Liotir

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Liotir regarda les cadavres de la puissante royauté des Territoires. Quel sentiment étrange de découvrir ses descendants. Ils avaient bonne mine, même dans la mort. De sa botte il toucha la main du roi Paswee. Normalement les corps devaient se lever à son approche, pour venir grossir les rangs de son armée. Si les nobles et les représentants du peuple pouvaient voir la famille royale à ses côtés, cela assoirait définitivement son autorité. Il échouait pourtant à leur insuffler ce semblant de vie qui les enchaînerait à sa volonté. Pourquoi ? Peut-être justement parce qu’il était leur ancêtre ? Il fallait trouver une source de pouvoir qui lui permettrait de vaincre cette résistance incongrue. Tuer un dragon ? Trop facile et leur mana était négligeable. De quel être pourrait-il distiller l’âme pour en faire une réserve de magie ? Un Nomic ! Liotir se laissa tomber sur le trône, se concentrant sur l’aura si particulière de cette race humanoïde. Il en repéra deux, pas très loin, dont un nouveau-né. Il se dirigea vers l’aile du château qui abritait la chancellerie. En prenant d’assaut la capitale, Liotir avait décidé d’épargner les fonctionnaires. Un geste d’apaisement et de bonté, pour montrer qu’il n’était pas l’être vil que les légendes dépeignaient. Il avait surtout fait cela, car sans ces gratte-papiers, la monarchie ne tournerait pas à plein régime. Il ignora le groupe de secrétaires qui s’enfuit à toutes jambes quand il fit exploser la porte d’un violent coup de pied. Les pleurs d’un bébé lui arrachèrent un sourire crispé, tendant le peu de peau qui avait repoussé sur son crâne. La mère détalait avec son bambin… Allons bon…

Elle se frayait un chemin à travers la forêt royale. Liotir tourna sa main en une danse brève des doigts. Des racines immobilisèrent la fuyarde. Il fut sur elle en quelques enjambées et tua la femme, sans hésiter, lui écrasant la tête dans sa poigne squelettique.

L’enfant s’arrêta de pleurer. Il fixa de ses grands yeux les os derrière les lambeaux de chair et le système veineux. Liotir le prit délicatement et le posa sur le sol. Il exhiba le pendentif qu’il portait, dissimulé, sous son manteau de fourrure. Il avait toujours froid depuis son retour d’entre les morts. Il caressa la pierre amarante grosse comme le poing fermé d’un enfant. Liotir laissa le nourrisson clore ses petites mains autour de la boule polie par le temps. De minces fils naquirent alors de la sphère et s’enfoncèrent doucement sous la peau du bébé qui gazouillait.

-C’est bien mon grand. Je me demande ce que faisait une Nomic par ici. J’aurais pu poser des questions, mais avec les Nomic, il vaut mieux les tuer de suite. Ils ont tendance à être imprévisibles, à être entourés par une aura magique, et tout ça… bref, des plaies…

Le bébé fermait ses grands yeux bleus. Le joyau se mit à rougeoyer. Il absorba l’âme du Nomic, l’assassinant sans souffrance.

Le Crâne replaça le pendentif autour de son cou. La pierre flottait entre ses mains, nimbant d’un rouge macabre le visage décharné du roi Liotir le Maudit.

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