Jour 2 : Tissage
Tissage
Je me suis réveillé avec un étrange sentiment d’oppression.
Mon salon avait changé. La lumière du matin tombait sur… des fils noirs, fins comme des cheveux, qui couraient partout. Ils reliaient les meubles entre eux, tissant un réseau étrange à travers l’appartement.
J’ai reculé d’un pas, mon café à la main, et j’ai regardé le spectacle : les fils formaient un motif chaotique, sinueux, et au centre, une silhouette familière… une moustache gigantesque, semblable à celle du miroir d’hier.
J’ai essayé de les couper avec des ciseaux. Chaque fil tranché semblait renaître aussitôt, comme si l’appartement lui-même se moquait de moi. J’ai tenté de balayer tout ça, mais le balai s’emmêlait, prisonnier de ce tissage vivant.
Un frisson m’a parcouru l’échine lorsque j’ai entendu un léger cliquetis, venant du plafond. Comme si quelqu’un, ou quelque chose, remettait chaque fil en place, patiemment, pendant mon sommeil.
J’ai reculé, les mains tremblantes, et j’ai frôlé une chaise. Les fils vibrèrent et s’étirèrent vers moi, comme pour m’avertir.
Je n’osais plus m’approcher de la fenêtre. Le soleil du matin n’éclairait rien. Il semblait juste mettre en scène mon impuissance.
Je me suis assis, tremblant, le carnet sur les genoux, et j’ai écrit ces lignes : demain sera peut-être pire. Je le sens.
Dans l’air… un souffle, un murmure… me promettait que l’appartement avait encore des secrets à révéler.
Alors j’ai rampé jusqu’à ma porte, décidé à m’enfuir.
Une fois dans la rue, hagard, les yeux dans le vide, je me suis demandé : ai-je rêvé ?
Je n’ai pas osé revenir. J’ai filé au travail, espérant chasser ces images de ma tête.
Mais le soir, en rentrant, tout était normal. Pas un seul fil.
Aurais-je halluciné ? Suis-je en train de devenir fou ?
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