Pluie d'automne

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 L'horloge fait un tour, puis un autre et encore un autre. Les heures et les jours défilent. La pluie dehors tape sur la table de la terrasse. Les journées sont moroses. L'automne est arrivé d'un coup. La luminosité grisâtre me sape le moral et je soupire. Je passe mon temps à la fenêtre. Je m'ennuie.

 Je me lève difficilement de mon fauteuil en m'appuyant sur ma canne. Je remets les coussins en place par habitude avant de me rendre dans la cuisine. Le trajet est périlleux. Il faut éviter les plis du tapis et les coins de meubles.

 Je ne suis plus aussi agile. Mes mains et mes jambes ne répondent plus comme avant. Depuis peu, elles tremblent et je dois être encore plus minutieux quand je me fais à manger. La dernière fois, c'était beaucoup trop salé et j'ai avalé toute ma baguette pour faire passer le repas.

 Je m'installe à la table de la cuisine pour éviter de renverser mon assiette. C'est frustrant de ne plus pouvoir déjeuner face à la baie vitrée mais c'est ainsi. Je suis trop vieux maintenant pour faire de grand voyage de la cuisine au salon. Même avec une simple assiette.

 En face de moi je vois qu'il est tout juste midi. Sophie m'a offert une horloge silencieuse à la mort de ma vieille pendule. Son coucou et ses sonneries à heures fixes me manquent. Je vis dans le silence. C'est peut-être ça qui rend la solitude si pesante.

 Je demanderai à Sophie de m'offrir un nouveau poste de radio pour mon anniversaire. Toutes les publicités m'agacent, mais ce sera toujours préférable au silence. Ma vieille télé ne veut plus s'allumer, mais je n'ai pas le coeur à embêter Sophie toutes les semaines. Elle a déjà bien assez à faire avec Madame Morin.

 Depuis que cette vieille harpie s'est cassé le fémur, elle monopolise complètement la jeune infirmière. Alors je reste chez moi à lire le journal et à faire mes mots croisés. J'arrive encore à lire un peu et même si mon écriture est devenue irrégulière, cela reste lisible si j'écris en lettres majuscules.

 Je sors de mes pensées et je repousse mon assiette vide en soupirant. Mes mains me font mal. Je vais sûrement retourner dans le fauteuil faire une sieste devant la fenêtre.

 Quand est-ce que j'ai arrêté de me sentir jeune et beau ?

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