5.1.2 Cure de sommeil

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Cette année, les professeurs de Poudlard ont eu une idée saugrenue. Nous faire tirer au sort le nom d'un camarade de promotion pour lui offrir un cadeau modeste. C'est assez marrant comme principe. Je participe à la bonne humeur générale et accepte de jouer le jeu.

Le hasard me fait tomber sur Benoît. Vu que c'est réciproque, j'ai quelque doute si une chipie n'a pas forcé le destin. Peu importe, j'oublie mes inquiétudes, rancœurs et sombres idées. Benoît a aidé Maman. Je réfléchis à un présent sympa et dans le budget.

Je me torture l'esprit quelques jours quand j'ai soudain une illumination en voyant Louise et Maeve vider les poches remplis de bonbons de Benoît. J'envoie un hibou à Maman qui m'expédie aussitôt ma commande. Un énorme paquet de caramels au beurre salé. La sucrerie préférée de Benoît quand on était gamin.

L'immense sourire qui traverse son visage au moment où il ouvre son présent me confirme mon choix. Ce petit geste semble faire plaisir à mon cousin qui tente de protéger son paquet de la gourmandise des deux filles. Quand j'ouvre mon cadeau, je ne peux m'empêcher d'éclater de rire. Benoît me fait un clin d'œil à notre enfance lui aussi. Pas la partie la plus noble, notre période caca boudin avec de la pâte à prouts.

Forcément, tous les mecs retombent en enfance et veulent me la piquer. Un joyeux bordel s'en suit qui fait fuir les filles. Les mecs sont totalement hors contrôle et partis dans une vague de conneries impressionnante. Une seule demoiselle reste, pour se moquer de nous, mon petit canard.

Deux bonnes heures d'âneries masculines se déroulent. À un moment, alors que je suis plus calme et reprend mon souffle dans un coin, Maeve s'approche de moi. Elle me tend un téléphone moldu. À voix basse, mon petit canard m'explique que le téléphone sonnera le vingt-cinq dans la journée. Ce sera mon cadeau de Noël de sa part. Je dois faire en sorte d'être près de Maman quand je décrocherais. Maeve s'en va sans plus d'explications. Je garde le précieux objet près de moi.

Le vingt-cinq décembre, aux alentours de quinze heures, la sonnerie retentit. C'est un appel en visio. Je décroche et rejoins Maman. Je n'en crois pas mes yeux. J'ignore où il est, Papa est de l'autre coté du téléphone. Sans Impero et libre de parole. Nous n'avons pas beaucoup de temps, des mages noirs ne sont pas loin. J'entends Maeve et Benoît pas très loin qui semblent guetter les alentours.

L'appel est assez bref. C'est principalement Maman qui parle. J'ai le cœur serré d'émotions. Papa va bien. Il confirme la protection de Benoît à son égard. Maeve a tenu parole. J'ai des nouvelles de Papa. Je ne pouvais pas espérer mieux vu le contexte. C'est le plus beau cadeau de Noël que je pouvais recevoir.

Papa ne peut pas rentrer sans nous mettre Maman et moi en danger. Cependant, avec l'aide de Benoît, il est dans un lieu sur, et peux continuer de détourner l'attention des mages noirs. Il est nourri et traité correctement. Mis à part Benoît, tout les mangemorts le croient sous Impero et ne lui font aucun mal. Il n'a pas pu nous en dire plus. Il va bien et il nous aime. Il rentrera dès que possible. C'est le plus important.

Je débute la nouvelle année regonflé à bloc. Mon humeur est excellente et je me détends enfin un peu. Je vise toujours la perfection, cependant, je m'autorise quelques pauses débiles avec mes potes pour décompresser. Je ne suis pas le seul qui relâche la pression.

Depuis le début de la cinquième année, j'entends même mon cousin rire comme un gosse. Le rire qu'il avait quand nous étions gamins et faisions des bêtises. Je l'ai surpris à plusieurs reprises à avoir des gestes délicats et tendres envers Maeve et Louise. Une fois, dans la salle commune des Serpentards, Maeve faisait l'andouille avec Louise. Benoît était hilare.

Défié par les deux filles, je le vis se lever et entamer une valse en se mettant un livre sur la tête. Cela tourna vite à la chamaillerie enfantine. Les filles lui faisaient des croches pieds pour le faire tomber ou bien elles le bousculaient. Ils finirent tous les trois par terre avec un fou rire sous les yeux incrédules de tous les Serpentards présents. Benoît ne nous avait pas habitués à une telle ignorance du qu'en dira t'on.

