Chapitre 13- Un nouveau cœur

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Arrivées au cœur de la ville, elles déposèrent leurs affaires au seuil de la porte, essoufflées. Coline toqua à la porte de ses parents tandis que la sœur contemplait la ravissante petite maison. Elle comportait un toit en pique, dont les briques étaient en or, un indicateur du sud-ouest était posé à côté d’une cheminée en forme de dragon, les volets étaient peints d’un bleu arquant qui faisait jaillir la couleur bleu marine de la porte. Elles entendirent un déclic provenant de la serrure et quand une vieille dame l’ouvrit, elle fut profondément émue en voyant sa fille lui faire un câlin.

— Oh mon petit papillon ! Comme-tu es ravissante dans cette tenue ! Tu m’avais tellement manqué !

— Moi aussi maman, tu m’as beaucoup manquée, raconta-t-elle en reprenant sa valise.

— Et qui est cette ravissante jeune fille ?, prononça-t-elle d’un bon accent Allemand.

— Je te présente mon amie, sœur Humbeline, elle passera aussi le séjour avec nous.

— Bonjour madame, ravie de faire votre connaissance, se présenta-t-elle en lui faisant la bise.

— Bonjour ma sœur, c’est la première fois que j’en accueille.

Les trois femmes rirent d’un air tendre. La mère leur donna la permission d’entrer et referma la porte derrière elles, en remettant son bracelet en forme d’anneau, autour de son poignet gauche. Elle les invita à laisser leurs bagages en bas pour faire humble connaissance, à la drôle d’invitée qu’elle avait reçu.

* * *

Après de longues discussions, elles virent qu’il se faisait tard et que demain, il y avait la messe. Coline autorisa Humbeline à aller dormir, mais au passage, lorsqu’elles n’étaient plus que deux au salon, la mariée dit à son amie, qu’elles regarderaient les lettres dès après la messe. Elle lui sourit, en la remerciant de ce bel accueil et monta se reposer, dans un lourd sommeil.

* * *

Cette fois ci, Humbeline n’avait pas rêvé du père Théophane et de tout ce qu’il s'était passé au royaume des enfers. Rassurée de s’être réveillée de bon matin, elle mit sa tenue de sœur en commençant par la longue robe pure, et finit par le voile qu’elle posa sur la tête. Elle aperçut une glace derrière elle, elle tourna la tête en voyant ses cheveux blonds, très court, avec de magnifiques yeux bleus de myosotis.

Nerveuse, elle referma le miroir qui était dans le placard et posa son voile sur la tête.

Désolée Jésus, ce n’est pas ce que je désirais faire… Je hais être vaniteuse..

Elle reprit son calme en allant prendre un bon petit déjeuner qui était déjà prépapré. Une pendule était placée à côté d’un grand canapé bleu, un jolie bouquet de lila était posé sur la table de la salle à manger, elle aperçut un autre bouquet avec les mêmes fleurs, aux pieds de la Sainte-Vierge qui était sûre une desserte. Des grands rayons de soleil transperçaient les rideaux de soie ainsi que sur la jeune fille qui savourait son petit café. Elle ferma un instant les yeux, pour sentir la chaleur se poser sur ses joues pourpres. Elle but son café et lut à la fois, les laudes, qu’elle était censée chanter avec ses autres sœurs. En repensant à elles, son cœur battit mélancoliquement. Elle soupira en les imaginant le dire dans la ravissante chapelle qu’elle contemplait depuis ces trente ans. Puis, elle remonta dans sa chambre pour aller prier, en posant le rosaire sur son précieux petit cœur et l’embrassa.

