CHAPITRE 3 : La vérité de l’illusion intérieure
Ne pas croire en soi. C’est le fondement même de l’incapacité à croire en l’autre. L’Homme qui ne se reconnaît pas, qui se cherche sans jamais se trouver, ne peut jamais offrir à l’autre ce qu’il ne possède pas lui-même. Comment aimer quelqu’un d’autre lorsque l’on ne parvient même pas à s’aimer soi-même ? Comment offrir la confiance, la sincérité, l’attention à un autre être si on est en guerre contre soi-même, si l’on se ment, si l’on se vole ?
L’amour est une vaste illusion lorsqu’il est né de la fausse image qu’on se donne de soi. L’Homme, dans son mal-être, dans son manque de foi en lui-même, se cache derrière des façades. Il essaie de faire croire qu’il peut offrir ce qu’il n’a pas, que son cœur est prêt à accueillir l’autre, alors que son propre cœur est un terrain miné, un champ de ruines. Il se ment, il se trompe, il croit que l’amour viendra le sauver, que l’autre pourra réparer ce qu’il a brisé en lui. Mais, à chaque tentative, il ne fait que prolonger son propre vide, sa propre absence.
Il se vole, ce que, au fond, il désire tant : l’acceptation de soi. Il court après un amour qu’il ne peut pas comprendre, car il n’a pas encore pris conscience de son propre pouvoir intérieur. Comment peut-il donner ce qu’il ne connaît pas ? Comment offrir la vérité à un autre quand on est plongé dans ses propres mensonges ?
Cet homme est l'illusion incarnée, un mirage vivant. Il se noie dans des relations, espérant que l’autre le sauvera, mais chaque rencontre est une répétition du même échec. Il oublie que la vraie rencontre commence avec soi-même. Pour aimer, il faut d’abord se regarder sans fard, sans masque, sans illusion. L’amour véritable ne peut émerger que de la reconnaissance de ses propres faiblesses, de l’acceptation de ses parts d’ombre. Tant qu’il continue à fuir ses propres failles, l’Homme continuera à errer dans l’obscurité, dans l’illusion.
Et dans cette illusion, il croit que l’amour viendra le guérir. Il s’égare dans une quête sans fin, espérant que l’autre, d’une manière ou d’une autre, comblera ce vide. Mais c’est un rêve vain. L’amour ne comble rien. L’amour ne remplit pas les vides, il les révèle. Il montre ce qui est caché sous la surface, il met en lumière les blessures qu’il reste à guérir. Mais, pour que cet amour soit véritable, il faut que l’Homme commence par se regarder, se comprendre, et accepter son propre reflet.
L'Homme, qui se trompe, qui se vole, doit d'abord s’offrir à lui-même la possibilité de se connaître. Il doit comprendre que, sans cette étape, il ne pourra jamais offrir de l’amour pur. Il ne pourra jamais être un miroir authentique pour l’autre. L’illusion de l’amour, de la dépendance, de la recherche de l'autre comme remède à sa souffrance, n’est que le prolongement d’une grande fausse vérité intérieure.
C’est dans l’acceptation de soi que naît la véritable capacité d’aimer. L’amour ne doit pas être une fuite, une tentative de combler un vide, mais un acte d’épanouissement, de partage authentique entre deux êtres, qui se connaissent, qui s’aiment d’abord eux-mêmes pour pouvoir aimer l’autre dans sa liberté.
Mais tant que l’Homme se trompe, il restera pris dans cette illusion sans fin, où chaque relation devient un miroir déformant, un piège dans lequel il se perd un peu plus à chaque regard porté sur l’autre.
L’amour comme évasion ou comme prison ?
L’amour, tel qu’il est souvent perçu, devient une quête pour fuir la solitude, un moyen de se donner une illusion de plénitude. L’Homme cherche dans l’autre un refuge, une échappatoire à ses propres tourments, à son propre vide intérieur. Mais ce refuge, cette illusion d’amour, se transforme souvent en prison, un lieu où il se perd de plus en plus, enchaîné par ses propres désirs et ses attentes irréalistes.
L’Homme ne s’arrête jamais vraiment pour se comprendre. Il court, toujours à la recherche de l’amour, comme un fuyant vers une lueur d’espoir, une promesse de complétude. Il croit que l’amour, s’il est véritable, sera cette porte qui l’ouvrira sur un autre monde, un monde où ses doutes, ses peurs, ses failles disparaîtront comme par magie. Il rêve d’une fusion totale, d’une union parfaite où il n’y aurait plus de place pour la souffrance, pour la solitude. Mais cette quête de fusion est une illusion. Car plus il cherche à fusionner, plus il se perd.
Au lieu de l’épanouissement qu’il espère, il s’enferme dans une relation qui, loin de le libérer, le lie davantage. Il devient esclave de son propre désir d’être aimé, de la quête incessante de validation, de réconfort, de sécurité. Mais cette sécurité est fausse, elle n’est qu’un mirage. L’Homme oublie que l’amour ne doit pas être une évasion de soi, mais une rencontre authentique, un partage libre entre deux êtres qui sont déjà pleins et complets en eux-mêmes.
Dans cette relation de dépendance, l’Homme se ment encore une fois. Il croit qu’il échappe à sa solitude, qu’il s’échappe de ses peurs, mais il n’échappe qu’à lui-même. L’autre devient un moyen de fuir la réalité de ses propres désirs, de ses propres faiblesses. L’amour devient alors un moyen d’échapper à l’individualité, de se perdre dans l’autre, d’abandonner toute responsabilité personnelle. Cette fuite, cette illusion de plénitude, enferme encore davantage l’Homme dans la spirale de l’attachement, où il cherche constamment à combler un vide qui ne peut être comblé.
Mais la vérité est que l’amour ne libère pas celui qui se perd en lui. Il faut d’abord être capable d’être seul, d’accepter sa propre solitude, avant de pouvoir aimer véritablement. L’amour authentique n’est pas une évasion, mais une conquête de soi, un cheminement intérieur qui permet à deux êtres d’être ensemble sans renoncer à leur individualité, sans chercher à combler un manque. Il s’agit de créer un espace partagé où chacun peut être pleinement lui-même, sans crainte de se perdre dans l’autre.
Ainsi, l’Homme doit comprendre que l’amour ne se trouve pas dans la fusion totale, mais dans l’équilibre fragile entre la proximité et la liberté, entre le partage et l’indépendance. Ce n’est qu’en trouvant cette liberté intérieure qu’il pourra véritablement aimer, non pas pour fuir, mais pour enrichir sa propre existence et celle de l’autre.
L’amour, loin d’être un moyen de fuir la réalité, doit être un espace d’évolution, un terrain où l’on se construit et se déploie. Mais tant que l’Homme continue de chercher l’amour comme une évasion, il se condamne à vivre dans l’illusion d’une liberté, sans jamais la connaître.
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