L'amour dans le silence
Je t’écris sans savoir si tu liras ces lignes. Peut-être qu’elles se perdront, comme tout ce que je n’ai jamais su te dire. Mais je dois les poser quelque part, ces mots qui me brûlent doucement depuis des années.
Tu sais, je t’ai aimé dès le premier regard. Pas de cette manière fulgurante et bruyante qu’on voit dans les films. Non. C’était autre chose. Un élan profond, silencieux, une certitude sans éclat. Une volonté, oui. Celle d’être près de toi. Même de loin.
Je me souviens de chaque moment passé à tes côtés. Des rires partagés, des silences qui ne demandaient pas à être comblés. Et de ce soir-là, sur le banc près du fleuve. Tu m’avais parlé d’elle. De cette fille dont tu tombais amoureux sans oser le dire. Tu souriais, tu semblait heureux. Et moi, je t’écoutais.
Tu n’as jamais su que ce soir-là, mon cœur s’est brisé sans faire de bruit, en criant.
Mais j’ai choisi de rester. D’être là. Toujours, de ne plus te lâcher. Même si tu ne regardais jamais dans ma direction de la façon dont je rêvais. J’ai attendu. Une attente douce, patiente. Pas celle qui réclame ou qui exige. Non. Une attente amoureuse, celle des âmes discrètes.
Il y a eu d’autres personnes dans ma vie. J’ai tenté d’aimer ailleurs. J’ai voulu me convaincre qu’un cœur ne bat pas pour une seule personne. Que l’amour, ça se décide. Que ça se construit. Mais toi, tu étais là, toujours, comme une lumière derrière la porte. Et tout me ramenait à toi.
J’ai vécu avec ce vertige. Celui de t’aimer sans espoir, sans promesse, mais avec une tendresse inaltérable. Un amour secret, infini, calme. Comme un fleuve profond.
Aujourd’hui, je pars. Pas loin. Mais loin de toi. Il faut que je renonce. Parce que t’aimer dans le silence, c’est s’oublier un peu trop.
Le dénouement, tu vois, ce n’est pas une fin. C’est un passage. Je ne veux plus t’attendre. Je ne veux plus espérer un regard. Je veux apprendre à m’aimer autant que je t’ai aimé.
Et pourtant… il y a toujours cette passion au fond de moi. Elle ne brûle plus comme avant. Elle luit doucement, comme une braise qu’on ne souffle plus. Elle ne demande rien. Elle dit juste : "Je t’ai aimé. Vraiment. Et c’était beau."
Voilà la vérité. Elle tient en une phrase : j’aurais tout donné pour un seul baiser de toi.
Mais aujourd’hui, je choisis de ne plus me taire pour moi, même si c’est trop tard pour nous.
Je t’embrasse dans le silence.
Et je m’en vais.
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