* * *

Au pied de la cathédrale de Saint-Michel, beaucoup de gens marchèrent sur les marches en blablatant de tout et de rien. Des pigeons étaient aux trousses des civiles pour réclamer à manger. Les cloches retentirent et certains oiseaux quittèrent le toit de la grande Église. Le groupe de famille, avec l’invitée, se rendirent dans ce beau lieu auquel la sœur était toute époustouflée. Jamais elle n’aurait vu une œuvre d’art. Tout paraissait immense à ses yeux, l’assemblée, l’autel, les coins de prières. Elle avait tellement l’habitude d’être dans un petit endroit serrer, où il n’y avait pratiquement pas de place pour l’assemblée, tandis que là, elle en fut bouleversée. À chaque vitraux qu’elle croisait, elle entre ouvrit les lèvres pour les découvrir. Ils présentaient toute l’histoire de son bien-aimé. Il y avait bien sûr, l’archange Michel qui se mit en valeur, comme l’indiquait le nom de la cathédrale. Les parents de Coline, lui indiquèrent sa place qui se trouvait, presque, au tout début de l’assemblée. Elle s’installa, toujours contemplative, en observant cette fois ci, les plafonds. Une peinture du renouveau lui sauta aux yeux lorsqu’elle vit qu’il s’agissait, cette fois ci, de la vie de la Sainte-Vierge. Elle était au centre avec des anges, puis, une autre partie de sa vie lorsqu’elle visita sa cousine Élisabeth, jusqu’au calvaire de son pauvre Fils. Des dorures étaient présentes partout, elles brillaient même sur les ustensiles du Christ. L’orgue commença à jouer et tout le monde se leva en chantant le chant d’entrée.

Ils écoutèrent tous la messe lorsque ce fut le moment de bénir le corps du Christ. Soeur Humbeline était à genoux et regarda avec des yeux émerveillées, son bien-aimé, dans les mains du prêtre. Elle leva la tête et au moment de s’incliner, elle vit avec stupéfaction, trois êtres diaboliques qui essayaient d’enlever le corps du Christ, des mains du prêtre. Elle voulait intervenir pour dire à ces êtres diaboliques de cesser ce bazar, mais ils continuèrent en en voyant un qui jeta une chaise sur le prêtre. Le jeune prêtre sentit une petite douleur au niveau de sa tête et continua la consécration. La sœur était loin de ses surprises, lorsqu’elle vit le prêtre figer, au moment de lever le sang du Christ, se faire tabasser par de vilaines boules de poils qui essayaient de s’emparer de la coupe. Soudainement, un décors noir embrasa toute la cathédrale jusqu’à ce qu’elle vit qu’il n’y avait pas, non pas trois diablotins, mais pleins de mains dans l’obscurité, qui s’approchèrent du corps du Christ en le réclamant.

Ils virent soudainement la sœur, à côté du prêtre et se précipitèrent vers elle en lui demandant l’aumône. Elle se fit arracher les vêtements, puis les cheveux ainsi que son beau voile qu’elle tenait tant à cœur. Elle fit de son mieux pour se débarrasser de cette foule qui ne réclamait que le corps du Christ, mais ils étaient bien trop nombreux. Le seul moyen pour se protéger contre ces coups d’attaques, était qu’elle se blottisse dans un coin et d’attendre que le temps passe. Elle avait les yeux écarquillés, en étant persuadée que son cauchemar n’allait pas recommencer, mais elle avait eu tort. Soudainement, le bruit d’un fouet retentit dans la foule. Toutes les mains qui avaient essayé de faire du mal à la sœur, se tapissèrent dans l’obscurité en laissant la personne passait à travers elle. Elle continua de les faire fuir avec son long fouet, sans leur faire du mal et une grande lumière frappa dans le cœur de la jeune sœur. Elle sentit une présence à la fois rassurante et à la fois douce. La personne qui rayonnait, avait pris sa main pour l’emmener loin de cette foule. Sans en dire plus, elle se laissa aller en ne sachant pas du tout où il l’emmenait. Elle voulait lui demander, mais le prêtre qu’elle reconnut aussitôt, ne parlait pas du tout. Il faisait froid dans cet endroit et aucune lumière n’était présente. Elle en avait peur, jusqu’à ce qu’elle s’aperçut qu’elle se trouvait dans un nouvel endroit.

