Lettre à une princesse
J'ai un mal fou à accepter l'absence. A vrai dire, elle m'avait habitué à sa plume et à sa présence. Oui, elle m'avait habitué pourtant. Le texte, à peine couché, j'avais déjà une lectrice. J'étais au milieu de l'océan de l'incertitude et, tel un sémaphore, il y a avait toujours cette lumière rouge, ce pictogramme clochette qui me disait:
"je suis là , je t'ai lu".
Je me souviens que c'était toujours la première à réagir à une publication. Dans la solitude de la feuille blanche, devant mon écran, elle était toujours là, si lointaine de l'autre coté, mais si proche de moi, comme une inspiratrice. Avec une gentillesse infinie et beaucoup de bienveillance, elle m'envoyait ses remarques en colis recommandé avec accusé de reception, m'invitant à corriger mes maladresses. Elle me comprenait comme si nous avions grandi ensemble, comme une jumelle, connu les même épreuves, essuyé les mêmes larmes. Aux blessures de l'âme, elle répondait par un poème. A la violence du destin, elle répondait par la douceur. Comme pour mieux le narguer.
Son épée c'était ses mots à elle. Une femme combattante, une princesse qui avait son royaume. Elle fourbissait et pourfendait. Elle faisait le boulot à notre place, elle avait le courage et la résilience de ces femmes hors du commun. Etait-elle plus perspicace à comprendre les choses? Oui, sans doute. Cette prespicacité distribuée au compte gouttes aux seules âmes dignes.
Princesse,ma Princesse était au dessus de tout. Elle parcourait les toits du monde, prête à fondre comme un aigle sur sa proie. Elle prodiguait cette douceur et cette politesse avec ses mots comme pour narguer gentiment la bêtise sans la fâcher, cette bêtise du monde, peut-être pour en atténuer les soubressauts.
Princesse, ma princesse , c'était le souffle dément de la littérature. Princesse, ma Princesse arrivait le premier au sommet et les autres suivaient. Princesse, ma princesse savait, les autres prétendaient.
Adrien de saint-Alban
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