Chapitre 17- Révélation

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08/10/1939

Mon bien-aimé,

L’ennemi était en approche. Le colonel nous avait demandé d’attendre lorsqu’il lancera la première ligne en attaque, ainsi que la deuxième, en contre attaque. J’avais attendu que ça soit à mon tour, lorsque le premier rang monta sur une petite échelle et couru, en hurlant « Vive la France ! » et partit à fond la caisse. Je m’étais de nouveau boucher les oreilles, en entendant tout de même les coups, faire rage dans mon âme. Des gouttes de larmes avaient longé mes joues sales, j’avais attendu que ce massacre se termine lorsque le deuxième rang partit. En étant dorénavant, en bas de la ligne de front, j’avais senti mon cœur battre à la rompe. J’avais le souffle coupé, je n’arrivais plus à parler tellement que j’en tremblais. Je fis le signe de croix, jusqu’à ce que le colonel nous lança, à notre tour. On me poussa pour que je monte et je le fis, anxieux. Puis, Vincent qui était derrière moi, insista pour que je cours, comme lui, c’est à dire, comme un sauvage. Ils partirent tous à l’avant, tandis que moi, j’essayais de suivre leur rythme, avec l’arme lourde. Je tremblais tellement que je ne savais pas où je devais viser. Des coups de feux se firent entendre à ma droite, puis à ma gauche. De la fumée cachait l'entièreté du paysage. Joseph, Corentin et Vincent n’étaient pas très loin de moi. Quelques cris se firent entendre, jusqu’au moment, où je marchais sur un champ, remplit de corps. Je me retenais de ne pas sentir la mauvaise odeur qui pestait déjà, jusqu’au moment où je vis un soldat Français, appelait de l’aide. L’âme déchirait d’entendre ces cris d’appels, j’enroulais le fusil autour de mon épaule, sorti la morphine que j’avais caché secrètement dans ma poche, tirais la seringue et en mis dans la jambe du blessé. J’estompais sa blessure avec l’aide d'un vieux bout de tissu et appuyais longuement, pour cesser l’hémorragie. Le soldat cracha du sang et remua dans tous les sens, en hurlant de douleur.

— Détendez-vous, la morphine fera bientôt effet.

Il m’avait saisi par le col et avait crié :

— Il m’en faut plus ! Donnez-moi en plus !

— Mais vous allez mourir si je vous en mets plus !

D'un geste brutal, il avait volé la morphine, en planta dans sa jambe, jusqu’à boire toute la bouteille.

— Non arrêtez ! Vous allez mourir !

Il ne m’avait pas écouté… Cet homme, voulait se suicider… Quand j’avais vu cette scène s’afficher à mes yeux, mon corps avait frémit pour lui et pour son âme. Il s’écroula au sol, avec la bouteille vide. Mes mains étaient pleines de sang, des tirs se produisaient dans tous les sens, au moment même, où un soldat Allemand m’avait demandé de lever mes mains. C’est ce que je fis jusqu’à ce qu’il fut tirer par quelqu’un d’autre. J’avais détourné le regard, jusqu’à ce qu’une main attrapa la mienne et m’avait sorti de ce trou à rat.

— Qu’est ce que vous faites mon père ?! Vous êtes au beau milieu de la zone Allemande ! Retirez-vous, vite ! avait-crié Corentin.

Il m'avait sorti du pétrin, en étant resté derrière lui pendant qu'il tirait sur des Allemands qui avaient surgi droit devant nous. Il tira jusqu’au point, de me dire que je devais aller à droite ou à gauche, pour éviter la balle. C’est ce que je fis, mais au même moment, je m’étais accroupis, en faisant une crise d’angoisse. Corentin m’avait ordonné de me relever, car les Allemands allaient revenir, mais plus nombreux. Nous étions presque fichus, jusqu’à ce qu’un autre soldat m’avait saisi par le bras et m’avait poussé dans un trou à obus. Tous les deux, se jetèrent à l’intérieur lorsqu’un missile tomba jusqu’à côté de nous. Certains de nos soldats avaient été projetés, jusque dans le ravin. Je m’étais retenu de hurler, mais une grosse main me plaqua les lèvres et leva son regard. Des Allemands étaient juste au-dessus de nous et fouillèrent la zone, en ne remarquant que des corps, et partirent, une bonne fois pour toute. L’homme qui était à côté de moi, était à deux doigts de me donner une gifle, mais au lieu de ça, il s’était retenu en nous disant qu’on pouvait partir avec Joseph et Corentin. Je le lisais, dans le regard de Vincent, qu’il en avait marre de mon comportement… Mais c’était plus fort que moi, je ne pouvais pas tuer… Je ne pourrais jamais… Nous étions repartis au camp, en annonçant à notre chef que nous avions perdu une bonne cinquantaine de nos soldats et que nous avions échoué pour étendre notre alignée. Furieux, l’adjudant Pommier nous avait fait toute une leçon sur le fait que nous étions une bande de vaurien et que nous étions incapable de battre les Nazis si nous continuons d’agir comme des gamins. Il était reparti à ses affaires, jusqu’à ce que certains soldats, me poussèrent en me crachant dessus. Le seul qui m’avait aidé à me relever était Corentin. Il m’avait dit que je devais les ignorer et était parti pour rejoindre une autre troupe. Pendant cinq semaines, nous avions mangé que des lentilles. Pour le moment, je n’avais reçu aucunes lettres… Je continuais de prier dans mon coin, en vous implorant de mettre un terme à cette guerre…