Elle vit aussitôt du personnels, ils étaient en train de courir dans un long couloir d’hôpital. Le gynécologue disait à ses infirmiers que c’était urgent et qu’il allait bientôt mourir. À sa plus grande surprise, sœur Humbeline resta paralyser quand elle vit qu’il s’agissait de sa grande sœur. Elle était allongée, les larmes aux yeux, avec un homme qui devait être sans doute son mari, pleurer, dans ses bras. Il avait sur sa main, un chapelet, qu’il était en train de citer en silence. Jamais elle n’aurait pensé que sa sœur finirait avec un catholique. Le prêtre l’emmena dans une autre salle, avec trois autres personnes qu’elle reconnut aussitôt. Elle vit le saint père Charbelle, au dessus d’un petit berceau.Il avait emmené tout le matériel avec une autre sainte qu’elle ne connaissait pas du tout, suivi de sainte Bernadette qui était en train de tenir la main du petit bébé ainsi que saint Giuseppe Moscati, qui veillait sur ses battements de cœur. La jeune sainte était en train de s’occuper de la sonde et elle en injecta, dans les bras du petit nourrisson. Le père Théophane plaça la sœur à côté de sainte Bernadette, qui lui souriait en saisissant sa main. Elle l’invita à regarder le bébé, mais sœur Humbeline vit qu’il se battait entre la vie et la mort. Elle en avait le cœur malade. En comprenant qu’il s’agissait du bébé de sa grande-sœur, elle se mit aussitôt à prier. Ils étaient dorénavant six à prier, autour de lui. Soeur Humbeline demanda si elle pouvait le prendre dans ses bras et saint Charbel lui donna la permission. Elle le prit en pleurant toutes les larmes de son corps et le montra à sainte Bernadette qui lui fit un signe de croix. Les autres se mirent à l’imiter jusqu’à ce que le bébé se mit à brailler. Des cris de joies ressortirent du cœur de sœur Humbeline, qui n’y croyait plus jusqu’à maintenant. Elle le serra fort contre elle en l’embrassant de toute son âme.

Le bébé va bientôt se réveiller dans l’autre monde, confirma saint Charbel en rangeant sa mallette.

Oh mon Dieu, merci ! Merci ! remercia-t-elle les larmes aux yeux.

Vous voyez ma sœur, rien n’est impossible avec Dieu, affirma le père Théophane en posant sa main sur son épaule.

Merci mon père de m’avoir emmené ici, j’ignorais totalement que ma sœur allait accoucher…

Vous désirez voir la suite ?

Elle hocha la tête en remerciant tous les saints de s’être occuper de cette petite âme et reposa le bébé en poursuivant le père.

Il l’emmena dans la salle du patient, où Maïa venait justement d’accoucher. Elle était en larmes en disant à son mari qu’elle ne voulait pas perdre son cher petit trésor. Elle n’était pas du tout croyante, mais pour la première fois de sa vie, elle s’unissait à ce bel jeune homme, qui tenait fermement le chapelet avec elle. Elle répéta doucement les paroles avec lui, le cœur déchirait. Soeur Humbeline, sachant qu’ils ne les voyaient pas, se mit à côté d’eux pour prier. Puis, par miracle, le gynécologue entra dans la salle en rassurant la nouvelle maman que le bébé était en vie. Il leur racontait que c’était un miracle, car à tout moment, ils pensaient l’avoir perdu. Sous un gros choque, elle leur demanda de voir son nouvel enfant et il lui tendit, en posant délicatement sa tête sous son cou. Émerveillée et à la fois fatiguée, elle le blottit contre son cœur en continuant de pleurer. Le nouveau papa lui caressa les cheveux en l’embrassant sur le front.

Oh Marie, Jésus, Joseph, susurra-t-elle en posant ses mains sur son visage livide.

Tiens donc, c’est la première fois que tu parles d’eux, rit doucement le jeune homme.

