Épisode 25 - Et maintenant ?

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Froid. Lars avait si froid.

Même lorsque des bras chauds l’enveloppèrent dans un mélange de douceur et de maladresse, il resta désespérément frigorifié. Il ne sentait plus son corps. Et voilà qu’il se mettait à grelotter comme un idiot. Affligeant.

— L’Aristo ! Lars… Réveille-toi, s’il te plait… Réponds-moi… Putain…

La voix paniquée du petit Chat lui parvenait de très loin, perçant laborieusement le brouillard de l’inconscience qui s’obstinait à l’envelopper. Leo… son adorable Chaton était vivant ! Lars aurait voulu ouvrir les yeux pour le voir, croiser ses si jolis émeraudes. Il voulut esquisser un geste, mais n’arrivait toujours pas à bouger. Il se sentait flotter.

Zut alors ! Et comme si ce n’était pas assez, une autre voix explosa dans ses tympans, lui vrillant impitoyablement le crâne pour son plus grand malheur.

— Taras !? Qu’est-ce que… Mon dieu ! Dorian… est-ce qu’il est… il est mort ?!

Miss Sushi ! Mais qu’est-ce qu’elle fichait là ?! Dorian, Dorian… encore ce prénom ridicule ! Lars n’eut cependant pas le temps de s’attarder sur ce détail des plus irritants que des bras le soulevèrent, l’arrachant au sol glacé. Malgré toute sa volonté, sa tête pendit mollement en arrière. Et Lars ne put s’empêcher de se sentir mortifié par toute cette situation. Mais pourquoi diable n’arrivait-il pas à bouger et ouvrir les yeux ?!

— Dégage tout ce bazar du canapé, s’il te plait, demanda le petit Chat d’un ton pressant. Il est gelé ! Faut l’envelopper dans une couverture, mettre des bouillottes…

— Il faudrait d’abord le changer, oui ! Ses vêtements sont tous trempés. Mais qu’est-ce qui s’est passé ici, bon sang ?! Ton appartement est en ruine et complètement inondé, Taras ! Sans parler de toute cette substance… noire ?! Mon dieu…

— Longue histoire, grommela l’interpellé. Crois-moi, mieux vaut que tu ne saches rien.

Le petit Chat avait décidément le don pour “bien” parler aux gens ! Sa réponse fut d’ailleurs suivie d’un petit silence. Lars attendit la réaction de Miss Sushi avec une certaine curiosité.

— D’accord, finit par dire cette dernière, le ton nullement contrarié. Mais ton ami a besoin d’être au chaud sinon il va finir par mourir d’hypothermie ! Regarde-le, il est tout bleu ! Viens, on va chez moi. C’est sec et le chauffage marche.

Tiens. Le petit Chat ne releva pas la façon dont Miss Sushi appuya sur le mot “ami” de manière sans équivoque. Ou alors il n’avait pas saisi le sous-entendu ? Bon, il faut dire que le gamin avait sûrement d’autres préoccupations beaucoup plus urgentes en ce moment. Comme ne pas laisser Lars mourir de froid par exemple ! Lars qui n’arrivait toujours pas à reprendre enfin le contrôle de son corps. C’était tout simplement rageant.

— OK, je te suis, fit le petit Chat dans un murmure chargé d’angoisse.

Tout en parlant, il raffermit sa prise autour de Lars, calant sa tête contre son torse dans un geste quelque peu maladroit, mais plein de douceur. Le magicien ne put que se laisser faire, mais n’allait pas se plaindre non plus. La manière dont son adorable Chaton le portait lui donnait l’impression d’être une chose très précieuse. C’était… très agréable.

Le trajet ne dura que quelques minutes. Comme Lars l’avait supposé, Miss Sushi habitait visiblement à l’autre bout du palier. Des bruits de clé brisèrent le silence feutré du couloir, les tintements se prolongèrent un peu trop longtemps au goût de Lars et du petit Chat.

— Emily, grouille, s’il te plait, grogna le gamin avec impatience. La… Dorian est glacé !

— C’est bon, c’est bon ! Entrez, vite !

