Chapitre 21- La conversion du cœur

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Sœur Humbeline, les larmes aux yeux, avait rangé la feuille dans sa valise en repensant à la belle dame qu’avait vu réellement le père Théophane. À son tour, elle essaya de l’imaginer, en la voyant marcher au milieu des tranchées. Elle n’arrivait pas à croire que cette belle dame avait eu l’audace, de demander au prêtre de continuer de prier pour la paix. Elle trouvait ce message très encourageant. La lettre que le père Théophane avait écrit, lui avait aussi adressé la parole. Elle en fut toute émue. Elle se débarbouilla le visage et reprit sa lecture :

— Hé gamin, arrête avec tes discours gnangnan sur ton Dieu qui n’existe même pas. Va voir ailleurs et laisse nous profiter de notre soirée, avait ronchonné Vincent en me jetant dehors.

Ma tenue avait été recouverte de boue. J’avais essayé de la nettoyer et avais remis mon casque, pour partir faire ce que je venais de dire. Puis, la porte s’ouvrit et trois personnes s’approchèrent de moi, tandis que moi, j’étais très tendu.

— Attendez mon père, on voulait s’excuser…

Quand j’avais entendu ces paroles, je m’étais retourné et avais aperçu Jérémy, Joseph et Louis, qui étaient désolés de leurs comportements.

— Vous aviez raison, j’ai honte de boire alors que des millions de soldats sont en train de mourir…

— Je suis d’accord avec Louis, même moi j’ai honte que Vincent se comporte de la sorte avec vous, vous méritez mieux mon père, répondit doucement Joseph en s’étant agenouiller devant moi et avait posé le casque contre sa poitrine.

Les deux autres hommes les avaient imités, j’en fus profondément touché. Puis, j’avais posé ma main sur leurs têtes pour les pardonner.

— Pourrions-nous aussi adorer avec vous ? avait demandé Jérémy.

— Faites comme vous le voulez mes enfants, mais comme c’est la nuit de Pâques, je pensais veiller toute la nuit au près du Seigneur…

— C’est quoi la nuit de Pâques ? avait demandé subitement Jérémy.

Heureux d’entendre cette question, j’avais tapoté son épaule et avais demandé aux deux autres jeunes hommes de me suivre. Je leurs avais répondu que la nuit de Pâques était lorsque nous venions adorer le Christ au jardin de Gethsémani avant qu’il ne se fasse livrer par Judas. Je leurs ai racontés qu’ainsi, le Seigneur avait prié toute la nuit, en ayant supplier à son père de nous délivrer de tout mal et qu’il fut très inquiet de se faire crucifier… Curieux, nous nous étions installés dans la petite église du village, sur des bancs. Des brins rayons lumineux qui venaient de la lune, nous avaient un peu éclairé, avec l’aide de quelques cierges que j’avais aussi allumé au passage. J’avais répondu à toutes leurs questions en disant que demain, c’était le vendredi Saint. J’avais expliqué toutes les étapes de son chemin de croix. Il était avant tout, passé, devant les Sribes qui le jugèrent en ayant dit que ce qu’il faisait, était mal. Puis, Jésus-Christ, c’était fait humilier et tabasser, pour nous racheter de nos péchés. Ils étaient très captivés, et avaient les larmes aux yeux en demandant pardon de ne pas avoir pensé à lui, depuis tant d’années. Sauf Louis, qui s’y connaissait bien aussi, mais qui s’en voulait d’être un horrible pécheur. J’avais donc pris la décision de célébrer une petite messe pour le lavement des pieds. Louis s’était fait passé pour un servant d’autel, tandis que Joseph et Jérémy écoutaient attentivement. Quelques habitants qui avaient vu les éclairages dans la petite église, étaient venus pour écouter la messe. Ils étaient tous surpris, car cela faisait si longtemps qu’ils n’avaient pas pu célébrer de messe dans cette paroisse. J’avais choisi douze personnes pour reproduire la même scène avec les disciples lorsque Jésus leur avait lavés les pieds. Je fus surpris lorsque Vincent et Matthieu avaient déposé Corentin au sol. Je m’étais approché de lui pour laver à son tour ses pieds. Il en fut tout ému. Le dos courbé et les muscles très abîmés, je m’étais tout de même donné du mal pour verser l’eau sur leurs pieds avec l’aide précieuse de Louis qui tenait les serviettes. Puis, j'avais posé ma tête sur leurs orteils, en vous priant de les bénir jusqu'à la vie éternelle. À la fin de la messe, j’avais sorti l’ostensoir et l’avait posé sur l’autel en le présentant à tout le monde. Pour la première fois, j’avais pu me mettre à genoux et à vous adorer. Les larmes étaient montées aux yeux, car lorsque je vis votre petit bout de pain, je m’étais vite excusé pour tous les péchés que j’avais commis ces derniers temps. Votre présence m’avait tellement manqué, vous ne l’imaginez pas. Puis, à ma plus grande joie, j’avais remarqué que la petite église fut pleine. Je vis au loin, Vincent, qui était en train de pester. Mais très vite, il s’était mis à adorer, à genoux, les mains posées sur le banc. Ce fut une très belle soirée mon bel Amour, et je voulais vous en rendre grâce. Quand je vous ai vu, à travers la pleine lune, mon cœur avait bondit à ce moment là. Il avait crié « Seigneur, Seigneur, vous qui êtes si juste et si bon, permettez-moi de vous offrir mes futurs fils, qui ne réclament qu’une seule chose : la conversion du cœur. »