La nouvelle maman qui désirait le frapper, regarda son nouvel enfant en l’embrassant de partout.

C’est une grâce que le Seigneur nous a accordé, il a sauvé notre enfant d’un terrible accident.

Maïa, qui n’y croyait pas trop, sourit tout de même, mais elle était quand même soucieuse. Son mari prit ses mains pour la rassurer.

Comment-te sens tu ?

Elle soupira en tournant la tête de l’autre côté de son lit. Elle palpa ses lèvres et se retourna vers lui en caressant sa main.

Bien, je vais bien.. Mais, j’aurais aimé que ma famille soit à mes côtés…

Mais tu m’avais dit qu’ils allaient venir te voir, n’est-ce-pas ?

C’est… c’est compliqué à t’expliquer…

Dis-moi tout Maïa.

Soeur Humbeline s’assit en face de sa sœur pour écouter attentivement la suite de la conversation.

Je t’aurais dû te le dire plutôt mais j’en étais incapable… Soupire, si ma sœur apprenait ça, elle serait aussi folle de rage…

Mais Maïa, tu ne m’as jamais dit que tu avais une sœur ! Pourquoi-est-ce que tu m’as menti ?!

Elle lui accorda deux minutes, le temps de reprendre son souffle.

Elle n’existe plus à mes yeux.

Le cœur brisé de n’avoir rien raconté à ses parents, elle se mit à pleurer, mais le père Théophane resta à ses côtés pour la rassurer.

Lorsqu’elle a décidé de prendre la fuite, maman était folle de rage. Nous sommes partis à sa recherche pendant de longues années. Un jour, un gendarme nous a confirmé qu’elle était devenue sœur. Maman était très en colère, elle a commencé à se noyer d’avantage dans l’alcool et le pire… C’est que papa a commencé à produire le même schéma que ma sœur. Quand elle a appris qu’il était devenu croyant, elle a commencé à l’insulter et à l'interdir de ne plus venir à la messe. Dès qu’il commençait à parler de Dieu, maman se mettait dans des états pas possible. Elle disait que Dieu lui avait volé sa fille et son mari… Elle en était très jalouse… Jusqu’au jour où je l’ai trouvée, allongée, dans son lit…

Le cœur de la jeune sœur avait cessé de battre. Anéantis d’avoir entendu tout cela, elle décida de quitter la pièce, mais le prêtre l’avait retenu en la prenant dans ses bras. Maïa se mit aussi à pleurer.

Mais je regrette d’avoir fait autant de mal à ma sœur… Ce n’est pas parce qu’elle était croyante, que je devais agir comme ça avec elle…

Pour la première fois de sa vie, Humbeline sentit une nouvelle sensation dans son cœur et se tourna doucement vers sa sœur.

C’est parce que tu as produit le même schéma que ta mère…

Mais je m’en veux de lui avoir affligée autant de mal… Mais ce que je ne comprends c’est pourquoi ne nous a-t-elle jamais dit qu’elle voulait partir au couvent ? Alors qu’on a toujours été au près d’elle !

Peut-être parce que ta mère n’aurait jamais accepté qu’elle devienne religieuse, je ne vois pas d’autre raison.

En comprenant soudainement le message de son mari, elle le prit dans ses bras et se berça contre lui.

Elle était si gentille ma sœur, elle avait un caractère si doux alors que moi, je n’ai été qu’une égoïste, qu'une horrible sœur !

Non ne dis pas ça Maïa, tu es juste en train de prendre conscience qu’elle te manque.

Oui elle me manque… Pour être honnête…

Pourquoi ne pas aller la voir ? Ça peut-être une bonne idée de mettre un terme à toute cette histoire.

Oui tu as raison…

Je suis sûr qu’elle sera heureuse de voir Augustine.

Maïa sécha ses larmes et le remercia pour tout le soutien qui lui apportait. Pour la première fois, Sœur Humbeline, commençait à avoir un nouveau cœur, pour sa futur belle famille.

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