La seconde suivante, les irritants courants d’air laissèrent place à une douce chaleur. Mais Lars devait admettre que ce n’était pas aussi plaisant que d’être dans les bras de son Chaton. Son odeur l’enveloppait de toute part, telle une couverture rassurante. Les battements de son cœur résonnaient à son oreille, une envoûtante mélodie qui l’apaisait autant qu’elle le soulageait.

Le petit Chat était vivant et il se portait visiblement très bien, vu comment il arrivait à garder Lars contre lui sans flancher sous son poids. Il ne semblait d’ailleurs pas prêt de le lâcher et ce constat remplit le magicien d’un ravissement complètement incongru.

— Ok, pose-le là, fit Miss Sushi d’un ton autoritaire. Déshabille-le vite. Je vais chercher des vêtements secs, ceux de Cole devraient faire l’affaire. Après on le mettra au lit avec des bouillottes… Taras ! Tu m’écoutes ? Tes joues sont toutes rouges, ça ne va pas ?

Silence. Le petit Chat ne répondit pas tout de suite, puis il finit par baragouiner des paroles incompréhensibles. Lars sentit son poul s’accélérer, il n’eut pas besoin de voir son visage pour comprendre que le gamin était horriblement gêné.

— C’est pas vrai ! s’esclaffa Miss Sushi dans un mélange de surprise et d’amusement. Tu veux dire que tu ne l’as encore jamais vu nu ? Et donc que vous n’avez pas encore… tu sais… coucher ensemble ?! Hier soir… ça veut dire que c’était votre première f… ?

— Emily et si tu allais chercher les couvertures et les vêtements de rechange, s’il te plait ? grogna le petit Chat, la coupant sans ménagement dans ses gloussements ridicules. Je te signale que La… Dorian est en train de crever de froid !

— Oui, oui… Je reviens dans une minute !

Ses chaussures claquèrent sur le parquet alors qu’elle s’en allait. Pendant ce temps, le petit Chat déposa Lars sur le canapé avec beaucoup de douceur. Le magicien n’arrivait toujours pas à bouger. Ses paupières tressautèrent dans une vaine tentative de s’ouvrir.

Son adorable Chaton lui prit les mains. Il les caressa un instant avec délicatesse et hésitation. Toujours perdu dans les ténèbres de cette semi-inconscience des plus ridicules, Lars se figea intérieurement à son geste. Et puis il sentit soudain son souffle lui caresser la peau. Le petit Chat s’était visiblement penché sur lui. Mais qu’est-ce qu’il fichait ?!

— Hey, chuchota le gamin. Réveille-toi, s’il te plait… Lars… hey, Lars…

Une chaleur indescriptible se propagea dans la poitrine de l’interpellé. Son prénom roulait délicieusement dans la bouche de son petit Chat si adorable. Sa voix transpirait cependant l’inquiétude… et la culpabilité. Exactement la même que celle qui avait écrasé Lars avant qu’il ne s’évanouisse aussi bêtement. Non non non, il était hors de question que le gamin ressente à nouveau cela ! Il devait le rassurer. Et Lars parvint enfin à ouvrir les yeux.

Il croisa aussitôt les émeraudes de son compagnon. Ce dernier était effectivement penché sur lui, mais il rejeta vivement la tête en arrière sous le coup de la surprise. Lars rassembla ses maigres forces pour tenter de se redresser, mais ne réussit qu’à grimacer de douleur. Son corps était tout ankylosé, mais au moins sa colonne vertébrale semblait intacte. Hourra.

— Putain, l’Aristo ! Ça va ? T’as rien ? T’es blessé quelque part ? Putain…

Le petit Chat l’attrapa par les épaules pour l’aider. Il saisit son visage entre ses paumes en le dévisageant avec anxiété. Il entreprit ensuite de l’examiner partout avec inquiétude, palpant son cou, ses épaules, ses bras… Il lui prit ensuite à nouveau les mains pour les frotter maladroitement dans l’intention de les réchauffer.

Lars remarqua qu’il fuyait son regard.

