Hiver 2020

En ce soir de février, Il règne un froid glacial à l’extérieur tout comme à l’intérieur de mon âme : c’était l’hiver au fond de mon coeur depuis trop longtemps déjà.

Je suis terriblement anxieuse à l’idée de te rencontrer. Lony m’ y incitant régulièrement depuis presque deux ans , j’accepte finalement pour qu’il me fiche enfin la paix avec ça ! Je dois bien avouer que je garde un très mauvais souvenir de tout ce qui se rattache aux « psycho- machin- choses ».

Audric, mon compagnon, me dépose chez toi tandis que Aline sa Maman s’occupe de nos deux filles Lydie et Eve. Je franchis timidement le seuil de ta maison. Très mal à l'aise, je ne sais que dire ni comment, je me contente juste de te tendre une lettre manuscrite. En effet, J'écris depuis toute jeune mon ressenti, c’est mon principal exutoire...

D'emblée, tu donnes le ton de cette entrevue en refusant de la lire : si je viens chez toi, c'est pour apprendre à y exprimer mon mal-être et nommer les choses telles qu'elles sont (surtout l'innommable) ... La langue de bois n'existe pas!

Je suis à la fois tétanisée et séduite par tes propos à tel point que tu m' apparais au premier abord comme une personne « cash », très attachante, sensible à l'extrême, humaine au possible... La magie opère, un certain feeling se tisse entre nous. Je reviens donc la semaine suivante puis celle d'après et ainsi de suite. Je deviens une véritable cliente pot- de- colle !

Malgré l'ampleur du travail à réaliser, la difficulté de la tâche à accomplir, les fréquents pétages de plomb à désamorcer, les capillo- tractages intensifs à détricoter, les difficultés financières à gérer, je me jette littéralement à corps perdu, suicidaire que je suis, dans une aventure complètement méconnue dont j’ignore strictement tout sauf le nom barbare assez compliqué à prononcer : la gestalt- thérapie. Qu’ai- je à y perdre de toute façon ?

Les raisons me poussant à un tel acharnement sont cette soif absolue de liberté inconditionnelle qui me meut et cet incommensurable désir d'accomplissement personnel qui m'envahit un peu plus après chacun de nos rendez- vous lors desquels je me retrouve face - à- face avec ma propre vérité...

Dès le début de notre collaboration, je prends l’habitude, en parallèle, d’exhorter frénétiquement ce qui se rejoue lors de nos entretiens à travers la poésie. L’équilibre régissant nos vie étant si précaire, j’en viens à découvrir à quel point la thérapie alliée à cette démarche personnelle de poser des « Mots sur mes Maux » constitue le départ d' une véritable délivrance. Il est indéniablement d'une importance primordiale de pouvoir enfin lever cette multitude de tabous qui musèle parfois à jamais la parole.

Printemps 2020

C’est ce 29 mars que le diagnostic tombe comme un couperet : Belle- Maman souffre d’un cancer de la vessie métastatique foudroyant. Elle est confrontée à un choix terrible : mourir sur la table d’opération, demander l’euthanasie ou rejoindre les soins palliatifs en attentant sa fin inéluctable. Elle n’en peut plus de souffrir le martyr, elle souhaite simplement s’éteindre paisiblement en profitant du moindre menu instant auprès de ses petites- filles chéries.

Notre vie en est complètement chamboulée : outre notre propre douleur , comment annoncer à Lydie que sa Mamy adorée rejoindra bientôt les étoiles ? Tu m’aiguilles, me soutiens sans relâche… Du haut de ses sept ans, ma puce le ressent instinctivement, il s’agit d’une évidence jaillie du plus profond de ses entrailles. Elle nous donne, à tous, par là une merveilleuse leçon de vie…

Nous nous serrons les coudes comme on peut le faire dans pareille situation. Entre ma vie de couple, mes enfants, les aller- retours à l’hôpital, les soins à apporter à Yves, mon beau- père diabétique quelque peu ingérable et nos entretiens réguliers, je me suis réglée sur le mode « pilote automatique »…