leva et s’agenouilla dans l’étendue de paille et de jeunes pousses verdâtres luttant contre le bitume.
Les couleurs de l’objet l’intriguaient. Vacillant entre bordeaux et rouille, tantôt net, tantôt terne, la peinture semblait changer d’aspect par rapport à l’angle où il l’observait. L’une des figures étranges qui décoraient sa surface, semblable à une flèche, pointait en direction d’une fleur au bouton oranger couronnée de pétales jaunes qui se trouvait à ses côtés. Une aura lumineuse pulsait autour de celle-ci comme une sourde respiration.
« Pourquoi es-tu toujours pensif ? lui demande-t-elle.
— J’essaye de comprendre, répondit Luc.
— Me trouves-tu belle aujourd’hui ?
— Comme à la première fois.
— J’aime quand tu me regardes.
— Je sais.
— Je t’aime.
— Moi aussi.
Luc aime Gaëlle ! Luc aime Janice ! » chantonna la fleur.
Elles me manquent. Mais maintenant, il faut que je rentre, songea-t-il avec une pointe de tristesse dans le cœur.
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