Chapitre 34- Le début du grand dévoilement

8 minutes de lecture

— Mon père, mon père ! Je viens de finir mes lectures ! Mais il y a encore autre chose qui cloche et nous…

Au moment de rentrer dans le bureau du père, elle ne vit personne. Il n’y avait que la lumière du jour qui flashait sur tous les objets sacrés. Elle regarda de l’autre côté et ne vit toujours aucune présence, lorsque subitement, elle entendit des voix au bout du couloir. Elle avait pris la décision de se cacher derrière la porte, jusqu’à ce qu’elle écouta attentivement.

— Phil, attends, je…

Le prêtre s’était arrêté en plein milieu du couloir, et contracta ses mains.

— Je peux tout t’expliquer…

— M’expliquer de quoi Coline ? Hein ?! balbutiait-il en étant complètement perdu.

Ses yeux scrutaient ceux de la jeune femme, qui se mordillait le bout de ses lèvres. Elle avait penché la tête sur le côté, le regard coupable.

— Je n’arrive pas à croire, comment se-fait-il que tu ne m’ait rien dit ? dit-il les larmes aux yeux.

Il avait pris une grande respiration avant que Coline pose sa main sur son épaule.

— Je suis désolée de te mettre dans tous ses états, je… Je n’aurais pas dû te le dire…

— Non Coline, non ! C’est, c’est impossible que tu puisses m’aimer ! Tu as pensé à ton mari ?!

Humbeline fut sous le choc, elle avait posé sa main sur ses lèvres.

— Mais c’est plus fort que moi Phil ! Depuis le jour où la reine des angoisses te l…

— Attends quoi ?! Depuis quand es-tu au courant ?

Humbeline était en train de se mordre les doigts… Cette affaire partait trop loin… Elle priait au bon Dieu que cette affaire cesse et que Philémon arrive à vaincre cet amour.

— Je… Désolée, oui, il est vrai que je t’ai entendu avec la reine des angoisses, mais Phil ! Là n’est pas le problème, le problème c’est pourquoi tu ne me l’as jamais dit ?!

Leurs visages étaient très proches. Le moine avait la tête baissée, tout confus d’entendre toutes ces révélations, lorsqu’elle avait relevé son visage vers le sien. Leurs lèvres étaient très proches, Coline sentait déjà son souffle venir sur ses joues toutes rouges. Le moine, en regardant ses lèvres, avait aperçu qu’elle commençait à s’approcher dangereusement de lui. Rouge de colère, il l’avait poussé un peu brutalement, et elle tomba.

— Tu plaisantes j’espère ?! Je voulais te le dire le jour où je t’avais proposé de venir patiner au lac avec moi ! s’énerva-t-il, les larmes ruisselantes.

Elle l’avait regardé avec de gros yeux et aussitôt, le moine s’était retourné pour dire ceci :

— Ce qui m’a fait le plus de mal, c’est que tu ne m’as même pas invité à ton mariage… J’en ai eu le cœur très lourd…

Elle avait les lèvres tremblantes lorsqu’il avait dit ceci, et avait froncé des sourcils.

— N, non Phil, c, c’est faux ! Tu nous avais dit par lettre que tu étais parti en voyage d’affaires !

Mais Philémon ne voulait pas écouter la suite de l’histoire. Coline, toute perplexe, racontait qu’il y avait dû y avoir une erreur ! Mais elle se souvenait parfaitement de ce jour au lac.. Ce jour où Joseph avait fait sa déclaration à sa place. Les cheveux décoiffaient, elle s’était mise à pleurer. Philémon, qui désirait l’aider, se rappelait combien le Seigneur avait sauvé de cet amour impossible et avait repris son calme en la laissant par terre.

— Et pour répondre à ta question : Je ne t’aime pas.

Puis, il était parti, les larmes encore plus grosses que celles de tout à l’heure et s’était caché dans un autre bout du couloir. Coline qui pleurait, s’était relevée en étant partie en courant. Il l’avait vu partir. Il s’était mis aussitôt à s’en vouloir en se demandant s’il avait fait le bon choix. Au lieu de ça, il avait séché ses larmes et s’était redressé.

