Ça ne suffit pas

de Image de profil de LSLS

Avec le soutien de  - - -, Renard . 
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Ce que j’ai préféré ? Le début : je l’ai énucléé délicatement, je lui ai arraché son nez grotesque d’un geste gracieux, j’ai pris tendrement sa grosse tête ridicule dans mes deux mains nues et froides, je souriais d’un sourire chaleureux, presque amoureux, un sourire prometteur de baiser, un sourire qui se crispa un instant sous l’effort, puis devint triomphal quand comme un trophée je soulevai la tête détachée…

La suite fut moins satisfaisante, le piétinement final était celui d'un gosse en colère ; rageur, maladroit, inabouti, un geste sans grâce ni panache.

Cela m’a-t-il soulagé ? Un peu, sur le moment…

Trois semaines que je bossais comme un dingue, ne comptant pas mes heures, polissant chacune des phrases, veillant à ce que chaque détail de chaque image soit parfait… À la fin de ma présentation, je voyais bien dans le regard de Jacques que j’avais enfin réussi à l’étonner, à lui montrer ce que je valais… Didier a alors pris la parole :

— Oui, c’est bien sympa tout ça, c’est léché, travaillé, mais vraiment — excuse-moi, Thierry, on est là pour se parler franchement, non ? — , mais vraiment qu’est-ce que c’est pataud, je sais pas comment dire, apprêté, guindé, engoncé… Tout ça manque de vie, de naturel, c’est petit bourgeois… c’est… vieux… voilà c’est le mot, vieux, anachronique, obsolète… ça sonne terriblement vingtième siècle… t’en penses-quoi, Jacques ?

— Vingtième siècle, trop drôle, Didier… mais oui, t’as mis le doigt sur ce qui cloche… écoute Thierry, t’as fait du bon boulot, je le reconnais, mais ça ne colle pas, tu le vois bien… je n’ai pas le temps là, je te laisse réfléchir à tout ça, demande à Didier, il t’aiguillera… allez, bon courage, on fait un point vendredi à 10h.

La destruction de ton con de bonhomme de neige ne me suffit pas, oh non, Didier, elle ne suffit pas… C’était juste un prélude, même pas, un simple échauffement…Tu auras bientôt l’occasion d’apprécier à sa juste valeur ma créativité et mon sens artistique… Ensuite, Jacques, ton tour viendra.

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Table des matières

En réponse au défi

À la trace… [ ou la violence anodine ]

Lancé par - - -

Bonjour à tous.

Ceci est le premier défi que je lance. L'idée m'en est venue en faisant ma pause quotidienne il y a peu. Récit.

Hier, il a assez neigé pour réaliser de jolis bonhommes de neige. C'est assez rare là où je vis pour qu'il s'agisse d'un événement. J'avoue, j'aime bien ces "bonzommes", je trouve qu'ils proposent de partager un sourire, un petit instant de presque poésie. J'ai profité de ma pause pour en réaliser un : deux boules superposées, deux graviers pour les yeux, une paille pour situer et évoquer la bouche. Rien de prétentieux. Un peu inutile puisque la terrasse est très peu fréquentée, mais j'aime ces petits plaisirs, et même pour un ou deux hypothétiques sourires passants, ça me suffit pour enrichir mon propre plaisir enfantin. Je bonhomme est à l'écart du chemin, je le laisse à sa solitude et je reparts heureux. Ensuite, je l'oublie.

Pause ce matin, terrasse ensoleillée, la neige a totalement fondu sauf là-bas — « À mais oui, mon bonhomme au fait ! » — une tache blanche sur le goudron humide. La densité de la neige fait son effet congélateur, bien sûr. Par contre, du bonhomme, il ne reste en fait que des débris. Une grosse trace de pied d'adulte s'affiche au milieu de la bouillie.

La violence en général, la violence extrème, je ne suis pas équipé pour la comprendre, je n'essaye pas. Mais là, cette "petite" violence, je devrais pouvoir. Même pas. C'est un handicap dans mon écriture parce que passer son temps à raconter les aventures des gentils, ça limite beaucoup le registre.

Aussi me suis-je dit que vous pourriez peut-être me montrer ? Histoire que je me regarde en partant de vos réponses, si je me découvre une aptitude, même petite, à entrer en empathie, comprendre comment ça se déroule dans un cerveau "normal" ? (Oui, je dis "normal" parce que je pense qu'à ce niveau là, c'est moi qui ai un problème. Shooter dans une boule de neige, ce n'est pas un crime.)

Voilà donc la consigne : en utilisant le "je", imaginez la scène vue par le "coupable".

Pas d'autre consigne. Pas de genre, bien sûr. Essayez, si vous voulez-bien, de toucher juste, sans carricature ni manichéisme. Sur le pouquoi, comment l'idée arrive, la sensation, l'émotion ressentie.

Et si vous avez l'imagination visuelle, vous pouvez jetter un œil sur la scène de non-crime, ici :

http://ftp.i10.fr/_agence/_didier/_drop/b.jpg

Merci de m'avoir lu jusqu'ici. Je suis impatient de vous lire.

Commentaires & Discussions

Ça ne suffit pasChapitre13 messages | 6 ans

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