Partie 3 - Action / Chapitre 22 - Perquisition 

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Août 4737.

Durant l’été 4737, Sire Konradius Clairy et Toltacan IV se réunirent plusieurs fois pour discuter d'un problème nettement moins grave que l'invasion des Six Royaumes par Retlig, mais néanmoins très épineux.

La Guilde des Marchands imposait ses vues depuis des siècles aux continents des Six Royaumes, d’Hafar, de la Terre des Orgueils, et même de Retlig aux dires de certains, en noyautant les administrations et en pratiquant de temps à autres le chantage au blocus maritime. Les deux monarques étaient décidés à mettre un terme à ce litige d'ampleur assez radicale.

Mérovée Pendragard, le jeune tout-puissant dirigeant de la Guilde, possédait des amis haut placés au sein de presque tous les organismes publics des Six Royaumes, d’Hafar et de la Terre des Orgueils. Son propre grand frère Clothaire n’était autre que le Ministre Fédéral de l’Intérieur de la Fédération des Six Royaumes. Son chantage n'était même pas illégal, car il s'arrangeait pour que les élus politiques et législateurs chargés de réglementer le commerce maritime international aillent dans son sens, de façon à « légaliser » ce chantage. Les députés des assemblées des Six Royaumes étaient constamment sous la pression de lobbies-écran de la Guilde des Marchands. Pour Konradius et Toltacan, le défi était donc de taille. Officiellement, Konradius n’avait aucun pouvoir politique, toutefois l’incurie du Palais des Peuples face à la Guilde des Marchands l’irritait de plus en plus. Le grand frère de Mérovée, Clothaire Pendragard, pouvait largement être soupçonné de complicité à l’égard de la Guilde.

Le Recham Primen jeta alors toutes ses forces dans la bataille afin de convaincre chacun des six premiers ministres et chacun des monarques des Six Royaumes de mettre une pression importante sur Clothaire Pendragard afin que ce dernier ordonne au BEF–6 d’enquêter sur son propre frère.

Il convint pour la police fédérale des Six Royaumes, le BEF–6, de trouver en vérité la preuve que des pots-de-vin étaient versés aux juristes du droit maritime, ce qui était un crime économique en vertu du droit des Six Royaumes et de la Terre des Orgueils. Les pots-de-vin étaient émis depuis l'île de Nueuhiera, située sous aucune souveraineté et siège social et opérationnel de la Guilde. Mais les sommes d'argents étaient bel et bien reçues, en revanche, sur des territoires souverains.

En quelques semaines, sur la pression de parlementaires minoritaires mais actifs, d'activistes des libertés et de petites compagnies maritimes dissidentes à la Guilde, des centaines de perquisitions furent menées des deux côtés de l'Océan Occidental, à Woestenia, à Magnaria, ainsi qu’à La Nouvelle-Clara, principalement. Le BEF–6 au sein de la Fédération et le SINC à La Nouvelle–Clara, équivalent local du BEF–6, menèrent l’ensemble des opérations de concert.

Il apparut au public un vaste réseau mondial de corruption que tout le monde soupçonnait plus ou moins, mais que personne n'avait le courage de démanteler, tant il était immense, bien huilé et tant ses ramifications partaient plus ou moins dans toutes les directions.

Mérovée Pendragard ne put être jugé par aucun tribunal, ayant opéré sur une île située sous aucune souveraineté étatique. Mais plusieurs dizaines d'hommes et de femmes politiques, ainsi que de capitaines de navires, furent arrêtés et limogés.

Quand Mérovée Pendragard se rendit un soir à Magnaria dans un hôtel de luxe pour une étrange réunion, il fut discrètement suivi par des agents fédéraux du BEF-6. Des « mages-policiers » entrèrent en télépathie discrète avec Pendragard et ses complices, en évitant que les cibles n'activent leur occultisme mental. Dans la procédure pénale des Six Royaumes, la télépathie était admise comme preuve de certaines fautes. L'hôtel où Pendragard se réunit avec ses associés fut investi dans la soirée par des policiers fédéraux et des membres de la Gendarmerie Royale de Clairy. Les effets personnels de Pendragard et de ses complices furent saisis. Les autorités découvrirent des mallettes remplies de billets de banque, mais aussi de diamants de contrebande d’Hafar et plus grave encore, trois lingots d'or en fuite de l'ancienne Réserve Républicaine de Retlig. Les lingots étaient frappés de la spirale symbolisant le Parti unique d'Allenwelt.

