Zeus et les garçons

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Nous suivons Jérémie dans le couloir qui mène aux vestiaires. De simples bancs le long d’un mur, hormis une cabine individuelle proche des casiers, on se croirait au lycée.

— Sérieux, Jérem, pourquoi nous as-tu emmené à la piscine ? J’ai pas de maillot de bain ! dit Zach avec des yeux tout ronds.

— J’ai pas l’impression que ça soit une piscine…dis-je en plaisantant.

— Bon les gars, relax. Je vous sens stressé. Vous n’êtes jamais allés dans un sauna ?

— Heu… Non ! répondons-nous.

— Votre serviette autour de votre taille, et le tour est joué. Allons nous détendre, on en a bien besoin, annonce Jérémie, ravi de sa surprise.

Zach me dévisage, pas du tout convaincu. Il déplie la serviette, un petit sachet s’en échappe et tombe sur le carrelage.

— C’est bien ce que je crois, une capote et du gel ? dit-il en rougissant.

— Le cadeau de bienvenue… Après le totem en bois sur les t-shirts d’Etienne, nous avons droit à la banane et ses deux noix de coco. Décidément, on est servi ! dis-je à la limite d’exploser de rire.

— Tu vas pas t’y mettre toi aussi, Manu. Tu me parais bien joyeux d’un seul coup. Tu étais au courant qu’on venait ici ? Désolé les mecs, je crois que ma place n’est pas ici.

— Fais pas la gueule, ça va être marrant, dis-je.

Cette journée est juste du grand n’importe quoi. Entre le réveil laborieux de ce matin, le vol de mon sac, un Jérémie à double visages, mon Zach parachuté ici et notre course pour échapper à Karl, je ne sais plus où j’habite. Être ici est improbable, et si c’était un signe pour lâcher prise totalement ?

Ce petit malin de Jérémie joue de la situation, c’est évident. Je devrais lui en vouloir et pourtant, je n’ai qu’une envie, c’est de l’embrasser. Oui, le remercier du fond du cœur pour mettre de la légèreté dans cette affaire qui est en train de nous dépasser. Ce qu’il a prévu pour mon père me fait peur. Je suis en train de faire de la grosse merde. Mais ma colère envers lui l’emporte sur ma raison. Elle est là qui bouillonne. Je ne sais pas comment m’en défaire, l’impression d’être avalé dans une tornade dans laquelle je ne pourrais jamais sortir. J’ai essayé d’appeler Olivier au téléphone pour en savoir plus sur ce que mon père aurait dit au sien, mais il n’a pas répondu.

J’ai envie de me mettre en pause, de me laisser porter. Aller dans un sauna, je n’aurais jamais osé y entrer seul. Je serais stupide de me priver de matter des mecs comme Zeus ou Apollon. Et surtout, scanner plus aisément Zach dans son plus simple appareil. Il nous fusille du regard.

— Vous faites chier, les mecs. Vous m’en voudrez pas, je prends la cabine, j’ai besoin d’un peu d’intimité pour me changer.

On se regarde avec Jérémie, amusés d’une telle réaction. Dans les vestiaires du lycée, Zach n’était pas spécialement pudique, mais se retrouver dans ce lieu le déroute manifestement. Je ne dis pas que je suis aussi à l’aise que Jérémie. Lui, a déjà viré ses fringues devant moi sans aucun souci. Il est très bien foutu en plus, ce qui ne gâche rien. Nos regards se croisent, aussitôt je me déshabille en regardant mes pieds, pour éviter de rougir. Manu, fais pas ta mijaurée une fois de plus ! Je pense que l’expérience du cul nu sur la plage avec Fabrice va me rendre les choses plus faciles. Je range mes affaires dans un des casiers et enfile ma serviette autour de la taille. Zach finit par sortir de la cabine, avec la sienne. Jérémie lui propose de lui montrer l’astuce pour bien l’attacher, mais il refuse en le foudroyant du regard. Son ami d’enfance se retient de rire et préfère nous demander de le suivre.

*

Nous avons pris une douche rapide (Zach s'est empressé de fuir dans la cabine individuelle), et nous voilà à présent à déambuler dans l’établissement de bain. Il n’y a absolument personne. Jérémie nous propose de commencer directement par le hammam. Celui-ci est recouvert de mosaïques orientales du sol au plafond. Les couleurs chaudes et bleutées contrastent avec la décoration de palmiers et plantes tropicales artificielles. L’éclairage tamisée contribue à plonger le visiteur dans une ambiance de détente et de bien-être. Sans plus attendre, Jérémie fait tomber sa serviette, descend les premières marches d’une large piscine éclairée et entame quelques mouvements de brasse. Son buste en v et sa paire de fesses rebondies est un délice des yeux. Je lance un regard à Zach pour lui indiquer mon envie de me mettre aussi à l’eau, mais il me fait comprendre qu’il préfère marcher autour du bassin. Inutile d’insister, autant le laisser y aller à son rythme.