Lorsque mon cousin se releva, son sourire me fit à la fois du bien et du mal. Du bien parce que malgré nos différents, il est mon cousin et je tiens à lui. Du mal, car j'étais triste d'avoir perdu notre complicité. Il croisa mon regard. Je vis le même voile de tristesse que je ressentais à cet instant. Je me demande s'il a changé. J'ai envie d'aller vers lui, mais toutes ces histoires de Voldemort me freinent.

Vadrouillant dans les couloirs comme à mon habitude, je croise Maeve qui se dirige vers le septième étage. Je la suis pour voir où elle va. Je pense avoir une petite idée. Quand elle fait apparaître la pièce sur demande, je laisse échapper un petit cri de satisfaction. J'ai vu juste. Cependant, je me suis fait repérer.

Maeve ne s'offense pas et rigole. Elle me fait signe de la suivre. Je rentre donc, m'attendant à trouver une salle de danse comme la dernière fois. Je suis surpris en découvrant une pièce sombre, aux murs matelassés noirs. Un lit très simple, avec des draps noirs eux aussi. On dirait une cellule d'isolement pour personne souffrant mentalement, mais entièrement noire.

Maeve enlève ses chaussures puis se glisse dans le lit, sous les draps. Elle se fait une tresse rapide pour discipliner ses cheveux et s'allonge. Je me rapproche, cependant, elle fait en sorte de prendre toute la place pour que je ne puisse m'asseoir. Elle m'a montré la pièce, mais ne veut clairement pas de moi.

- Je viens ici pour dormir. Vu que tu m'interdis mon bosquet et que je ne veux pas squatter ton plumard.

- Ok... Maeve tu vas bien ? La pièce est si... triste.

- ...

- Maeve ?

- Je dors très mal. Parfois, mes cauchemars sont si violents que j'ai peur de faire du mal aux filles. Alors, je viens ici pour qu'elles soient en sécurité.

- D'accord. Je vais te laisser dormir alors. Mais si tu as besoin de quoi que ce soit, viens me voir. Même si on vient de s'engueuler, si ça ne va pas, viens me voir.

- Ok. Bonne aprem Oliver.

- Bon aprem Maeve.

Je ressors de la pièce avec un sentiment mitigé. La chambre était si sombre. Je suis inquiet pour le moral de Maeve. Pourtant, elle semble heureuse avec Benoît. Ce lieu était glauque. Maeve semblait si triste en parlant de ses cauchemars. Je n'ai pu m'empêcher de voir les cernes qui continuent de se former sous ses yeux.

Je me dis que j'aurais dû lui parler, faire quelque chose. J'ignore quoi. De toute manière, Maeve a été polie, mais m'a bien fait comprendre que ma présence était indésirable. J'ai un sentiment de colère et de frustration ainsi que de culpabilité. C'est assez étrange.

Je recroise Maeve quelques heures plus tard. Sa mine fatiguée me fait penser qu'elle n'est pas parvenue à dormir. Je n'ai pas le temps de lui parler. Un professeur me demande mon assistance pour porter des livres dans sa classe. Je suis obligé de le suivre et perds de vue mon petit canard.

Depuis la mi-janvier, le professeur Bordial donne de drôles de cours aux mecs de Serpentards. Je ne suis pas trop les discussions. Ca parle de drague et de sexe. C'est le cadet de mes soucis. Je suis présent, les cours étant quasi-obligatoires, toutefois, je ne fais acte de présence que pour avoir la paix. Je révise mes vrais cours dans un coin.

Le seul point positif de cela, c'est que les enseignantes femmes étant moins proches de leurs élèves que le professeur Bordial, l'assistance de la mère d'Horace et de Maman a été requise pour les demoiselles. Ainsi, deux fois par semaine, les deux femmes viennent prendre le thé dans le dortoir des filles.

Charline est aux anges. Horace et moi râlons pour la forme, cependant, nous sommes bien contents de voir nos mères régulièrement. Surtout qu'elles nous ramènent de la bouffe à chaque fois. Les filles les adorent. Maman m'avoue que nous subissons des cours d'éducation sexuelle de façon détournée. J'en rigole pendant deux jours. C'est une bonne chose que cette bande d'ados en pleine ébullition hormonale puisse profiter des conseils d'adultes bienveillants.

