3.2.2 Tenir sa promesse

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Comme promis à ma douce tante, lorsque je rentre pour les vacances d'automne, je lui raconte tout ce que je sais sur Oliver. Ce que j'ai vu, les ragots des filles, les discussions entre mecs que j'ai surpris, ce que Maeve ressent via le lien télépathique sous couvert de soi-disant confidence d'Oliver à Horace la nuit que j'aurais entendu.

J'ai même pris quelques photos de mon cousin que je lui donne. Ma tante est surprise. Elle se méfie un peu. Les deux derniers mois sans moi pour la protéger l'ont rendue craintive. Je me dois de la rassurer, de lui rappeler combien je tiens à elle.

- J'aime Oliver. Comme un frère. Tu as toujours été gentille avec moi, maternelle. Je ne te veux aucun mal. Ni à toi, ni à Oliver ni à mon oncle. Je ne peux rien faire contre la Reine-mère. Mais quand elle n'est pas là, je peux faire en sorte que personne ne te fasse de mal tata. Tant que tu ne le dis à personne. C'est notre petit secret.

Tata me remercie et m'embrasse sur le front. Elle accepte que je lui parle de Charline. Je ne dis pas le prénom de fille. Je lui dis juste que c'est une fille de ma classe, mais pas Louise ou Maeve. Tata soupçonne Sarah d'être mon coup de cœur. Ma tante me donne des conseils pour draguer. Elle me fait rire. Oliver a tellement de chance, il ne s'en rend pas compte. Sa maman est formidable.

Je me confie à elle en toute liberté. Ma tante ne me juge pas, ne me critique pas. Elle me conseille avec bienveillance et douceur, que ce soit que les sentiments amoureux que j'éprouve ou sur mes autres tracas. J'évoque mon amitié secrète sans évoquer clairement Maeve, ou les aspects étranges des filles qui me rendent bien incapable de comprendre Louise parfois. Calmement, parfois, en riant, parfois, en étant sérieuse, Tata me renseigne sur les états émotionnels que traversent les demoiselles.

Nous blaguons sur la complexité du cerveau féminin sans a priori. Je comprends pourquoi Tata manque tant à Oliver. Elle est si douce, patiente et pédagogue. Un peu trop tactile pour un adolescent normal, Tata me régale de se câlins et démonstrations affectueuses, moi qui n'ai pas connu l'amour maternel depuis ma naissance. Je rattrape mon retard en quelque sorte. Je compense l'absence d'Oliver de mon mieux pour que Tata souffre moins.

Je permets à ma tante de me parler librement de ce qu'elle pense du statut des sangs purs, des mangemorts, des moldus et de Voldemort. Elle ne me juge pas et m'explique son point de vue. Elle est même surprise de me voir l'écouter avec autant d'intérêt et de bienveillance. Un soir, elle me donne même envie de pleurer de joie quand Tata me dit qu'elle est fière de mon ouverture d'esprit à l'égard des moldus. Elle est fière que j'ai su garder mon esprit indépendant malgré mon éducation familiale.

C'est si rare que quelqu'un soit fier de moi, avec autant de sincérité. Je la serre fort dans mes bras, comme un fils ferait un câlin à sa maman. Tata me rend mon étreinte avec douceur et me caresse les cheveux, tendrement, affectueusement. Je me fais la promesse à ce moment-là de ne jamais laisser qui que ce soit même Bellatrix lui faire du mal.

Tata me demande comment j'ai fait pour résister à la pression familiale. Je lui avoue que j'avais accepté le moule qu'on m'avait conçu jusqu'au jour où j'ai rencontré Maeve et son caractère particulier. Pour la première fois, je mets des mots clairs et précis sur l'affection fraternelle que j'éprouve pour Maeve, Louise et Oliver.

Retour à Poudlard. Boosté d'avoir vu Tata, je compte bien tenir la promesse que je lui ai faite. Si j'ai rempli la première partie du contrat, c'est-à-dire donner des nouvelles d'Oliver à Tata et à mon oncle, il me faut maintenant m'occuper de la seconde partie. Rassurer mon cousin. Avec l'aide de Louise, je fais en sorte de parler d'une sortie dans des boutiques de luxe avec ma tante en ayant Oliver à proximité.