Je défais l’attache de ma serviette, la pose sur le rebord et me glisse à mon tour dans l’eau. Elle est chaude et enveloppante. Mon corps se relâche aussitôt, à croire qu’il n’attendait que ça. Jérémie m’accueille avec un grand sourire en se rapprochant de moi.

— Alors, qu’est-ce que tu en penses ?

— La kiffance totale. Zach, viens, elle est super chaude !

Il nous fait un signe à l’autre bout de la piscine qu’il n’a pas envie mais que tout est ok pour lui.

— Il fait la tronche ? me demande Jérémie.

Je hausse les épaules.

— C’est dingue, on a la piscine pour nous, il n’y a pas un chat ce soir on dirait !

— C’est le début des vacances, et il est encore tôt.

Je fais un tour sur moi-même pour admirer les lieux.

— Il y a deux saunas et des espaces de détente plus tranquilles. Tu vas adorer.

— Je ne suis pas sûr que Zach soit du même avis.

— Il sait qu’avec moi, il n’est pas au bout de ses surprises… Et puis, je me suis dit que ça pourrait te faciliter les choses avec lui. C’est ma façon à moi de me rattraper de t’avoir mis dans une situation inconfortable lorsque tu es arrivé en ville cet après-midi.

Je le regarde, à la fois reconnaissant et intrigué.

— C’est l’endroit rêvé pour que Zachary admire ton corps d'athlète. Il m’a dit que tu faisais du volley. Le sport te réussit admirablement bien.

Evidemment son compliment me fait rougir.

— C’est sans arrière pensée, Manu, ok ?

— Merci. Mais, tu sais pour Zach, je ne me fais pas d’illusion. Il vient de quitter sa meuf et avec toute cette histoire, je crois que…

— Stooop ! On est ici uniquement pour se détendre, alors profite.

— Mais j’y pense, il n’y a jamais eu de Karl à nos trousses, où je me trompe ?

Il sourit et me coupe avant que je ne puisse dire quoi que ce soit.

— Game over !

— Très bien Jérémie, dans ce cas, je la ferme, je vais faire quelques longueurs.

— Moi, je vais voir ce que fabrique notre Zach. À tous les coups, il nous a lâchement abandonné pour profiter en solo du jacuzzi.

*

La nage m’a fait énormément de bien. Je commence à perdre la notion du temps, tellement je me délasse. Deux hommes âgés viennent de rentrer dans la piscine. Comme moi, ils doivent apprécier la température de l’eau dont la surface est recouverte à présent d’une fine couche de vapeur. Je reste tout un moment ici avant de me décider d’aller explorer les lieux.

Je commence par longer un couloir faiblement éclairé. De chaque côté, des cabines individuelles cachées par des portes persiennes coulissantes. J’aperçois dans l'une d'elles un homme. Il semble endormi. Je poursuis mon chemin et trouve le sauna. Je prends une douche froide rapide avant de rentrer à l’intérieur. La chaleur sèche me saisit. Je m’assois sur les lattes et m’adosse à la parois en bois. Je reconnais la douceur d’huile essentielle d’ylang-ylang qui se diffuse délicatement autour de moi. Ma respiration ralentit. Je sens déjà les gouttes de vapeur couler sur mon torse. L’ambiance nébuleuse de la pièce est si agréable. Je ferme simplement les yeux, je n’ai plus la force de bouger.

*

J’ai dû m'assoupir. Je ne l’ai pas vu arriver, il est en face de moi. Le corps lascif de Zach qui me dévisage. La réticence que j’avais pu lire dans ses yeux a complètement disparu. Il semble enfin détendu. Nous nous sourions, nos corps libérés de toute tension. Je trouve la force de me lever pour verser un bol d’eau sur un bloc de pierres. La température augmente sensiblement. Zach me remercie d’un hochement de tête. Je me déplace dans le coin de la pièce et continue de le regarder à travers la vapeur opaque. Il est si beau, comme ça avec ses cheveux mouillés, son visage ruisselant, et son corps transpirant. Ce qui devait arriver se produit, je commence à bander. Je prie pour que ma serviette cache mon érection. Je vois son bassin bouger sensiblement. Il écarte légèrement ses jambes, les mains entre ses cuisses. J’ai envie de croire qu’il est dans le même état que moi. Pour tenter de me calmer, je ferme les yeux. Je ne fais plus aucun geste. Le temps se dilate.