Signé, le père Théophane qui prie pour nous, pauvre pécheur.

* * *

08/04/1941

Mon bien aimé,

Après une lourde soirée, nous sommes repartis comme je leur avais dit, à l’aube. Il y avait eu quelques soldats Allemands qui étaient déjà levés de bon matin, mais nous avions été plus rapides qu’eux mon Doux Jésus. Nous avions descendu tout Carcassonne, et ce fut une véritable course. Pratiquement la moitié de la population était Allemande. Quand on voulait commander à manger, ce fut très compliqué Il n’y avait pratiquement plus rien, tous les soldats avaient ravagé avant nous. Nous avions repris le chemin avec un estomac assez léger. C’était parti pour une grande aventure mon bel Amour, car nous avions marché pendant une semaine jusqu’à arriver dans le village dont nous avions été informés de la présence de l’ami du colonel qui nous attendait, à Lagrasse. Jamais je n’aurais imaginé qu’il y aurait une Abbaye, cela faisait si longtemps ! J’en fus tout époustoufler, quand nous sommes rentrés à l’intérieur, car ils entretenaient en plus de cela, un hôpital. J’en fus combler de joie pour Corentin qui avait déjà le sourire au visage. Mais une fois arrivé dans les lieux, un moine marchait très rapidement et nous avait demandé de rentrer à l’hôtellerie. Il nous avait lancé des tenus de rechange et nous avait demandé de nous dépêcher de nous changer lorsqu’un autre moine lui avait pressé pour lui dire que les Allemands nous attendaient dans la petite chapelle. Le moine nous avait parlé très vite, il nous avait raconté qu’il avait menti en disant qu'il attendait des retraitants. Mais il avait eu à peine le temps de raconter la suite que des soldats commencèrent à venir vers nous. Nous avions eu le temps de jeter nos tenus sous des canapés et nous étions très vite sortie de l’hôtellerie. Le moine avait frappé mon dos en s’étant exclamé :

— Amaury ! Cela faisait si longtemps que nous nous étions pas revus.

J’avais compris à ce moment là qu’il m’avait révélé ma fausse identité. Je fus très gêné, ainsi que les autres qui m’attendaient près de Corentin.

— Vous m’avez dit que vous vouliez vous confesser, vous le voulez toujours ?

Il était très futile ce moine. J’avais commencé à dire oui, jusqu’à ce que les Allemands, eux, n’étaient pas en accord.

— Il est strictement interdit de faire des confessions, grommela un Allemand.

— Voyons mon fils ! Vous êtes dans un lieu sacré, vous ne pouvez pas commander ce que Dieu le père nous a demandé de faire à nos enfants.

— Pour la seconde fois, il est strictement interdit.