— Emily est allée chercher des fringues sèches. Faut vraiment que tu te changes…

— Petit Chat, commença Lars, mais ce dernier ne l’écoutait pas. La tête coupable, il continuait de frictionner ses mains avec ardeur, sans cesser de jurer et parler en rafale.

— Merde ! T’es complètement gelé !

— Mon Chaton…

— Pourquoi est-ce que t’es gelé d’ailleurs ?

— Leo, le coupa Lars d’un ton qu’il voulait autoritaire, mais sa voix éraillée gâcha tout.

— Je croyais que t’étais immunisé contre le froid grâce à tes super pouvoirs à la Killer Frost ?!

— Vas-tu m’écouter à la fin ? s’écria Lars avec irritation. Je n’ai plus de super pouvoirs !

Sa tirade eut le mérite de couper le sifflet au petit Chat. Ce dernier en oublia son malaise et leva vivement la tête pour planter un regard incrédule et catastrophé dans les siens.

— Quoi ?! Mais… comment ?! bafouilla-t-il, les yeux écarquillés comme des soucoupes.

— Le venin… le venin de la Lilim a siphonné ma magie.

Les derniers mots de Lars se perdirent dans un murmure étranglé, tant sa gorge s’était nouée. Ses mains commencèrent à trembler, il essaya de les tempérer mais peine perdue. L’angoisse se déployait lentement en lui, l’enserrant en étau. Sa magie n’était plus là. Lars ne ressentait plus aucune trace d’aura en lui. Il se sentait désespérément vide. Vulnérable.

— Mais… c’est juste temporaire ? chuchota le petit Chat, l’arrachant à ses pensées sombres. Je veux dire… tes pouvoirs vont revenir ? N’est-ce pas ?

— Je ne sais pas.

Un silence de mort s’installa entre eux. Le petit Chat le dévisageait d’un air complètement atterré. Lars finit par éviter son regard, baissant les yeux sur ses paumes glacées. Sa peau était bleuie par le froid, ce n’était pas du tout beau à voir. Et puis les mains de son Chaton apparurent soudain dans son champ de vision. Elles tremblaient tout autant que les siennes lorsqu’elles les attrapèrent dans un geste hésitant, presque craintif.

— Putain… finit par murmurer le petit Chat d’une petite voix. Putain de bordel de merde… C’est ma faute, n’est-ce pas ? C’est ma putain de faute !

Sa voix transpirait à nouveau la culpabilité. Celle-ci irradiait, vibrait dans l’air, imprégnant l’atmosphère d’une énergie négative écrasante.

— Je suis… désolé. Tellement désolé. C’est ma faute… J’ai merdé !

— Petit Chat, s’il te plait…

Mais il continuait de parler, parler, parler… le ton presque suppliant.

— Si j’avais pas été aussi con et faible… Je suis sûr que cette salope m’a empoisonné dans le bar où je suis allé pour… J’avais pas réfléchi… J’avais juste besoin de… Je suis désolé, mais je vais arranger ça, OK ? Je connais quelqu’un qui pourrait…

— Leo ! le coupa Lars en attrapant ses épaules d’un geste ferme. Tais-toi et écoute-moi !

Le gamin obéit, mais son regard restait… implorant. Il semblait vraiment persuadé que tout était de sa faute. Alors oui, Lars avait été sérieusement désavantagé lors de son combat face à l’autre veuve noire en carton. Oui, il avait utilisé sa cigarette de secours pour sauver le petit Chat. Quant à sa propre survie, il ne pouvait que remercier l’héritage génétique légué par sa très chère mère. Encore heureux que son essence divine l’ait protégé !

Il faut dire que sur le coup, Lars n’avait pas réfléchi à ce qui pourrait lui arriver. Tout ce qui lui importait à ce moment-là, c’était la vie de son Chaton. Il avait choisi.

— Ecoute-moi bien, Leo, fit Lars en reportant son attention sur le gamin.

Il prit son visage en coupe entre ses paumes, plantant ses yeux dans les siens. Le petit Chat se laissa faire, le fixait intensément de ses émeraudes si hypnotiques. Il se mordillait les lèvres avec anxiété, lui donnant des airs de petit chaton perdu et qui avait besoin d’être rassuré. Il était si beau, il était vivant, il était là. Et c’était tout ce qui comptait.