Je sens sa présence à mes côtés, sa jambe bientôt contre la mienne. Sa main vient se poser sur ma cuisse. Elle est brûlante. Tout mon corps s’électrise. Je n’ose pas ouvrir les yeux, de peur de briser la magie de l’instant. Il finit par la retirer et vient défaire délicatement ma serviette. Pris au dépourvu, ma respiration s'accélère. Savoir qu’à présent il est obligé de constater mon érection me fait durcir encore plus. Je préfère rester les yeux fermés, car c’est un mélange de honte et d’excitation qui m’envahit.

Sa main à présent se referme sur mon sexe et commence sans délais des allers-retour. Putain, j’y crois pas, je suis en train de me faire branler par mon beau Zach. Je le remercierai jamais assez d’avoir osé franchir le pas. Mon plaisir est plus qu’intense. Ma verge pulse à donf sous sa main douce et ferme. Je n’ai jamais été excité comme ça. La perspective d’être surpris redouble mon excitation. Je sens que ça monte sévère en moi. Heureusement il décide de s’arrêter, car je ne sais pas si j’aurais réussi à me contrôler plus longtemps pour ne pas jouir. Je reprends mon souffle. Je sens qu’il change de position. Est-il en train de s’agenouiller devant moi ? Je n’ose pas ouvrir les yeux pour vérifier et affronter son regard. Il écarte mes cuisses, enveloppe mes couilles d’une main, tire doucement dessus et reprend là où il s’est arrêté. Puis, sans que je m’y attende, je sens l’humidité de sa bouche sur mon sexe. Oh putain, cette fois-ci c’est carrement l’éclate totale ! Je me délecte de cette sensation qui ravive mes premiers souvenirs avec Alexis. Contrairement à lui, sa langue est plus précise et intuitive dans ses mouvements. Elle parcourt toute ma bite, s’arrête sur mon gland, ce qui me donne une tonne de frissons. Mes mains sont cramponnées aux lattes du siège en bois. Je suis dans un état tel que s’il continue comme ça, c’est le feu d’artifice assuré. Pour le prévenir, je lui sussure de faire une pause. Mes yeux s’ouvrent à demi. Le visage de Zach a disparu.

— Maël, qu’est ce que tu fais là…

il pose son doigt sur sa bouche et me fait un clin d'œil. Bêtement, je cache mon sexe avec mes deux mains.

— Je t’avais promis de me faire pardonner. Je ne peux pas décemment te laisser dans cet état, tu ne crois pas ?

Je bafouille un “je croyais que c’était” sans pouvoir finir ma phrase, parce que mon excitation est à son comble et que ce mec suce divinement. Et puis merde à la fin ! Je cède à mes pulsions en lui faisant signe qu’il peut reprendre ses activités. Ravi, il ne se fait pas prier. Il ne me faut pas moins d’une minute avant de lui dire que cette fois-ci, j’en peux vraiment plus. Sa bouche se retire, vient lécher mes bourses, et sans que je puisse me contrôler davantage, c’est l’éruption grandeur king size qui se déverse autour de moi. Je sens même quelques gouttes sur mes épaules.

— Et bah, on peut dire que tu ne fais pas semblant !

— Je suis désolé, je t’en ai foutu sur ta joue.

— Ne t’excuses pas, ce fut un vrai régal, me dit-il avant de venir déposer un baiser sur ma bouche.

Maël se lève et, sans dire un mot, quitte la cabine. Il me laisse planté là, la bite à l’air, essayant de réaliser ce qui vient de se passer. La combo gagnante : gros kiff et épuisement total. J’ai juste le temps de renouer ma serviette autour de la taille, qu’un mec entre et vient s'asseoir. Je quitte les lieux, passe à la douche. L’eau est glaciale, mais me fait du bien. J’y reste quelques minutes. Besoin de retrouver mes esprits. Un sentiment de culpabilité me saute dessus. Zach. Je n’ai aucun compte à lui rendre, et pourtant, c’est comme si je l’avais trahi. Je viens de tout gâcher. Suis-je pathétique pour autant ? La soirée avait si bien commencé, inutile de la gâcher en culpabilité inutile. Ce qui est fait est fait. J’espère juste que Maël saura tenir sa langue.

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