Chapitre 40- Le procès de béatification

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L’heure était venue de canoniser le père Théophane. Au moins une dizaine de cardinaux avaient rempli le demi-cercle et s’étaient préparés à sortir leurs affaires pour prendre note. Le cardinal Maximilien était confus de ne pas sortir les lettres, car la jeune sœur lui avait prévenu que s’ils avaient le malheur d’en parler, le cardinal Benoît aurait tous les droits de tuer le père de Coline. Le cardinal était gêné, car la seule source fiable qu’il avait était les témoignages des moines, de la sœur et des paroissiens. Il allait devoir faire de son mieux pour défendre ce jeune saint, tandis que le cardinal Benoît, se caressa doucement les mains en sortant toute une liste qui s’était déroulée sur sa petite table. Les trois juges qu’il y avait, étaient disposés sur de grandes chaises. Le juge principal, un cardinal qui était venu de loin, avait déclaré qu’ils pouvaient commencer. Le cardinal Maximilien, stressé, s’était levé pour prendre la parole.

— Tout d’abord, j’aimerais remettre en contexte son enfance. Le père Théophane était un jeune orphelin, qui a été abandonné par sa famille. Je suppose, que parmi nombreux d’entre nous, aurait tout fait pour retrouver sa famille et aurait pu s’agacer contre le ciel pour dire à Dieu que c'est de sa faute s’il a été arraché entre les mains de sa famille, je ne me-trompe-pas ?

Tout le monde était d’accord là-dessus et le juge demandait de poursuivre.

— Au lieu de se rebeller, il a donné tout son amour dans les mains du Seigneur.

— C’est exact monseigneur, poursuivez.

— Oui, mais il a été recueilli par des moines, avait pesté le cardinal Benoît.

Mais le juge avait demandé qu’il se taise.

— Pour poursuivre, il a fait de la théologie, alors qu’il n’était âgé que 14 ans, signe que Dieu lui a façonné dès à son plus jeune âge, une sagesse dont personne d’entre nous était capable de l’avoir jusqu’à maintenant.

— C’est faux, car c’était son tuteur qui lui soufflait toutes les réponses.

— Monseigneur Benoît ? Pouvez-vous laisser Maximilien parler ?

Benoît s’était tu et était devenu tout rouge.

— Il a eu une vocation très jeune, c’était ce que m’avait raconté Philémon… Il m’a dit qu’il voulait déjà devenir prêtre à l’âge de ces 8 ans et qu’il était prêt à se dévouer au Seigneur tout le long de sa vie. Un grand signe qui montre aussi qu’il était pur et sage à son enfance, et qu’il était prêt à sacrifier tout son amour pour le Seigneur. En poursuivant son parcours, j’ai pu constater que le père Théophane, qui vient du nom de son ancien père supérieur, était déjà doté d’une extrême douceur, alors que c’est une qualité rare qu’on trouve de nos jours, il a réussi aussi à aider des jeunes de son âge lorsqu’il était en primaire. Je me souviens parfaitement, parce-que c’est le frère Philémon qui m’en a témoigné. Alors qu’il n’en avait pas les moyens, le père Théophane l’avait aidé en donnant une grosse bourse, et à même donner la sienne. Ce qui est rare pour un petit garçon de tout donner. Nous, nous savons que les orgueilleux, nous aurions gardé cette somme d’argent. Il aimait beaucoup jouer à imiter le prêtre qui célébrait déjà des messes à ses camarades de classe. Il a beaucoup enseigné aussi sur la foi catholique et a réussi à convertir beaucoup de cœur, ce qui est très rare de nos jours. Quand j’ai connu le père Théophane, il était à l’hôpital et gardait espoir pour que sa colonne vertébrale se rétablisse… J’ai menti ce jour-là pour lui donner de l’espoir, mais un miracle est venu, puisqu’il a même espéré à ce que ses jambes repoussent.

Tout le monde avait ri, sauf le cardinal Benoît qui avait roulé des yeux en trouvant toute cette histoire pathétique.

— Il ne désespérait jamais, malgré le fait qu’il ait perdu ses deux jambes… Il souriait toujours quand il nous donnait à tous la communion.. Un si beau sourire que la Sainte-Vierge nous aurait aussi offert… Je suppose que tout le monde a été frappé par son amour… Moi y compris le premier… Il m’a montré, lorsqu’il portait ses prothèses, qu’on pouvait tout affronter dans la vie avec l’aide précieuse de Dieu… Il a secouru beaucoup de soldats et a sacrifié sa vie pour eux ! Pour vous, ne serait-ce pas un premier signe de sainteté ? Auriez-vous fait ça à sa place ? Il s’est dévoué, alors qu’il n’avait pas eu le choix ! Et pourtant, il nous a montré que c’est avec l’amour de Dieu, qu’on sauvait son prochain comme soi-même…

Le cardinal Benoît avait applaudit lentement en disant que son discours était touchant, cependant, il avait fait toute une liste.

— Monseigneur François-Xavier, permettez-moi de vous dire une chose. Moi même j’ai côtoyé Barthélémy lorsqu’il avait 12 ans. J’ai prêché dans cette chapelle, et les moines peuvent en témoigner. Mais je me permets de me dire une chose : l’intelligence qu’il a eu, c’est moi qui lui ai donné. Tout ce qu’il a appris venait de mes lèvres et de mon cœur. Il a recopié tout ce que je disais et je trouve cela scandaleux ! J’ai moi même une copie de son évaluation, si vous permettez.