— Ce qui est arrivé… ce n’est pas ta faute, d’accord ? lui dit Lars en caressant doucement ses joues du bout des doigts. Tout ce qui arrive, c’est parce que j’ai choisi, tu comprends ? C’est mon choix. Mon choix. Tu n’y es pour rien, alors cesse de t’excuser, ce n’est pas ta faute. Il faut que tu arrêtes de culpabiliser. J’ai besoin que tu te reprennes, j’ai besoin que… Il faut que tu te reprennes, d’accord ? Ce n’est pas ta faute, mon Chaton. Ce n’est pas…

Mais ses mots se perdirent contre les lèvres du petit Chat lorsque l’infime distance entre leurs visages se retrouva soudain abolie. Leurs bouches s’effleuraient désormais avec délicatesse sans aller plus loin. Et pourtant, il n’en fallut pas plus pour inonder Lars d’une chaleur réconfortante. Qui avait pris l’initiative de ce baiser à la fois si doux et sensuel ? Peu importe. Seules comptaient ces lèvres contre les siennes. Ces bras qui l’enserraient agréablement. Ce cœur qui battait en écho avec le sien. C’était tout ce qu’il lui fallait…

— Désolée, ça m’a pris plus de temps que pré… Ah !

Miss Sushi. Encore.

Lars se détacha à regret de son petit Chat pour fusiller ouvertement la jeune fille du regard. Plantée à l’entrée du couloir, cette dernière les dévisageait d’un œil ému. Sérieusement ?

— Désolée, j’arrive toujours au mauvais moment ! se lamenta-t-elle, la mine contrite. Mais j’ai les vêtements secs ! Vous pouvez prendre la chambre de Cole pour vous changer… et vous retrouver juste tous les deux. Je vous promets qu’il n’y a pas de caméras !

Des caméras ? Mais qu’est-ce qu’elle racontait encore ?! Lars n’eut cependant pas le temps de s'appesantir sur le charabia incompréhensible de leur hôte, car le petit Chat se pencha à nouveau vers lui, la tête adorablement attentionnée.

— Tu peux te lever ? Marcher ? Tu veux que… tu veux que je te porte ?

La proposition était tentante, mais il n’était pas en sucre non plus. Et puis, il n’avait pas du tout envie de se donner en spectacle devant Miss Sushi qui continuait de les fixer d’un air complètement niais. Elle semblait attendre qu’ils s’embrassent à nouveau.

— Non, ça va. Je peux marcher. Enfin, si… j’ai juste besoin que tu…

— OK, appuie-toi sur moi. Doucement, comme ça…

— Et moi, je vais préparer une soupe ! annonça Miss Sushi en s’écartant pour les laisser passer sans les quitter des yeux. Cette fois-ci, je frapperai avant d’entrer, promis !

— Merci, Emily, répondit distraitement le petit Chat, dont l’attention restait focalisée sur Lars. Il n’accorda même pas un seul regard à sa voisine, mais celle-ci n’en prenait pas du tout ombrage au vu de sa tête toujours aussi niaise. Elle semblait même ravie.

Inutile d’être un génie pour comprendre les fantasmes de la demoiselle. Et Lars leva les yeux bien haut vers le ciel alors qu’ils pénétraient dans la chambre du fameux Cole.

Les murs étaient recouverts d’affiches et de posters, la plupart représentaient des groupes d’individus aux vêtements noirs et cloutés. Certains arboraient même des chaînes qui pendouillaient de partout ! Leur visage disparaissait sous une épaisse couche de maquillage dont le style morbide leur donnait des allures de zombie… Charmant.

Le reste de la décoration n’était guère mieux : le bureau et les étagères croulaient sous un tas de diableries électroniques que Lars était tout bonnement incapable de nommer. C’était un véritable bazar, mais au moins, le lit et sa ridicule couette brodée d’affreuses têtes de mort grimaçantes avaient été épargnés. Lars s’y dirigea presque machinalement, mais le petit Chat le stoppa net dans son élan.