Son plan avait échoué. Il avait relevé ses manches et nous avait demandé d’aller à la messe avec les Allemands qui étaient à nos trousses. Je me demandais quand est ce que le moine aurait le temps de nous fournir les informations nécessaire pour partir en Pologne, mais en attendant, tout était fichu… Les Allemands avaient été plus malins que nous… Ils attendaient derrière la chapelle en train de monter la garde. Des paroissiens s’étaient assis dans l’assemblée pour poursuivre la messe. Un Allemand nous avait demandé ce qu’il s’était passé pour Corentin que nous avions eu le temps d’enlever sa veste pour ne laisser que son tee-shirt et le bas. Vincent avait répondu à ma place, en disant qu’il avait été gravement touché lorsqu’il conduisait. Le soldat avait gobé se mensonge et avait refermé les portes. Ils étaient même en train de faire la ronde dans l’église. On entendait leurs pas résonner jusqu’au fond de la petite chapelle. Puis, le moine, qui nous avait accueillit, était seul à célébrer la messe. Au moment de l’homélie, il s’était approché du pupitre et avait commencé à parler de l’Évangile du jour. Jusqu’au moment où mon cœur avait commencé à battre plusieurs fois, il me disait « écoute bien ce qu’il va te dire Théophane, c’est très important » :

— Nous sommes tous des Enfants de Dieu, car c’est lui, le très-haut, qui nous a tous façonné de son cœur droit. Retenez-le bien mes chers frères et sœurs.

En comprenant qu’il s’agissait d’un message codé, j’avais sorti discrètement une feuille pour décrypter son message. Il y avait eu quelques phrases qui me paraissaient évidente pour poursuivre notre mission comme « Les messages du Christ sont parfois très cachés dans nos cellules , c’est à dire dans nos cœurs », « Nous serons tous prêts, un jour, à rejoindre le Paradis, au près du très-haut, qui nous a façonné de son cœur droit », avait-il répété deux fois. « Le Saint-Esprit a bâtit sa demeure sous la bâtisse du très haut ». En quelques minutes, j’avais déchiffré le message, en comprenant ce qu’il voulait nous dire. Il était très doué mon bel-Amour, merci au plus profond de mon cœur, c’est grâce à vous, que j’ai compris qu’il s’agissait d’un message. J’avais caché très discrètement la feuille et avant de monter dans nos chambres, nous avions pu déposer Corentin près des petits frères de Lagrasse. Le moine, qui était un infirmier, nous avait remercié. J’avais serré une dernière fois la main du jeune soldat qui s’était assoupi et avais sorti la rose de sa poche pour la mettre dans un vase, à côté de lui. D’autres malades étaient en train de tousser et ne demandèrent qu’une seule chose : sortir de cet endroit. Je remerciais également les frères qui s’occupaient de cet hôpital sous la haute surveillance des soldats. J’avais regagné ma chambre et avais commencé à écrire sur des petits bouts de papiers, à chacun de mes confrères : « vos fausses cartes d’identités se cachent dans vos cellules. Trouvez-les bien et prenez-les avec vous. Nous partirons demain matin. Nous ferons semblant de partir pour aller prendre le train, or il se trouve qu’il y a une voiture sous le monastère. Nous la prendrions pour faire le voyage jusqu’en Pologne ». Puis, je les avais glissés dans des stylos à billes de couleurs très foncés, sous une deuxième couche de verre transparent, que je venais d’inventer. En sortant de ma cellule, j’avais demandé aux soldats à ce que je rejoigne mes amis. Ils m’avaient fouillé jusqu’à voir les stylos que j’avais apporté pour eux. Comme prévu, ils avaient ouvert le capuchon et avaient regardé à l’intérieur. Heureusement qu’ils avaient un mauvais œil pour ne pas voir le deuxième plafond que j’avais créé. Ils remirent les capuchons et me les avaient donnés pour me dire que j’avais l’interdiction de leur parler. J’avais frappé à leurs portes pour leur donner les stylos, dans un silence total. J’avais espéré qu’ils retrouvent le message, chacun de leurs côtés.