Non Seigneur, elle a commencé à jouer avec mes sentiments. Si elle avait su plutôt, on aurait pu se marier, mais c’est vous qui m’avez sauvé de cette situation. Coline s’en remettra, j’en suis sûr… Mais en attendant, je ne désire plus la revoir. C’est vous que je veux voir, c’est VOUS et VOUS seul que j’aime !

Le moine qui avait confirmé ses sentiments, ne s’en voulait pas du tout, car au contraire, c’était une libération pour lui. Coline était partie loin et avait oublié qu’elle avait un mari et des enfants. Il avait fait ce qui était le plus juste. Il allait se diriger dans son bureau jusqu’à ce qu’il referma la porte sans voir sœur Humbeline. Il était ailleurs, en prenant place sur sa chaise. Puis, il avait posé sa tête contre le bureau, en s’arrachant les cheveux. En allant prendre du papier et un stylo, il tourna sa tête vers la porte et vit personne. Sœur Humbeline avait eu le temps de partir et avait fait semblant de revenir. Elle toqua et entra avec sa permission.

— Tout va bien mon père ? J’ai vu Coline partir dans un sale état.

Il commença à tremper sa plume dans l’encrier.

— Elle se remettra de sa confession, je suis sûr, confirma-t-il, le teint pâle.

À son tour, elle s’était assise sur la chaise et fixa le moine qui hésitait à signer. Il tremblait de tout son corps lorsqu’il relut la lettre plusieurs fois.

— Que faites-vous mon père ?

Il avait frappé brutalement sa tête contre son bureau en disant « je l’ignore ma sœur, je l’ignore... » et s’était relevé.

— Tout va bien mon père ?

— C’est que… je… je suis en train de signer pour vendre le monastère…

Interdite, la sœur s’était relevée et avait attrapé la feuille.

— Non mon père ! Vous ne pouvez pas faire cela !

Il s’était levé à son tour pour reprendre la feuille.

— Je n’ai pas d’autre choix ma sœur ! Nous n’avons plus rien !

— Si mon père, il y a toujours une solution.

Au moment de signer, un moine était entré, complètement essoufflé et avait dit « m, mon père, je.. Je... ». Il n’arrivait pas à parler tellement qu’il était sous le choc.

— Prenez votre temps mon frère, que se passe-t-il ?

— Je… Il… Je… Les, les sacs…

— Quoi les sacs ?

— Ils, ils sont tous remplis à ras bord !

Outré, il s’était levé en regardant la jeune sœur qui avait souri.

— Il y en a au moins une cinquantaine ! Je, c’est, c’est un miracle mon père ! C’est un miracle ! Nous allons pouvoir refaire du pain et en revendre !

Le jeune prêtre s’était aussi jeté dans les bras de la sœur en bénissant le Seigneur et avait demandé à ses moines d’en cuisiner. Puis, la jeune sœur avait tourné la tête lorsqu’elle vit au bout de la pièce, le père Théophane.

* * *

Les moines allaient relancer la boutique dès demain et allèrent enlever la pancarte qu’ils avaient mise devant leur monastère. Pendant le repas, Philémon avait regardé Coline, qui mangeait à peine son assiette. Joseph avait demandé si tout allait bien, mais elle ne répondit rien. Philémon s’était senti coupable et avait le ventre noué. Puis, il s’était ressaisit en disant « non, je ne vais pas me faire avoir… Moi aussi je suis passé par là, mais elle se rendra compte qu’elle aime Joseph ».

Après le dîner, Philémon s’était excusé pour tout à l’heure à la sœur et lui avait demandé ce qu’elle voulait. Elle avait dit que tout le monde, même les retraitants, devait se réunir près du téléphone. Le prêtre avait obéi et tout le monde s'était rendu dans son bureau pour donner un coup de fil. Sœur Humbeline avait demandé à Coline d’appeler son père. C’est ce qu’elle fit, jusqu’à ce qu’elle avait posé le téléphone sur la table pour que tout le monde écoute :

— Allô ?

— Oui, bonsoir papa, je ne te dérange pas ?

