Gene-code :04 Henry *****

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Henry s'était réveillé, agité par son esprit : on était le 22 mars 2023.

Il n'était pas sûr, mais il avait rêvé de la jeune mère qui s'était fait tuer par sa petite amie. Elle habitait dans l'immeuble privé où il vivait lui aussi. C'était une un petit immeuble, alors tout le monde s'évitait et respectait le calme.

Il pouvait comprendre cela, lui-même n'était pas du tout le voisin amical.

Il faisait tout son possible pour ne gêner personne et continuer de vivre tranquillement. Cela faisait une semaine qu'elle était morte.

Elle avait deux garçons d'environ douze et dix ans qui finiront dans le système social. Pour eux, l'enfer allait surement commencer. Henry en savait quelque chose, il était orphelin depuis ces huit ans. Il a fait beaucoup de famille, car on le choisissait toujours. La nature l'avait bénie en quelque sorte. Il était extrêmement beau, plutôt grand et athlétique. Étant enfant, il ne pouvait pas accepter la mort de ses parents, alors il était réticent à refaire confiance à des adultes. Il n'était pas turbulent, mais ne faisait pas d'effort pour aimer une autre famille. Henry avait eu le cœur brisé trop tôt et trop fort.

Donc, il avait évolué en quelque chose qui n'avait plus besoin de cet organe autre que pour pomper le sang. C'était comme ça qu'il avait récolté les morceaux tout seul. Il était trop jeune, alors c'était bien pour lui de ne plus souffrir d'un cœur fragile qui saignait trop facilement et trop longtemps.

Il s'était endurci comme s'il avait juste rangé ces émotions dans un placard dont les portes étaient fermées à clefs. Ensuite, il avait posé des chaines et des cadenas dessus.

Du haut de ces huit ans, il s'avait qu'il allait souffrir encore plus dans ce monde qui n'était plus réellement le sien. Un enfant, mais plus vraiment. Un être humain, mais plus exactement. Il pleurait en cachette pendant que ces parents adoptifs essayaient en vain de le comprendre et de le rassurer.

Henry pleurait tellement qu'un moment son cœur était vide de tristesse, alors ça allait. Il n'était pas heureux, mais on prenait soin de lui.

Les autres familles ne pouvaient pas supporter son manque d'interaction, ensuite, il passait de l'une à l'autre sans en pâtir, c'était la routine.

Donc, il n'avait plus envie d'essayer. Il était comme un meuble que personne ne voulait pour longtemps. Il savait pourquoi, mais ne pouvait faire semblant.

Il aurait plus fait la marionnette, mais il comprenait qu'il ne voulait pas jouer un rôle, quitte à être abandonné encore. Les années passèrent, puis il avait dix ans. Le temps avait passé vite de famille en famille.

De maison en maison.

Il était trop jeune pour être vide et creux, ça, il en était au courant.

Par la suite, une autre famille, celle-ci n'avait pas d'enfant. C'était un couple fraîchement marié. À ce qu'il comprit, ils étaient dans les affaires internationales. Ils étaient gentils, mais Henry ne se fiait pas à ce critère, surtout au début.

Toutes les familles l'étaient, mais les choses changèrent avec le temps.

Ce jeune couple partait pour s'installer en Corée pendant une année ou deux pour leurs affaires.

Henry vit un autre pays avec tout ce qui était différent, alors, du haut de ses onze ans, il était impressionné, mais pas heureux. Il n'était nulle part chez lui, ni en Corée ni ailleurs.

Il avait la chance d'avoir un professeur particulier, car il ne pouvait pas aller à l'école ici, c'était trop dur. Il avait tenté l'expérience, mais pendant la récréation, les autres enfants voulaient le frapper brutalement. Il prenait des coups, mais il avait battu ses cinq garçons tout seul. C'était la première fois qu'Henry avait eu des bleus. C'était la première fois qu'on l'attaquait sans aucune provocation, car il était tranquillement dans son coin.

C'était la première fois que la rage s'était éveillée dans son cœur mort. Il avait ressenti quelque chose depuis la mort de ses parents.

C'était la rage d'un petit garçon qui aurait voulu arracher ses parents du paradis avec sa propre force. Il aurait lutté pour récupérer les autres qui étaient chers à son cœur. Alors Henry frappait fort ces garçons.

Il frappait le destin, car celui-ci, il n'aurait pas voulu le vivre. Henry détestait à présent l'école à cause de ses brutes.

Quelque chose avait changé chez lui, la rage avait créé quelque chose, une sorte de flamme pure qui ne demandait qu'à bruler tout jusqu'à la fin des temps. Dans ses cauchemars, il voyait une sorte de géant de quatre mètres de haut. Celui-ci était une sorte de cadavre brûlé partout.

Il avait une roue de flamme dans son dos. Henry se rappelle qu'il avait l'impression que la créature était puissante au-delà de tout.

Elle était absolue comme le jour et la nuit. Elle était terriblement effrayante, mais Henry voulait l'approcher. Elle dégageait une sorte de pression qui lui faisait mal à chaque fois qu'il voulait la regarder de plus près.

Il savait par un instinct secret qu'elle était la juste pour lui.

Cette figure était comme un ange de feu, mais elle ne pouvait rien faire pour l'approche, alors elle regardait jours après jours.

Cauchemar après cauchemar.

Il ressentait à chaque fois une sorte de tristesse, comme s'il était triste pour mille personnes ou plus. Il se sentait tellement vieux, un peu comme si la vie l'avait ressuscité à chaque fois pour le tuer ensuite.

De famille en famille, de parents en parents.

Il n'arrivait pas à les aimer, parce qu'il ne le pouvait pas. Henry était triste comme le versant de la montagne qui ne bougerait jamais de son trône de granite. Ce n'était pas juste, mais c'était son destin en quelque sorte.

Il avait perdu ses parents qu'il aimait de son petit cœur d'enfant.

Pourtant, il n'avait qu'aimer, c'était la porte du bonheur et de tout le reste.

Alors, il serait comme un SDF devant la porte, mais jamais dedans.

Il la regardait, mais sans la vouloir, car elle était au-delà de sa portée.

Si proche, mais lointaine.

Henry avait abandonné en quelque sorte l'idée d'être heureux, un peu comme la poutre d'acier qui rêvait d'être souple comme le caoutchouc.

Il aurait plus détesté le monde, mais ce n'était pas ça. Il voulait quelque chose rien que pour lui, mais ne savait pas ce que c'était. Henry, fort de ses onze, cherchait une raison d'exister au-delà de se réveiller chaque matin en attendant le soir. C'était un cycle qu'il avait compris, le jour et la nuit venaient tout le temps, un peu comme la joie et la peine. Il ne pouvait pas éviter ni l'autre. Son petit cœur d'enfant le savait, mais il était déséquilibré : trop de peine et pas assez de joie. Trop de souffrance et peu de bonheur. Il était bien portant, on s'occupait bien de lui. Sa nouvelle famille faisait beaucoup de soirées entre amis. Il croisait beaucoup d'adultes qui lui parlaient souvent. On jouait aussi avec lui. On lui répétait continuellement que la souffrance partait avec le temps et qu'il serait heureux un jour. On lui disait qu'il devait davantage apprécier la vie. Henry voulait les croire, mais il lui manque quelque chose.

Un peu comme une horloge qui aurait une pièce manquante. Elle marchait, mais pas normalement. Elle sonnait, mais tout juste a peine.

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