— Euh… faudrait que tu te changes, d’abord. Tu vas quand même pas te coucher avec tes fringues trempées ? Tu risques d’attraper la crève !

Ah zut, le gamin avait raison. Lars avait complètement oublié l’état de ses vêtements. Il faut dire que ses pensées avaient été très occupées ailleurs… Son corps fut parcouru d’un bref frisson de volupté en repensant aux lèvres de son délicieux Chaton contre les siennes.

Mais son esprit traître choisit cet instant précis pour lui faire remarquer à quel point il était crasseux. Un véritable supplice pour les beaux yeux de son petit Chat.

N’importe quoi ! Leo ne l’aurait jamais embrassé sinon ! A moins que ce ne soit lui, Lars, qui ait pris l’initiative ? Au secours ! Il se sentit terriblement mortifié par toute cette situation.

Le petit Chat avait décidément le don pour le faire réagir bêtement. Lars avait la désagréable impression d’être un adolescent énamouré. Enfin, il supposait que c’était ainsi que les mioches transis se sentaient ? Lars n’y connaissait plus grand chose en la matière. Il ne pouvait pas être amoureux ! Ce n’était plus pour lui ce genre de niaiserie ridicule !

— Je crois que j’ai besoin d’une douche, marmonna-t-il en faisant demi-tour.

Dans sa précipitation, il se heurta cependant au petit Chat et faillit tomber en arrière. Le gamin le rattrapa de justesse par les épaules. TRÈS mauvaise idée, car ils se retrouvèrent à nouveau tout proches. Un moment de flottement s’installa un instant entre eux, tandis que les yeux verts le scrutaient avec cette intensité qui le brûlait de l’intérieur.

— Il faut vraiment que… je prenne une douche, souffla Lars, captivé malgré lui par cette si jolie bouche qui ne cessait décidément d’appeler la sienne.

Il avait terriblement chaud.

— Ok, mais je viens avec toi, répondit aussitôt le petit Chat.

Puis comme s’il venait de se rendre compte de l'ambiguïté de ses paroles, il devint aussi rouge qu’une tomate bien mûre. Lars voyait presque la chaleur irradier de son visage.

— Je veux dire… Je fais ça pour m’assurer que tu… que tu glisses pas sur le carrelage en cas de malaise soudain ou je sais pas ! balbutia son Chaton, les joues en feu. C’est pas un prétexte pour… j’ai pas l’intention de te mater nu ou un truc du genre !

Et comment exactement comptait-il l’empêcher de s’étaler sous la douche s’il n’avait pas l’intention de le voir nu ? Lars secoua la tête, les lèvres désormais étirées en un petit sourire mi-attendri, mi-amusé face à la bouille gênée de son interlocuteur. Il était vraiment mignon à croquer. Et Lars ne put se retenir de lui pincer gentiment le bout du nez.

— Mon adorable Chaton, tu peux me regarder nu autant que tu veux, ça ne me dérange pas du tout, bien au contraire, fit-il avec une petite moue taquine.

Les joues toujours aussi écarlates, le gamin lui répondit par un grognement inaudible avant de l’entraîner hors de la chambre. Ils entendirent Miss Sushis chantonner dans la cuisine pendant qu’ils traversaient le couloir pour rejoindre la salle de bains. Tout comme chez le petit Chat, l’endroit était moderne et spacieux, avec une décoration fleurie en prime. Le regard de Lars s’attarda particulièrement sur la cabine de douche. Il ne pouvait s’empêcher de remarquer qu’elle était assez grande pour accueillir deux personnes…

Mais le petit Chat détourna à nouveau son attention en attrapant ses paumes. Il les examina minutieusement, les sourcils froncés.

— Comment ça se fait que tu n’aies aucune blessure ? s’exclama-t-il, la mine perplexe. Pourtant, je me souviens bien que la connasse t’a planté son dard dans la main !

— Maintenant que tu le dis, murmura Lars d’un ton qu’il se voulait dégagé, mais sa gorge légèrement nouée le trahit pitoyablement. Eh bien, mon aura a visiblement eu le temps de soigner mes blessures avant de s’occuper de toi… et disparaître.

