Ma Sarasvati
Comme Sarasvati jadis cinq fois chérie,
J’admire ta tête posée sur l’oreiller
En un sommeil hardi t’empêchant de bâiller,
Me rappelant des rimes de Paul Valéry.
Si tous mes vers confus parlent d’une égérie,
Jamais je ne l’ai vue en mes longues veillées,
Car la poésie est parfois déconseillée
Pour l’amoureux blessé et qui se dépérit.
Pourtant, tous ces mots lourds, je te les ai offerts,
Des prières fêlées crachées de mon enfer
Pour gagner un amour inutile et timide.
Ces lettres ciselées m’ont fait trop trébucher,
Je les brûle à Delhi en un sanglot humide.
Toujours la poésie est un simple bûcher.
Toujours la poésie est juste un incendie,
Elle grandit, s’éteint, on adore ses cendres,
Enfin sa vérité vient nous faire descendre
Dans une obscurité qui couvre le bandit.
Toi, ma Sarasvati, disciple de Gandhi,
Quand mes mains converties en venaient à descendre
En tremblant sur ton dos doux tel le palissandre,
Tu maudis mes mots que jamais tu n’entendis.
Ton âme, je l’ai chantée, mais tu l’as vidée
Dans une autre amphore, comme dilapidée.
Alors j’ai ajouté au silence des strophes,
Aussi quand vient l’aurore on ajoute une étoffe
Sur une belle femme, sur une autre idée,
Et les vers allument des cocktails Molotov.
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