Jour 31 : Récompense
Ce matin, j’ai cru que tout était fini.
Plus de moustache sous mon nez, plus de tissage dans les murs, plus de couronne dentaire sur le lavabo.Peut-être que tout cela n’était qu’un trouble de sommeil.
Sur la table basse, une petite figurine de cerf me fixait.
Son bois semblait percé de minuscules trous, comme si quelqu’un y avait brodé des secrets.
À côté, une étoile de mer en plastique trônait, souvenir d’une nuit imprudente.
Le silence était lourd.J’ai voulu balayer le salon, mais une piqûre au doigt m’a stoppé net. Le balai était déchiré, les poils en lambeaux. J’ai tenté de boire un café, mais la tasse tremblait entre mes mains. Sur le tronc de ma plante morte, des mots gravés :
“Tu n’as rien compris.”
Quelle bourde encore ? ai-je soufflé, nerveux.
Le carnet, lui, était orné d’un nouveau symbole : une spirale d’encre.
À l’intérieur, un accord parfait entre toutes mes phrases, reliées par un mot : Arctique.
Je ne suis jamais allé là-bas.Mais deux pages plus loin, une phrase :
“Tes rivaux te regardent encore.”
Puis une explosion d’encre. Un bouton apparut dans la marge. Je l’ai pressé.
Des lucioles jaillirent du carnet, virevoltant dans un vacarme tapageur.
Une odeur d’enfer, de papier brûlé, emplissait la pièce.
Tout devenait déroutant. Les murs se décollaient comme les couches d’un oignon. Derrière, des silhouettes squelettiques chuchotaient ma leçon :
“L’histoire n’est jamais finie.”
Puis… le vide. Quand j’ai rouvert les yeux, le carnet était fermé, posé sur ma poitrine.
Sur la couverture, un mot gravé :
RÉCOMPENSE.
Et dessous, en lettres presque effacées :
“À l’an prochain.”
J’ai ri.
Un rire nerveux, absurde, presque heureux.
Parce qu’en tournant la dernière page, j’ai vu un calendrier collé au fond du carnet.
Octobre 2026.
Et sur la case du 1er… un seul mot griffonné à l’encre noire :
“Recommencer.”

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