— A propos de ça… commença le petit Chat, l’air à nouveau coupable, mais Lars posa doucement un doigt sur sa bouche pour le faire taire.

— S’il te plait, mon Chaton, ne parlons plus de cela d’accord ? Pour le moment, j’ai juste besoin de prendre une douche bien chaude. Je suis frigorifié.

Sans lui laisser le temps de répondre, Lars commença à se déshabiller. Il avait hâte de sentir l’eau brûlante sur son corps, mais c’est avec lenteur qu’il se délesta de ses vêtements : il retira son gilet, fit glisser sa chemise sur ses épaules avec nonchalance. Pendant ce temps, le petit Chat ne fit aucun geste, ne prononça aucune parole. Il ne ratait pourtant aucune miette du spectacle. Lars sentait ses yeux sur lui, l’embrasant tout entier…

Sans un mot, il leva un instant la tête pour planter ses iris violines dans les magnifiques émeraudes de son Chaton. Il se recula ensuite lentement, puis se détourna pour se diriger vers la cabine vitrée. Ses derniers vêtements tombèrent sur le sol dans un bruissement d’étoffe alors qu’il se glissait sous la douche. Il actionna l’eau chaude qui s’écoula sur son visage et son corps, réchauffant sa peau glacée pour son plus grand plaisir.

Un instant déconnecté de la réalité, Lars ferma les yeux et lâcha un petit soupir de bien-être en se savonnant doucement. C’était si bon. Un bref instant de paix et de bonheur dans son existence chaotique… Comme il fallait s’y attendre, l’univers tout entier avait décidé de se liguer contre lui. Et voilà que sa magie n’était plus là.

Tout comme cette maudite nuit en Norvège, Lars ne ressentait plus son aura, il ne ressentait plus Fenris, il ne ressentait plus le Chaos. Ne restaient plus que le vide, l’impuissance et la peur. Lars n’avait aucune idée si la disparition de sa magie était juste temporaire ou définitive. Cette simple idée le remplissait d’une angoisse sourde. Elle menaçait de l’engloutir, tel un perfide tsunami. Désormais tremblant, il s’entoura de ses bras, ses ongles griffèrent son épiderme dans une étreinte convulsive. Désespérée.

Lars se sentait au bord de la crise de panique lorsque des bras l’enlacèrent soudain. Adorable petit Chat… Enlisé dans ses sombres pensées, Lars ne l’avait pas entendu se glisser derrière lui. Son Chaton ne dit rien, il se contenta juste de le serrer contre lui, le nez enfoui dans ses cheveux trempés. Lars se laissa faire, s’abandonnant tout entier à l’étreinte. Tendre et réconfortante, elle chassa rapidement l’angoisse qui le tenaillait.

Ils restèrent ainsi pendant de longues secondes, sans dire un mot. Seul le bruit de leur respiration se mêlant aux clapotis de l’eau rompait la bulle de sérénité qui les enveloppait.

Et puis le petit Chat finit par s’écarter, mais sans pour autant le relâcher. Ses mains remontèrent lentement le long de ses bras et ses épaules, elles savonnèrent sa peau dans des gestes à la fois doux et hésitants. Lars ferma les yeux, cajolé par ses timides caresses. Il soupira de contentement lorsque les paumes de son Chaton s’aventurèrent dans son cou, effleurant le creux de sa gorge. Elles montèrent encore plus haut, attrapèrent sa joue avec délicatesse dans une invitation à tourner la tête.

Lars obtempéra, les paupières toujours closes, le souffle désormais court. Son cœur manqua un battement lorsque la bouche de son petit Chat… de Leo, effleura la sienne avec une douceur infinie. Elles se joignirent ensuite pleinement dans un baiser lascif, qui fut suivi d’un autre, puis d’un autre et encore un autre…

C’était si bon, songea Lars en savourant ces lèvres si addictives. Il ne pouvait d’ailleurs plus s’en passer, il voulait s’en délecter encore et encore. Il finit par se retourner en gémissant, attrapa la nuque de Leo pour approfondir leur baiser et s’emparer de sa langue. Son Chaton grogna contre sa bouche, tout en l’enlaçant plus étroitement.