Parlant un peu fort, je le laisse entendre que sa mère est toujours en vie et se porte bien et qu'elle a un excellent goût vestimentaire. J'ai d'ailleurs une nouvelle garde robe pour le confirmer. Je montre des photos de mes essayages, où ma tante, et même mon oncle sont visibles dans un coin. J'oublie les photos sur la table basse et m'éloigne, pour qu'Oliver puisse les voir. Je ne crois pas qu'il a compris mon petit jeu. Peu importe. Il sait que ses parents vont bien. C'est l'essentiel.

Oliver va beaucoup mieux depuis que Maléfique l'a secoué avec une vision. Son moral est en hausse. Il est redevenu le premier au classement. Je le connais assez pour savoir ce qu'il a en tête. Il me suffit de le regarder pour comprendre qu'on partage le même besoin d'exploser sa sale face de rat à Carrow. La colère et la rage sont parfois de bons vecteurs pour se dépasser et atteindre notre but.

Oliver engrange un maximum d'informations, pour apprendre à se battre et à se défendre et gagner en force magique. L'entraînement à la défense est assuré par ses excellentes disputes avec Maeve. Cette chipie envoie des sorts tels une mitraillette sans même les prononcer. Il faudra qu'elle m'apprenne un jour.

Je décide d'aider moi aussi Oliver à lancer des sorts. Je ne lui fais plus de cadeaux lors des duels en cours. Je ne peux pas exprimer toute ma magie. Mais quand je suis en face de mon cousin, je peux lancer des sorts plus puissants et le forcer à utiliser davantage sa magie et son instinct.

Oliver devient vraiment bon en duels. Deuxième ou troisième à chaque fois. La seule fois où il a fini premier, c'est quand Maeve a décidé de s'incliner face à Horace. Cette chipie a refusé de se battre contre son grand frère adoré et a déclaré forfait sans même lever sa baguette, le qualifiant d'office pour le prochain tour.

Tout le monde a crié au scandale en riant, Maeve finissant toujours première d'habitude. En plus, ce sale gosse a lancé un sort de protection qui a tenu durant les trois duels suivants d'Horace. Le professeur n'a pas réussi à contrer cette triche honteuse.

En duel, je suis quatrième en général, rarement cinquième. Je reste au pied du podium. Alice est juste devant moi. Parfois devant Oliver, mais cela est rare. Je ne dois pas montrer tout mon potentiel. Je sais que je suis quasi aussi bon qu'Oliver. Je devrais être second ou troisième. Devant la rouge et or. Faire paraître Alice POTTER plus forte que Benoît LESTRANGE, c'est parfait pour rassurer les autres.

Bien que je doive adoucir ma puissance, je refuse obstinément de m'incliner devant Rodrigue Weasley, l'éternel cinquième. Louise et Maeve me disent que c'est une histoire de testostérone et de compétition masculine. Elles ont sûrement raison.

Dans chacun de mes hiboux, je n'oublie pas de parler des exploits scolaires d'Oliver. Sa première place dans quasiment toutes les matières, les sorts qu'il maîtrise à la perfection, le savoir qu'il ingurgite. Je fais semblant de m'inquiéter de le voir passer son temps à la bibliothèque à fouiner sur les contre-sorts et sur la lutte contre la magie noire. Je vante à demi-mots son incroyable capacité de déduction pour trouver les livres pertinents, qu'en réalité Maeve et moi lui donnons.

Bellatrix m'interroge et frémit à l'idée que mon cousin devienne plus savant et plus puissant chaque jour. Plusieurs professeurs rentrent dans mon jeu sans le savoir en comparant Oliver à des élèves de dernières années. L'espion de Bellatrix lui reportant les mêmes faits que moi, Bellatrix cherche à tout prix à couper cette soif d'informations.

Je la titille en l'accusant à mots couverts d'avoir créé cette situation en utilisant les parents d'Oliver. J'arrive presque à la faire culpabiliser et regretter ses actes. Ce n'est pas aussi clair dans ses propos puisqu'elle accuse l'incompétence de Carrow et des autres sbires, toutefois, je perçois dans ses hiboux qu'elle n'a pas l'esprit tranquille.

L'entraînement sportif auquel s'astreint Oliver pour se défouler et se vider l'esprit est un autre prétexte pour augmenter les tourments de Bellatrix. J'augmente sa résistance physique et sa capacité mentale à endurer la souffrance. Je fais de mon cousin adoré un véritable soldat d'élite.