— Non non ma fille, tu sais que j’ai toujours le temps pour toi !

— Bien, j’ai une amie à moi qui voudrait te parler.

Elle avait tendu le téléphone à la jeune sœur.

— Oui, bonsoir monsieur Braunsdörf, je désirais vous parler au sujet du père Théophane. Si j’ai bien compris, vous étiez colonel pendant la Seconde Guerre mondiale ?

— Heu… Oui, c’est exact mademoiselle…

— Puis-je savoir si vous étiez au courant pour les lettres ?

Soudainement, il y avait eu un long silence avant que la jeune sœur dise « allô ? » plusieurs fois. Ils avaient tous entendu un long soupir avant qu’il entame le sujet :

— Soupir… Je pense que je n’ai pas le choix que de vous racontez ce qu’il s’était passé…

Tout le monde était très attentif, y compris Coline qui était surprise que son père lui avait caché tout cela.

— Si mes souvenirs sont bons, c’était un premier mai, 1941, lorsque j’avais la charge de surveiller l’hôpital des moines de Lagrasse…

Revenons en arrière. C’était lorsque le groupe du père Théophane avait déposé Corentin dans ce couvent. Il souffrait terriblement lorsqu’il avait aperçu une voiture dans la cour. Elle était très grande et des soldats l'attendaient pour l’accueillir. Ils avaient salué la personne lorsqu'elle était sortie du véhicule. Elle marchait mystérieusement sur un chemin de cailloux. Le colonel Braunsdörf l’attendait avec joie et le fit rentrer dans son bureau. L’inconnu qui semblait le connaître, s’assit sur une chaise en posant la mallette sur son bureau et avait donné des cigarettes au colonel. Il s’était précipité pour fumer et se sentait beaucoup mieux.

Quel plaisir de vous revoir, cela faisait si longtemps.

Oh oui mon colonel, je partage le même avis.

Puis, la personne mystérieuse avait regardé tout l’hôpital en faisant semblant d’être impressionné.

Bravo mon colonel, je vois que vous avez fait du bon travail.

Une fois que ce monastère sera complet, on pourra le faire sauter, confirma-t-il en fumant.

Puis, il s’était penché vers le colonel en lui demandant de s’approcher. Soudainement, il avait pris par le cou pour l’étrangler.

Où est la liste des patients ?

Le colonel avait hoché la tête de droite à gauche en disant qu’il ignorait. La personne mystérieuse avait plaqué sa tête contre le bureau et avait tiré dans son oreille. Le colonel avait gémi en disant qu’il avait la liste, en train de souffrir, tout tremblant. Il avait saisi la feuille et avait souri.

Parfait, je vous remercie mon colonel.

Il était sorti de la salle, mais ce qu’ignorait le colonel, c’était que cette drôle de personne s’était rendue vers Corentin en pointant l’arme vers lui. Tout le monde fut surpris dans l’hôpital. Corentin resta tout à fait naturel, en baissant le journal.

Dites-moi où est le père Théophane.

Tout le monde tremblait dans le centre de l’hôpital, sauf Corentin qui avait soupiré.

Pourquoi est-ce-qu’il vous intéresse ?

Il avait ri en appuyant sur la cagette.

Dites-moi simplement où il est et je vous laisserais en vie.

Corentin commençait à avoir peur, mais il ne montrait pas en ayant soupiré.

Il est en Russie, c’est tout ce que je sais…

Puis, la personne avait tiré sur Corentin. Tout le monde en fut troublé. Il avait pris les papiers qui étaient à côté de lui.

Tss, quel idiot, il m’a menti. Mais je me fiche.

Il détenait dans ses mains les lettres que le père Théophane lui avait confiées et était parti pour rechercher les autres en disant au-revoir aux aides soignants.

— Voilà, c’est tout ce que je peux vous dire…

Tout le monde en fut surpris, jusqu’à ce que Philémon avait dit :

— Mais qui était cette personne ?

Tout le monde voulait le savoir, jusqu’à ce qu’il avait dit :

— C’était monseigneur Benoît.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire hailwildis 7 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0