Il était encore tout habillé. Et Lars dut se faire violence pour ne pas lui arracher tous ses vêtements. Il mourait d’envie de l’avoir nu contre lui, caresser sa peau, s’enivrer de son odeur boisée, l’embrasser partout, il voulait sentir son érection contre la sienne…

Il en avait désespérément besoin pour tempérer le feu qui grondait désormais en lui. Ce n’était plus du sang qui coulait dans ses veines, mais de la lave en fusion, elle enflammait tous ses sens. Comme à chaque fois, embrasser Leo, le toucher… tout cela l’électrisait comme jamais auparavant. Son adorable Chaton le consumait d’un désir ardent.

C’était d’une intensité incroyable. A la fois terrible et merveilleux.

Un petit gémissement s’échappa de sa gorge lorsque les mains de Leo glissèrent dans son dos, pressèrent ses hanches, se plaquèrent sur ses fesses, collant davantage leurs corps frémissants. Oui… comme ça… Des frissons de volupté transpercèrent Lars de toute part sous ses fougueuses attentions, sa peau se couvrit de chair de poule.

Il gémit à nouveau contre la bouche de son petit Chat. Puis n’en pouvant plus, il se recula légèrement pour tirer sur la ceinture de son jean trempé.

— Enlève-moi tout ça, haleta-t-il d’une voix presque suppliante.

Leo ne réagit pas, trop occupé à déguster le creux de son cou. Il léchait avidement sa peau ruisselante avec une sensualité monstre. Pendant ce temps, ses mains ne cessaient de le caresser partout. Ses gestes étaient à la fois doux et sauvages. Lars se frotta contre lui en geignant sans retenue. Par les Dieux, c’était si bon ! Mais ce n’était pas assez.

— Leo… tes vêtements… retire-les, s’il te plaît, insista-t-il, la respiration désormais anarchique. J’ai besoin de… je te veux nu… contre moi…

Tout en parlant, Lars tenta de défaire sa ceinture, mais ses gestes étaient maladroits tant il tremblait d’impatience et d’excitation. Leo finit par s’écarter pour satisfaire sa requête. Le souffle court, il se déshabilla rapidement, dévoilant enfin son corps finement musclé. Lars le couva d’un regard brûlant de désir. Ses yeux dévorèrent chaque centimètre carré de sa peau tatouée, ils s’attardèrent sur sa virilité divinement dressée rien que pour lui.

Son adorable petit Chat… il était si beau. Outrageusement magnifique.

— T’es magnifique, babe, murmura ce dernier d’une voix rauque, comme en écho à ses pensées. Il le fixait de ses deux émeraudes avec intensité, pendant que ses doigts effleuraient sa bouche, s’aventuraient vers sa mâchoire, sa nuque.

Lars se laissa faire, sans un mot ni un geste. Leo continua de le toucher tout en le dévisageant toujours aussi intensément. Il se mordillait la lèvre, ses yeux brillaient d’une myriade d’envies contradictoires : désir, curiosité, hésitation, appréhension…

Pendant ce temps, ses paumes glissèrent à nouveau dans le cou de Lars, descendirent le long de ses épaules, ses clavicules, ses bras. Lars ferma les paupières, il inspira son odeur boisée si enivrante, tout en savourant pleinement ses caresses si délicates et aériennes.

Si merveilleuses.

La respiration haletante, il attendit la suite. Embrasse-moi encore, aurait-il voulu gémir, mais il se retint. Il ne voulait pas le brusquer et encore moins l’effrayer. Leo avait le choix. Même si Lars espérait ardemment qu’il le choisisse, lui, et non la fuite.

C’est avec soulagement qu’il accueillit sa bouche lorsqu’elle s’écrasa sur la sienne en un baiser impatient. Lars laissa échapper un soupir de bonheur en nouant ses bras autour de son cou. Leurs lèvres se dévoraient avidement, tandis que leurs corps nus et humides se frottaient l’un contre l’autre avec ferveur.

— Putain, babe, grogna Leo entre deux baisers. Tu m’excites tellement, bordel !