Sarah m'apprend que Maeve sèche les cours, de peur de mettre la mère d'Horace dans l'embarras vis-à-vis de la situation. Je sais qu'elle en profite pour tenter de dormir dans la salle sur demande. Espérons que cela lui permette de se reposer un peu.

Fin janvier, tandis que nous nous rendons en cours, Maeve qui me précède dans les escaliers, s'évanouit soudain et j'ai tout juste le temps de la rattraper. Je la conduis à l'infirmerie qui la déclare en état de fatigue extrême. L'infirmière veut lui faire boire divers breuvages que Maeve vomit aussitôt.

La soignante s'éloigne pour trouver une nouvelle mixture. Je prends la main de Maeve, inquiet. Je tente de capter son regard, elle détourne les yeux, mal à l'aise. Je sens mon petit canard prête à faire une grosse colère. Je dois trouver le moyen pour la calmer très vite si je ne veux pas voir l'infirmerie dévastée.

- Je... Voulais te dire merci pour le coup de fil du vingt - cinq. Tu m'a fait un incroyable cadeau. Dis-moi si quelque chose te ferait plaisir pour te rendre la pareille.

- Je ne veux pas de ses mixtures infâmes. Je veux juste dormir. J'ai simplement besoin de sommeil. Je n'y arrive pas. J'ai peur de fermer les yeux et de faire du mal à quelqu'un.

Maeve est nerveuse, au bord des larmes. Les meubles commencent à bouger dangereusement. Je ressens sa tension qu'elle peine à contrôler. Sa main tremble dans la mienne. Elle serre les dents et le poing de l'autre main.

- Et si je reste avec toi ? Dors et si tu commences à faire de la magie bizarre, je t'envoie un sort pour te neutraliser.

Maeve se retourne alors vers moi d'un air étonné. Elle me regarde comme si j'étais fou. Je lui fais un grand sourire. Ma phrase est très maladroite et peut prêter à confusion. J'espère qu'elle va comprendre ce que je veux dire.

- Si tu restes, je ne ferais pas de magie bizarre. Je... Ne fais pas de cauchemars quand tu es avec moi.

Maeve murmure. Je ne suis pas sûr qu'elle ait vraiment bouger les lèvres. Elle m'a peut-être parlé mentalement. J'ai ressenti de la peur et une immense tristesse. Je serre sa main pour la rassurer et lui indiquer que je ne partirais pas. Quand l'infirmière apporte sa nouvelle mixture, j'aide Maeve à la faire disparaître pour que la soignante nous lâche.

De mon autre main, je ferme les paupières de mon petit canard pour la forcer à dormir. Je reste auprès d'elle toute la journée. Dès que les cours se terminent, je vois toute la bande de Benoît défiler pour prendre des nouvelles d'elle. Ils sont tous très inquiets et semblent tenir à elle. Le plus angoissé est Benoît, qui se tranquillise un peu en sachant que Maeve somnole depuis quasiment six heures.

L'infirmière veut me renvoyer à mon dortoir et réveille Maeve. Malgré les protestations de la femme, mon petit canard sort de l'infirmerie et couverte de la cape de Benoît, regagne la salle commune des Serpentards. Elle a encore des cernes sous les yeux. Je sais qu'elle attend qu'on dorme pour aller à la pièce sur demande.

Je patiente un peu le temps que les gars et les filles soient dans un profond sommeil. Je quitte le dortoir Serpentard et attends Maeve au septième étage. Elle grimace en me voyant. Je ne lui laisse pas le choix.

- Puisque tu ne fais pas de cauchemars quand je suis là, alors je dors avec toi cette nuit et n'essaye pas de me piquer la couette, je saurais me défendre. Et dorénavant, on viendra ici au moins deux fois par semaine pour que tu te reposes suffisamment. Je n'admettrais aucune contestation.

Je pénètre dans la cellule d'isolement morbide et m'allonge sur le côté dans l'étroit lit. Maeve rentre à son tour dans la pièce et se dandine. Le lit s'agrandit permettant à deux personnes de se côtoyer. Elle vient se coucher loin de moi. Je la tire contre mon corps d'un bras en l'emprisonnant. Nous nous réveillons tous les deux en milieu de matinée le lendemain. Heureusement qu'on est samedi.

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