Préoccupé, il déambule dans les rues secondaires, loin de la populace, et le carillon sonne alors qu’il s’approche de l’église.

Des rires à l’intérieur. Il pousse l’immense portail aux chapiteaux sculptés, lourd de tant de souvenirs, notamment son mariage, le plus beau jour de sa vie. Une ribambelle de mômes turbulents lui court entre les pieds et s’échappent vers la lumière. Quel toupet ! Aucun respect pour les aînés, la politesse se perd.

Un jeune prêtre s'avance vers lui:

― Bonjour Monsieur, puis-je vous aider ?

― Merci mais je venais juste me recueillir un instant.

Il s'installe sur un vieux banc et observe un moment l'orgue luisant, les fresques monumentales, les vitraux éclatants. Son œil détaille la vieille dame mais son esprit ne parvient pourtant pas à s’apaiser. Être accueilli ainsi, dans la demeure du Seigneur, par un inconnu, comme s'il entrait dans une grande surface, non décidément il ne reconnaît plus son village... L’énervement grandit.

Lorsqu’une troupe de touristes s’agglutine bruyamment en ce lieu sacré, il sort en catimini, bien décidé à rentrer chez lui.

Au carrefour, face au pont de briques, la terrasse des habitués du bar, ayant pignon sur rue, ne désemplit pas. Il scrute la cohue mais ne discerne aucun visage familier. Tant pis, l'apéro attendra, et puis de toutes façons, il est encore un peu tôt pour le verre de blanc.

Il cherche son vélo, heureusement toujours cadenassé à côté du solide platane, à la même place depuis des lustres. Rassurant.

La chaîne rouillée grince un peu, il faudrait qu'il s'en occupe.

Il manque de se faire emboutir par un camion devant la Halle, par oubli du cédez-le passage nouvellement installé, pour attiser les discussions. Le pompon.