Il avait glissé une feuille sous les trois juges qui avaient lu rapidement.

— Lorsque je le voyais, je pouvais voir qu’il domptait certes, d’une belle intelligence, mais pas aussi belle que celle qu’on retrouve chez Saint-Augustin ou chez Saint-Dominicain. Voyez-vous, il lui manquait une petite chose chez lui : c’était sa confiance.

Le cardinal Maximilien ne pouvait pas se défendre, puisqu’il avait dit son point faible…

— Un jour, il m’a même posé la question, je cite même dans son évaluation « croyez-vous à la mort ? ». Un sujet, qui paraît évident au monde entier ! Ce gamin n’avait donc pas compris qu’on passait tous à la mort pour ensuite recevoir la vie ? Il arrivait souvent de se poser ce genre de questions alors…

— Mais il était encore jeune !

— Monseigneur Maximilien calmez-vous s’il vous plaît, poursuivez.

— C’est exact, certes, mais cela prouve qu’il n’avait pas cette extrême intelligence comme vous le disait monseigneur Maximilien.

Il avait rit avant de reprendre son discours :

— Je n’ai vu qu’en lui qu’un petit garçon serviable, comme tout le monde et capricieux lorsqu’on lui demandait un service. Je m’en souviens comme si c’était hier : il devait m’aider à dresser la table pour la messe, mais n’a pas voulu le faire parce qu’il désirait faire autre chose. Certes, j’ai gardé mon calme alors que j’aurais dû m’énerver, mais j’ai été gentil et je l’ai fait tout seul.

— Mensonge monseigneur ! Vous…

Puis, le frère Guillaume avait demandé au frère Paul-André de reprendre sa place et lui fit rappeler que s’il disait un mot de plus, le père de Coline allait se faire tuer, ce qui paraissait étrange aux yeux du Juge. Pourquoi est-ce que les témoins ne s’étaient pas défendus jusqu’à présent ?

— Pour poursuivre, il disait qu’il avait gagné sa bourse tout seul. Lui ? Aussi jeune ? Je ne pense pas, je pense plutôt qu’il a dû voler de l’argent chez ses frères pour ensuite payer ses études. Un si jeune garçon ne pense pas à trouver un travail pour ensuite payer ses études, moi à son âge, je ne pensais pas du tout à cela !

Puis, le cardinal avait fait rappeler à tout le monde que quand on devenait saint, on pouvait aussi avoir des hérésies, qu'au lieu de voir Jésus, on pouvait aussi voir le diable, ou bien l’acte de bravoure qu’il avait, était simplement parce-qu’il avait des envies de suicide et que sa vie était bien trop malheureuse à cause de ses parents qui l’avaient abandonnés. Il avait de très bons arguments, jusqu’à ce que le juge de gauche avait enfin demandé aux témoins du père Maximilien de témoigner, mais ils n’avaient pas parlé. Le cardinal Benoît était très gêné de ce silence. Il les avait regardé d’un mauvais œil pour leur demander de mentir, mais ils n’avaient pas parlé, comme Jésus, sur la croix. Cela avait surpris le juge qui avait clos cette affaire en demandant à tout le monde de partir. Le cardinal Maximilien qui n’en avait pas les mots, avait remarqué que Benoît avait été plus malin que lui et était sorti, tout fière de lui. Maximilien avait soupiré, jusqu’à ce que sœur Humbeline qui tenait Philémon dans ses bras, s’était retournée. Une grande lumière qui traversait le carreau de la Sainte-Vierge était venue illuminer la grande croix. Elle fut stupéfaite, lorsqu’elle avait demandé au frère Philémon de regarder. Il avait levé son regard sur cette grande lumière, et s’était mis aussitôt à genoux. Ses frères l’avaient remarquée et en avant eu les larmes aux yeux. Tout le monde avait commencé à se mettre à genoux, jusqu’à ce que le cardinal Benoît, était outré de voir le père Théophane, mort, à la place du Christ. À chaque fois qu’il y avait une croix dans la chapelle, elles étaient toutes représentées par le père Théophane, qui avait la même figure que le Christ. Le cardinal avait trouvé cela blasphématoire et avait ordonné à ce qu’on les enlève, jusqu’à ce que le juge en fut surpris. Il contemplait la grande misère qu’éprouvait le père Théophane sur cette longue croix. Il avait les yeux fermés, avec une larme qui coulait sur sa joue droite. Il avait à la place du cœur, une rose, signe que la Sainte-Vierge veillait sur lui. Aussitôt, des gens étaient venus pour reprendre les croix qui représentaient le père Théophane. Le juge avait des doutes si cela s’agissait d’un vrai miracle… Il avait tapoté l’épaule du cardinal Maximilien et était reparti. Quant aux moines, ils étaient tous restés à genoux, en demandant pardon à leur père supérieur. Puis, sœur Humbeline avait souri, lorsqu’elle vit le père Théophane, sur une nouvelle plage. La couleur était nettement meilleure. Il souriait au gré du vent et des belles mouettes volaient autour de lui. C’était un signe qu'il avait rejoint son bien-aimé.

Maintenant, chers lecteurs, je m’adresse à vous. Permettez-moi de vous poser cette question : pour vous, est-ce-que le père Théophane est un saint ?

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