On est très loin de la réalité certes, cependant, puisque je parle d'entraînements secrets que j'ai surpris, de situations dans le secret de notre chambrée et d'autres trucs invérifiables, Bellatrix est obligée de me croire sur parole.

Je soupçonne mon oncle, et même ma tante de rajouter des éléments pour approuver mes dires. D'après les lettres de Bellatrix, les parents d'Oliver auraient confirmé le coté obstiné, héroïque, et profondément altruiste de leur fils.

En bon-papa, mon oncle valide la puissance et le savoir de son fils. En bonne-maman, ma tante idolâtre son fils et le croit être le sauveur du monde. Je sais que c'est sincère et donc Bellatrix ne peut douter de leurs paroles.

Le seul cours où Oliver n'est pas premier, c'est en Lutte contre les défenses du mal, en raison des duels. Nous nous faisons tous battre à plate couture par Maeve. Avec l'accord de mon amie, je fais étalage de sa puissance, supérieure à chacun de nous et terrorisant les professeurs. Maeve est la seule capable de battre Oliver, et ce, sans se fatiguer.

Ses violentes disputes avec Oliver et les démonstrations de magie qui s'en suivent sont de parfaits exemples de la suprématie de Maléfique. J'invente des preuves d'utilisation à distance de sorts par ma petite chipie. Bellatrix veut Maléfique dans ses rangs. Si je ne connaissais pas aussi bien mon arrière-grand-mère, je croirais à de l'orgueil maternel.

En réalité, Bellatrix veut plus de puissance au service de son Seigneur. Maeve est l'être le plus puissant jamais rencontré par Bellatrix. Plus puissant qu'Albus Dumbledore, le seul qui effrayait Voldemort. Jamais elle n'avouera, Maeve est plus puissante à treize ans que fut son cher Seigneur à son apogée.

Je fais donc croire au rejet de Maeve, pour que Bellatrix la pense du côté de la magie blanche. Les nombreux câlins qu'elle fait à Horace, le côté licorne de Charline sont d'autant de preuve qui terrorise Bellatrix. Bien sûr, Maeve se dispute avec Oliver.

Elle le protège aussi. Elle est venue le chercher au manoir Lestrange. Le dôme de protection autour de la maison d'Horace et le Sectum Sempra à distance subi par Carrow sont autant de preuves de l'allégeance au bien de Maeve.

Je fais mine de craindre l'association de mon cousin et de Maeve. J'évoque leur duo luttant contre le Seigneur ou moi, la possibilité de défaite cuisante. Bellatrix cherche à me rassurer et tente de me conseiller pour apprivoiser Maeve. Je me réjouis de pouvoir me montrer plus sympa avec la bénédiction de la folle. Elle m'encourage même à émettre des propos bienveillants envers des sangs mêlés.

Je continue ma reconversion sociale. Louise est si heureuse de me voir lui faire des déclarations de tendresse sincères et cette fois, pas pour une blague envers les autres. Mes potes sont eux-mêmes surpris de m'entendre les complimenter et les féliciter. C'est sûr que ça change de mon ancien ton méprisant et dégradant. Je suis tellement heureux de pouvoir me montrer amical.

J'ai cru que ces andouilles allaient faire une attaque le jour où j'ai tendu la main pour aider à se relever à une sang-de-bourbe de première année qui s'était fait bousculer. Le plus amusant, c'est leur tête au moment où j'ai lancé un crache-limaces sur le bourreau de l'enfant.

Moi, Benoît Lestrange défendre quelqu'un ? Une sang-de-bourbe en plus? Aux yeux de Bellatrix, je faisais cette démonstration pour amadouer Maeve qui était présente dans le couloir. En réalité, j'ai empêché Maeve de cramer un pauvre idiot de sang pur.

Je multiplie les démonstrations de quasi gentillesse. Maeve ne peut pas se montrer proche de moi. Toutefois, au grand plaisir de Bellatrix, Maeve montre un presque intérêt, une surprise quand à mes agissements alors qu'elle fait semblant d'ignorer superbement Oliver. Mon pauvre cousin se prend des vents magistraux . Aucun doute Maléfique est une bonne comédienne.

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