Epilogue

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Jusqu’à présent, Amerius et Rosalie avaient caché leur relation à leurs collègues. Ils ne craignaient pas forcément les mauvaises langues désignant la jeune femme comme opportuniste, mais après ce qu’ils avaient subi, ils avaient aspiré à connaître la tranquillité.

Mais la bague au doigt de Rosalie avait vite attiré les curieux, d’autant que le jour même, elle avait procédé à son changement d’adresse au service administratif, puisqu’elle allait quitter son appartement pour emménager chez Amerius.

Il n’avait pas fallu une heure pour que la nouvelle fasse le tour du service, et moins de douze pour se répandre à l’ensemble de La Bulle.

Huit mois plus tard, les employés étaient tous présents au mariage. Ainsi que Galicie, ce qui avait causé plus d’un choc aux autres invités. Amerius avait été obligé de s’expliquer à ses employés, qui depuis, le regardaient tout autrement, eux qui le trouvaient déjà changé depuis sa relation avec Rosalie.

Les années passèrent, durant lesquelles les Basses-Terres furent plusieurs fois le théâtre de conflits entre rebelles et citoyens intégrés. Cela eut cependant le bénéfice de rallier la Cadrie du Nord et l’Alandrie, une nation au sud de la Cie-Ordalie, à l’Union.

Rosalie leur laissait volontiers la politique pour échafauder ses projets.

Puisque la reine lui avait demandé de l’aider à concevoir un avenir où magiteriens ou mages industriels s’entraidaient, Rosalie avait décidé qu’elle en serait le précurseur.

Si elle continuait de se lever chaque matin, c’étaient grâce à ce cœur et ces poumons mécaniques qui vivaient en elle. Aussi, à l’aube de ses vingt-huit ans, avait-elle quitté La Bulle pour fonder une entreprise visant à fabriquer des organes et des membres artificiels. La médecine était un domaine auquel les mages industriels n’avaient jamais touché, car trop proche du vivant, l’apanage des magiteriens.

En plus d’une équipe de médecins, scientifiques, et de plusieurs mages industriels, Rosalie avait recruté deux Vole-Poussière, un frère et une sœur, ainsi que Brume Landepluie, devenu le fiancé de la reine Galicie VII, seulement un an après que Rosalie eut parlé de lui. Une petite-fille était venue au monde l’an dernier, à l’automne mille neuf cent six. Si Galicie avait épousé Brume par intérêt, la mage avait quand même l’impression que ces deux-là semblaient développer des sentiments l’un pour l’autre.

Du côté de sa vie personnelle, Rosalie ne se refusait aucun plaisir. Elle et Amerius avaient beaucoup voyagé et redécoré la maison avec davantage de couleur. Quant au jardin, la jeune femme lui avait redonné une seconde vie, héritage de sa naissance magiterienne.

À la fin de l’année mille neuf cent neuf, leur vie prit un nouveau tournant inattendu. Rosalie sut, un peu par hasard, que ses organes reproducteurs n’avaient pas été touchés par l’épidémie.

Astrid poussa son premier cri en ationin mille neuf cent dix, seulement trois semaines avant le deuxième enfant de Galicie et Brume – un petit garçon.

Rosalie et Amerius durent ralentir le rythme de leurs carrières, prenant chacun leur tour des jours de repos pour s’occuper de leur fille.

Les mois passèrent, la chaleur de l’été devint celle de l’automne, puis la douceur se changea en froid glacial, durant lequel Astrid toucha la neige pour la première fois. Sa mère l’emmenait souvent à l’ancien domaine BasRose, devenu un jardin botanique ouvert au public, pour que sa fille se familiarise avec cette partie de son héritage. Lorsque les neiges fondirent et que les fleurs s’épanouirent, signe de renouveau, Rosalie ressentit pourtant une profonde mélancolie, qui dura jusqu’au neuf magnus de l’an mille neuf cent onze.

Lorsque le lendemain, elle ouvrit les yeux, ce fut le dix magnus de l’an mille neuf cent onze.

Rosalie songea à rester chez elle. Mais si l’histoire devait la ravir, elle voulait que ce soit sans lui donner de l’importance. La mage se leva, s’habilla et déjeuna comme si de rien n’était.

Au moment de partir travailler, elle embrassa longuement sa fille, s’attardant à respirer son parfum de bébé. Amerius ne pleura pas, elle le lui avait interdit, mais leur étreinte fut plus longue que d’habitude.

Rosalie refusa de se dire qu’elle allait mourir aujourd’hui. Peut-être serait-ce demain, ou dans un mois, un an, ou cinquante.

En refermant la porte de chez elle, la mage industrielle, née magiterienne, avait une certitude.

Celle de n’avoir aucun regret.

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