Quand nous continuons d’accomplir notre devoir, de tuer les Nazis, nous avions réussi à nous étaler, doucement… Je continuais de soigner en cachette des soldats qui furent gravement blessés. Mon esprit n’était qu’occupé qu'à faire ça toute la journée. Heureusement que j’avais fait un stage chez un chirurgien et que nous avions eu quelques cours là-dessus… Je ne vous compte pas le nombre de soldats que j’ai sauvé… Ils étaient incalculables… Joseph nous avait raconté qu’il allait bientôt avoir un enfant et qu’il avait hâte de rentrer à la maison pour le voir. Il disait à quel point sa chère Coline lui manquait. Mon coeur fut brisé pour Philémon, vous ne l’imaginez pas… Corentin continuait toujours à faire des crises d’angoisses, mais lorsque je dormais près de lui, il allait mieux et se réjouissait d’avoir le chapelet. Joseph m’en avait demandé un aussi et je lui avais donné, très discrètement. Certains soldats me l’avaient aussi demandé et j’en fus réjouis, qu’il y en avait encore qui croyait en vous. Un jour, lorsque je mangeais ma soupe, avec pleins de terres, Vincent c’était approché de moi avec ses amis et la fit renverser sur ma tenue. Puis, il m’avait ordonné de me lever et c’est ce que je fis.

— Écoute-moi bien Barthélémy, jle vois bien dans ton jeu que tu cherches que la merde. Jles ai bien vus, les soldats que t’essayais de sauver, sauf que le problème, c’est qu’à cause de toi, on a plus de place dans les tranchées !

Je comprenais bien son agacement, ce à quoi j’avais répondu :

— Et s’il t’arrivais la même chose ? Que ferais-tu ?

Il se moqua volontairement de moi avec ses autres amis et renifla en passant sa main sous son nez.

— Jme battrais pour rester en vie !

— Tu vois ? Eux aussi essayent de se battre pour rester en vie. Il est mon devoir, en tant que prêtre, de sauver des vies, y compris la tienne, mon cher ami.

— Sauf que tu n’es plus un prêtre ! Et je t’interdis de dire que tu es mon ami !

Les autres amis de Vincent commencèrent à s’éloigner de lui et il en avait profité pour parler avec moi, seul à seul.

— Comment connais-tu mon nom ? Tu lis dans mon âme ? ria-t-il en allumant une clope.

— Non, parce que je connais votre fils.

Étonné, il s’était tourné vers moi en cessant de fumer.

— Tu, tu connais Philémon ?

J’avais hoché la tête, en voyant subitement un nouvel homme.

— Comment va-t-il ?

Surpris d’avoir entendu une nouvelle intonation dans sa voix, il m’avait pris à part en nous cachant dans un mini coin.

— Vous n’avez jamais pris de ses nouvelles ?

Honteux, il le cacha en regoûtant à sa cigarette.

— Je… Je n’en ai plus depuis longtemps… On me l’a interdit…

C’est à ce moment là, que j’avais compris que ce vieil homme souffrait pour son fils. Enfin, je reconnaissais la douceur des humains qu’ils apportaient pour leurs enfants.

— Il va bien, malgré le fait qu’il essaye de se battre…

— Des Nazis lui ont fait du mal ?!

— Non non rassurez-vous, il a eu un accident lorsqu’il a participé à une compétition sur glace… Il ne marche plus que sur une jambe…

Rassuré, le père s’était adossé contre une botte de terre et s’était retenu de pleurer.

— Comment sais-tu toutes ces informations jeune homme ?

— Heu.. Parce qu’il…

Devais-je lui dire mon bel amour ? J’avais pris mon courage à deux mains en lui expliquant que son fils était devenu moine et qu’il lui en voulait terriblement de l’avoir abandonné. Le père, qui ne voulait pas écouter mon discours, avait jeté sa cigarette et m’avait dit :

— Dites-moi, « mon père », puisque vous tenez tant à votre religion, pourquoi est-ce que Dieu ne m’a pas aidé lorsque ma femme m’a abandonné ?

J’avais pris une grande inspiration en lui demandant à mon tour :

— Et vous monsieur ? Pourquoi-est ce que vous êtes devenu alcoolique ?

Je le lisais dans son regard que satan avait volé son âme. Il s’était emparé de sa haine pour la transformer en billet de dollars. Il me racontait que de toute façon, il avait eu une meilleur vie en dépensant son argent dans des besoins inutiles. À quoi bon, ce sont les problèmes des riches, ils ne pensent qu’à leur propre intérêt et non aux autres… Je comprenais mieux pourquoi est-ce que Philémon ne l’avait jamais apprécié… Pourtant, mon petit ange gardien me disait que cet homme, était profondément malheureux et qu’il avait besoin d’aide…

Signé, le père Théophane qui embrasse tout le monde dans le royaume des Cieux.

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