* * *

Le lendemain, nous avions dit au revoir à Corentin, en espérant le revoir un jour. Il nous avait confirmé qu’il allait beaucoup prier pour que nous restions tous en vie et nous avait souhaité bon courage. Très gentiment, il m’avait demandé à ce que je prie très fort pour sa famille et qu’à n’importe quel moment, il était prêt à rejoindre le Seigneur, quand son heure sera venue. Vincent, pour le remercier, il lui avait offert son collier en métal et l’avais mit autour de son cou. Nous avions remercié aux frères de nous avoir accueilli. Au moment de dire au revoir au prêtre qui nous avait célébré la messe, j’avais pu glisser quelques mots au creux de son oreille en lui disant ceci : « Vous devez fuir mon frère avant que les Allemands s’en prennent à votre communauté ». Il avait hoché la tête et nous avait souhaité également bon courage. Lorsque nous nous retrouvions tous les sept, ils avaient tous lu mon message lorsque nous avions fait demi-tour pour rejoindre les sous-sols du monastère. Un moine nous avait attendu dans le garage et nous avait placé la clé directement dans le moteur.

— Dépêchez-vous avant qu’ils ne reviennent.

— Merci mon frère, que Dieu vous bénisse, avais-je répondu en entendant Matthieu faire vibrer le moteur.

Nous avions pris notre envol sans que les Allemands ne s'en étaient apperçus. Nous nous sommes tous félicités, je fus attristé pour Corentin. J’espérais qu’il ne soit pas trop seul avec les frères de Lagrasse, ils nous ont été d’une grande aide. Surpris, Vincent m’avait frappé le bras.

— T’es malin dit-donc, comment t’as sût pour les cartes d’identités ?

Ils m’avaient tous regardé avec de grands yeux avant que je ne prenne la parole :

— C’est pourtant simple. Si vous aviez tous été attentifs à l’homélie, vous aussi, vous auriez pu déchiffrer le message codé. J’ai écouté au moment où il parlait des enfants de Dieu. J’ai compris qu’à ce moment là, les enfants de Dieu s’agissait de la famille qui allait nous accueillir en Pologne. Pologne était très simple, c’était le mot Paradis. Puis, quand il a commencé à parler du très-haut qui nous a façonné de son cœur droit, on peut constater qu’il a fait une erreur, mais c’était fait exprès, car notre cœur ne se trouve pas à notre droite, mais à notre gauche. Donc, j’en ai conclu qu’il parlait du Nord-Est de la Pologne. Le Nord était le mot « très haut ». Donc si j’ai bien compris, la famille qui nous attend, se trouve au Nord-Est de la Pologne. Pour les cartes d’identités, c’est simple, lorsqu’il a commencé à parler des messages secrets du Christ, j’ai compris qu’il s’agissait bel et bien de nos faux papiers, en l’ayant insisté deux fois, et j’ai sût que c’était caché dans nos cellules parce qu’il a dit un moment « « Les messages du Christ sont parfois très cachés dans nos cellules , c’est à dire dans nos cœurs ». Et pour la voiture c’est simple, tout a été dit dans sa phrase « Le Saint-Esprit a bâtit sa demeure sous la bâtisse du très haut ». Saint-Esprit, la voiture et demeure sous la bâtisse, sous le monastère.

Ils étaient tous interdits. Plus personne n’avait osé parler pendant un certain moment.

— Hé bien, j’aurais jamais sût que les prêtres pouvaient se communiquer comme ça dans la vrai vie, s’exclama Siméon.

Puis, ils avaient éclaté de rire, y compris moi en premier.

— Bravo ptit champion, chuis fière de toi, me félicita Vincent en mettant mes cheveux en désordre.

C’était la première fois que je fus heureux d’avoir accompli une mission.

— Maintenant qu’on a toutes les informations, on sera tranquille pendant un bon moment.

— Ne parle pas trop vite, Michel, nous devions encore passer les frontières en espérant que nos fausses cartes marchent, avais-je-dit à Siméon pour rire, en ayant lu sur sa fausse carte d’identité.

Tout le monde se mit à rire une seconde fois. Cela faisait si longtemps, vous ne l’imaginez pas mon Doux Jésus. Cette fois, nous y sommes mon bel Amour, nous allons enfin pouvoir commencer notre mission. Pourvu que tout se passe bien…

Signé, le père Théophane qui prie pour tous les anges !

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