Nul besoin de vous le dire, cher lecteur, Pendragard et ses complices furent mis aux arrêts séance tenante.

Après plusieurs semaines de détention provisoire, le procès arriva.

Pendragard et ses complices furent condamnés à des peines de dix ans de travaux obligatoires non rémunérés -moins pudiquement nommés “travaux forcés”- dans les campagnes de Clairy, pour, selon les mots du juge “corruption aggravée en bande organisée, trafic de métaux précieux liés à des massacres ethniques, détention illégale d'avoirs financiers liés à des crimes de guerre et corruption massive de fonctionnaires et/ou élus politiques.”

Le lendemain de la condamnation, trois ailes volantes de l'armée de la République de Nouvelle-Clara, située en Terre des Orgueils, bombardèrent l'île de Nueuhiera. A la Nouvelle-Clara, les locaux de la Guilde furent mis sous scellés, en vertu d'une commission rogatoire planétaire visant les avoirs et biens gérés ou détenus par Mérovée Pendragard.

Le grand frère de Mérovée, le Ministre Fédéral de l’Intérieur Clothaire Pendragard, fut bien évidemment cité à comparaître comme témoin. Il en ressortit blanchi. Le ministre fédéral avait refusé tout net de présenter sa démission devant les très nombreuses critiques des citoyens comme du Recham Primen. Toutefois, le Conseil des Six Premiers Ministres avait pu sauver sa tête, en vertu de la Constitution Fédérale lui permettant de se porter garant d’un ministre fédéral faisant l’objet d’une enquête judiciaire en cours. Les autres ministres fédéraux composant le Palais des Peuples n’avaient formulé aucun commentaire.

Mérovée Pendragard annonça depuis sa cellule provisoire, située dans les sous-sols du Palais des Peuples de Magnaria, qu'une plainte serait déposée à La Nouvelle-Clara pour la destruction de Nueuhiera, qui était illégale sur la forme (car l'île était à la fois propriété privée de la Guilde et sous aucune souveraineté étatique, donc en soi il y avait dégradation du bien d'autrui avec plusieurs millions de ducas de dommages à la clef), mais pas sur le fond (elle représentait un danger économique important, et plusieurs conventions internationales rendaient les bombardements à peu près inattaquables), malheureusement pour lui et les hauts dirigeants de la Guilde. Par ailleurs, aucun décès humain n'était à déplorer lors du raid aérien sur Nueuhiera. Il serait donc difficile pour la Guilde, à présent durement affaiblie, d'obtenir gain de cause.

L'ex-chef de la Guilde contesta également le tout dernier chef d'accusation de corruption de fonctionnaires et d'élus politiques en arguant du fait qu'il avait envoyé les pots-de-vin depuis un territoire international. Mais son avocat lui conseilla de la boucler pour ne pas trop aggraver son cas... Il allait passer au moins huit ans sur une peine officielle de dix ans à labourer des champs dans une ferme d’État -en fait un centre de travail forcé, un « bagne »- du Royaume de Clairy.

Dans les mois qui suivirent, les trois entreprises fondatrices de la Guilde ; Posidonia, Sireinia et Atalanta, furent contraintes de laisser des navires de compagnies dissidentes circuler sur les océans, tellement ils devenaient trop nombreux. Les capitaines de ces dernières n'eurent plus la crainte d'être coulés comme auparavant.

Ce grand succès politique et économique pour Sire Konradius Clairy -la rue étant au courant des pressions exercées par le Roi Fédéral sur le gouvernement fédéral, ayant conduit au réquisitoire victorieux contre la Guilde- fut apprécié dans tous les Six Royaumes et même au-delà. Les voyages de populations entre les différents continents de la planète furent facilités, les prix des voyages tendant à la baisse relative.

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