Chapitre 40

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Caverne de Noé, 08h16, 33 jours après le voyage.

De ses recherches, Rosalie en avait tiré une conclusion. Elle ne disposait pas des moyens de rentrer. Du moins pas ici.

Un voyage temporel nécessitait trois choses pour fonctionner : un point mobile, une source d'énergie, et un point d'ancrage.

Le point mobile c’était le voyageur, Rosalie en l'occurrence, et il devait porter sur lui une condition immuable, une équation magique quelconque, mais unique, qui servirait à appeler ce voyageur à l'arrivée, appelée point d'ancrage. Point lui aussi matérialisé par une formule permettant une identification certaine.

La source d'énergie était quant à elle une quantité d'énergie nécessaire au voyage.

Rosalie ignorait comment Noé, Mona et les Poupées parvenaient à trouver cette magie, mais ce qui était certain, c'était qu'il n'y avait rien dans cette grotte.

La jeune femme avait longuement désespéré, puis réfléchi et réfléchi. Le ciel nocturne lui avait apporté la réponse.

Sa source d'énergie, c'était ce morceau de Lune tombé du ciel. Suite à la trouvaille d’une carte, Rosalie avait appris se trouver en Lonmarnie, soit à l'époque où la Cie-Ordalie n'existait qu'en un vague territoire civilisé. Mais il y avait déjà une petite population sur place, et si le morceau de Lune était tombé à cette époque, les habitants l'auraient su à cause de la puissance de l'impact. La Lune devait donc être tombée avant que l'humain ne foule la Terre du pied. Avec un peu de chance, les futurs magiteriens ne l'avaient pas encore trouvée.

C'était un sacré pari, mais Rosalie savait où chercher. Il lui paraissait évident que le cratère où les familles se réunissaient en conseil devait être celui créé par la Lune.

S'y rendre à pied lui prendrait plusieurs semaines.

Rosalie était meurtrie de rester encore éloignée de ceux qu'elle aimait en sachant que ça ne marcherait peut-être pas.

Mais quelle autre solution avait-elle ? Elle connaissait la réponse : aucune.

Trouver cette énergie ne suffisait pas. La jeune femme avait construit un dispositif pour la canaliser et la rediriger sur elle. Un appareil encombrant et lourd, blindé d'équations qu'elle espérait correctement rédigées.

La moindre erreur pourrait lui en coûter.

Pour ce qui était du point mobile, la formule inscrite dans son dos ferait l'affaire. Quant au point d'ancrage, la jeune femme devait en avoir connaissance pour limiter les risques. Léni lui était naturellement venu en tête. L'assemblage de formules qui le constituait était unique.

Encore fallait-il que quelqu'un fabrique de quoi faire exister ce point d'arrivée.

Rosalie ne pouvait compter que sur Amerius. Il comprendrait et il la ramènerait.

La jeune femme devait faire en sorte de lui laisser un message. Il n'était pas idiot, il avait forcément dû interroger ses parents et se rendre à la Mer de Rouille. Il trouverait la caverne, ainsi que les salles renfermant les documents.

Rosalie songea aussitôt à une lettre, qu'elle fourra dans le carton avec toutes les instructions nécessaires. Il restait cependant la question du passage du temps. La grotte était humide et le papier restait du papier.

Rosalie passa de longues heures à enchaîner les essais avant de réussir à créer une formule, basée sur celles du voyage dans le temps. Elle l’inscrivit sur l'enveloppe et le carton, qui ne subiraient ainsi pas les affres de la durée.

La lettre fut brève, mais sincère.

Amerius,

Tu as dans cette boîte de quoi me faire revenir. Sers-toi de la formule dans mon dos pour m'appeler, de Léni comme point d'ancrage. Je quitte cette grotte, pour partir à la recherche de la Lune tombée du ciel.

Je suis désolée de t'avoir menti. Même si tu ne pardonnes pas, aide-moi à revenir, je t'en prie. Moi, je veux te revoir.

Rose

Au moment de refermer l'enveloppe, les mains de Rosalie tremblaient. Une larme lui échappa lorsqu'elle écrit le nom d'Amerius sur le verso.

Elle espérait qu'il la trouverait. C’était la seule solution, son seul espoir.

La jeune femme renfila les vêtements avec lesquels elle était arrivée et bourra sa sacoche de nourriture. Le dispositif allait poser des difficultés. Rosalie put le faire sortir grâce à l'autre entrée donnant sur le bosquet. Transporter un cercle de métal et un cube de verre, tous deux faits pour contenir une personne assise, relevait de l'impossible. Après recherches, Rosalie mit la main sur un petit chariot à roulettes. Elle devrait tirer et craignait un peu les bandits de chemin, mais elle possédait toujours son revolver, une arme qui n'existait pas à cette époque et donc largement susceptible d'effrayer des agresseurs.

Il était presque quinze heures lorsque la jeune femme se mit en route, le poids de son chariot rallongé par une couverture et une lampe.

Rosalie se mit en chemin, un pas après l'autre, sans cesser de penser à ce qu'elle pourrait perdre.

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