「Été」

Une minute de lecture

À l’ombre des feuilles, nous sommes seules à voir fleurir les glycines et les orangers. Nous oublions la souffrance dans la quête du vide et par la prière, au temple – et nous tentons de rompre un destin brisé, négligeant parfois la respiration et la nourriture. Ce qui nous est parfaitement optionnel. Les pores de notre peau filtrent l’air pour nos parties organiques et les batteries de H-ULTRA-glucose assurent une maintenance de près de soixante jours en rationnement standard. Les moines nous entretiennent régulièrement et certains, même, vénèrent la statue que nous sommes devenues quand les orphelins se bagarrent à nos pieds. Aucun n’ose nous toucher. Nous les voyons tous vieillir et s’éteindre dans l’Unité. Nous cherchons à comprendre et, plus nous cherchons, plus nous nous perdons dans cette vacuité.

Pourtant, c’est ton cyberphantom à travers les nuées nanostatiques qui nous éveille :

La lune au-dessus de Tsutsuji-no-Saki est brillante :

Organisez un banquet complet à partir de demain.

Comme tout le monde vise la capitale,

Élevez-vous comme un nuage,

Guerriers Takeda, Guerriers Takeda !

Ta petite pogne serre nos doigts griffus. Nous nous souvenons alors de la chaleur humaine. Nous ne pouvons oublier cette minuscule silhouette avec un fusil dans son dos. Tu es pourtant devenu si grand. Quand se taisent les cigales, nous aimons le chant du salpêtre et du souffre des festivals. Fragile créature, tu baguenaudes le nez en l’air quand vrombissent les pales des libellules en chasse.

Tu combles nos fêlures et nos cicatrices avec l’or insouciant de ces êtres qui narguent l’impermanence du monde – et par ce geste, tu nous rends immortelles.

Ô toi qui pousse droit vers le ciel, peut-être verras-tu l’Oiseau Rouge ; mais seules brillent les lucioles nucléaires chez nos pupilles météores. Tu ne verras jamais l’éclosion des lys de résurrection. Iels nous emmènent au loin, jusqu’à la mer puis s’ouvrent la gorge d’un trait net pour que les Gaijins ne nous refondent. Avant notre mise en veille, nous jurons de te venger.

L’acier-feu pleut encore.

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