Lars agrippa ses cheveux pour toute réponse. Il mordilla ses lèvres et suça goulûment sa langue, tel un affamé. Son petit Chat l’excitait tellement aussi ! A tel point que de simples baisers suffisaient pour lui faire perdre tous ses moyens. Et comme si ce n’était pas déjà assez, Leo le saisit soudain par les cuisses et le souleva sans effort. Lars poussa un petit cri de surprise et de félicité lorsqu’il se retrouva plaqué entre son corps et le mur.

Perdu dans un brouillard d’excitation, Lars ne répondit plus de rien. Il enroula ses jambes autour de la taille de son Chaton, pressant leurs sexes raides de désir. Ce dernier poussa un gémissement étranglé. Une divine musique que Lars voulait écouter en boucle.

Le souffle chaotique, il ondula du bassin, avide d’encore plus de contact. Contre toute attente, Leo suivit son mouvement, frictionnant leurs deux sexes, d’abord timidement, puis avec ardeur. Bientôt, leurs corps s’agitèrent frénétiquement, parfaitement synchrones et perdus dans un plaisir pleinement partagé.

Ils se frottèrent lascivement l’un contre l’autre, sans cesser de s’embrasser et se caresser dans des gestes désordonnés. Leurs halètements de plaisir résonnaient en écho dans la cabine, se perdirent dans les clapotis de l’eau qui continuait de couler sur leurs peaux en feu.

Propulsé au septième ciel, Lars rejeta la tête en arrière, lèvres entrouvertes. Un geignement de bonheur en sortit alors que Leo donnait un coup de bassin plus violent.

— Mon Chaton, attends… je vais… haleta-t-il, mais Leo l’acheva d’un ultime assaut avant même qu’il ne puisse finir sa phrase. L’orgasme le submergea avec la force d’un raz de marée et Lars se liquéfia de plaisir dans les bras de son petit Chat si merveilleux.

Ce dernier jouit à son tour en jurant d’une voix rauque, la bouche perdue dans son cou. Des pics de luxure traversèrent Lars de toute part lorsqu’il sentit le corps de Leo se crisper contre le sien et que ses ongles s’enfoncèrent dans ses hanches.

C’était si bon de le sentir prendre autant plaisir… avec lui. C’était magique.

Ils restèrent entrelacés pendant encore plusieurs secondes. Puis son adorable petit Chat finit par le déposer au sol. Il le garda cependant contre lui, le visage toujours enfoui dans le creux de sa gorge. Lars le sentit inspirer profondément, comme s’il se gorgeait de son odeur. Son souffle roulait doucement sur sa peau frémissante, ses lèvres s’y posèrent ensuite avec légèreté, lui arrachant un petit soupir de bien-être.

— Et maintenant ? souffla Leo en l’embrassant paresseusement dans le cou.

Lars ne répondit pas. Il se contenta de caresser sa nuque du bout des doigts, attendant de reprendre son souffle, de retrouver un rythme cardiaque normal, mais surtout le temps de reprendre ses esprits. Leo lui faisait complètement perdre la tête. Ses baisers et ses caresses balayaient tout sur leur passage : les problèmes, les obligations, l’angoisse, la peur… Ne restait plus que ce besoin vital de le sentir contre lui, de l’avoir en lui.

Lars se sentait si bien dans ses bras. Il voulait encore y rester un peu avant de revenir à la dure réalité de sa vie pourrie. Il le fit lever la tête pour croiser ses iris verdoyants.

— Embrasse-moi encore, s’il te plait, murmura-t-il finalement.

Joignant les gestes à la parole, il attira son visage à lui, pressé de retrouver la chaleur de ses lèvres tellement délicieuses et réconfortantes.

— Tout ce que tu voudras, babe, répondit son petit Chat avant de s’emparer de sa bouche.

Il était si doux et fougueux ! Lars ferma à nouveau les yeux en le serrant très fort contre lui. Il s’abandonna tout entier au bien-être que leur étreinte lui procurait. Oublié Ørjan et les problèmes, Leo était tout ce qui comptait à cet instant précis.

Le reste pouvait aller au diable.

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